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GIACOMETTI. 12 L.A.S. À ALICE HIRSCHFELD, 1931-1944. CORRESPONDANCE INÉDITE À UNE AMIE DE JEUNESSE (21 P.).
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描述
- Lettres autographes signées à son amie Alice Hirschfeld. Paris, Stampa ou Maloja 1931-1944.
Ensemble de 12 lettres (en 21 pages : 3 pages in-4, 15 pages in-8 et 3 pages in-12 dont une carte postale illustrée, entre 275 x 210 et 140 x 90 mm). Signées "Alberto G." Belle correspondance inédite à sa "chère Alice", une amie de jeunesse, dans laquelle l’artiste se montre, comme bien souvent, torturé et mécontent de son travail. Les lettres sont écrites soit de Paris, soit de la vallée natale de Giacometti, dans les Grisons, où il retourne régulièrement. Il se plaint et s'avoue de mauvaise humeur : "Je travaille ou mieux je ne travaille presque pas, il me serait difficile de dire ce que je fais, probablement non pas rien" (23 septembre 1931). "Il m’est impossible de vous écrire quelque chose d’ici ou ce que je fais, je n’en sais absolument rien moi-même. Il ne me reste que me… taire" (7 octobre 1931). "Mon travail avance très lentement, j’étais toute la journée à l’atelier à faire et défaire les mêmes choses et demain ça recommencera". Après l’un de ses séjours en Suisse, il s’est arrêté à Monte Carlo "un endroit extraordinaire pour un après midi au moins ! J’ai failli y aller pour faire un ballet russe mais après ça ne me disait plus rien et tant mieux ! J’ai passé depuis mon arrivée ici des journées très désagréables. J’étais de plus mauvaise humeur que jamais et je rajais [sic] ! Vous voyez, vous n’êtes pas seule à avoir le cafard ! […] le résultat de ça c’est qu’enfin je travaille de nouveau et que j’ai commencé plusieurs nouvelles choses. Je ferai une exposition seul ce printemps [à la galerie Pierre Colle, au mois de mai 1932]". Le 8 juillet 1933, il évoque le décès récent de son père, le peintre Giovanni Giacometti : "Je ne peux arrêter ma pensée sur rien, je cours d’une chose à l’autre, d’un souvenir ici à un fait là, les jours passent avec une vitesse impressionnante et je cherche à retrouver du terrain sous mes pieds". Toujours insatisfait, Giacometti travaille cependant : "j’ai commencé de nouvelles sculptures que je pense exposer ce printemps. En dehors de ça une vie effroyablement perdue, je m’ennuie beaucoup et souvent grande envie de sortir de cet état. […] Je ne sors presque jamais le jour et le soir je rencontre des amis presque toujours les mêmes ! J’ai perdu tout contact avec des femmes ce qui n’arrange pas les choses ! Je ne les vois ou ne les trouve plus aucune part, je ne sais pas combien de temps cet état de choses va durer ! c’est bien désagréable et plus que ça. Alors je travaille à une femme en plâtre qui sera assise sur un espèce de trône et qui aura des yieux merveilleux, avec la tête d’un animal endormi à coté c’est à peu près tout ce qui m’occupe réellement en ce moment et qui rend la vie à peu près supportable !" Cette sculpture sera le fameux L’Objet invisible, l'une de les sculptures surréalistes les plus importantes. La première de ces lettres présente quelques lignes de la main d’Ottilia, la benjamine de la fratrie des Giacometti qui épousa Francis Berthoud, médecin et alpiniste. Elle devait mourir en 1937 après avoir accouché d’un petit garçon Silvio, tragédie annoncée dans la lettre datée du 20 octobre 1937. Et dans la dernière, écrite de Maloja mais non datée, Giacometti évoque encore sa famille, sa mère s’occupant seule du petit Silvio alors que son frère Diego est souvent dans les montagnes avec leur beau-frère Francis. Suisse également, Alice Hirschfeld (1903-2011) avait rencontré Giacometti lors d’un séjour familial à Maloja. Les deux jeunes gens s'apprécièrent et eurent de longues conversations sur l'art et Hegel. "She was able to appreciate his speculations and enjoy his dialectical turn of mind. Perhaps their parents imagined, or hoped, that the two young people might have intentions as serious as their conversations. But Alberto could not bring himself to make advances. He shied away from commitment." (J. Lord, Giacometti, a biography). Aussi, si leur relation ne semble pas avoir dépassé le stade de l'amitié, Giacometti profita souvent de ses passages à Genève ou à Zurich pour revoir cette amie chère. Provenance : Alice Hirschfeld.