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[ARTAUD] -- CHAMPIGNY. 2 LETTRES INÉDITES À ARTAUD, 1931.

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1,500 - 2,500 EUR
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描述

  • [Artaud, Antonin] -- Irène Champigny
  • 2 lettres tapuscrites signées à Antonin Artaud. Mézels, [29 mars] et [début avril] 1931.
  • ink on paper
5 p. in-4 (2 p. papier pelure jaune (271 x 211 mm) et 3 p. (280 x 221 mm) sur un bifeuillet. Dactylographies à l’encre rouge et bleue. Signées "Champigny". Corrections et, pour la première, ajout d’un post-scriptum manuscrit.

Artaud en proie à la douleur : longues lettres inédites.



En 1931, exclu du surréalisme et du monde du théâtre, Artaud voit sa santé se dégrader : la médecine traditionnelle ne semblant pas le soulager et son médecin, le Dr Toulouse, refusant de lui administrer des traitements plus lourds, il se tourne vers les médecines parallèles et consulte divers médiums, voyantes, graphologues et thaumaturges (à la même période, il songe même à un film sur la sorcellerie et les sciences occultes). Le 25 mars, il avait envoyé une mèche de cheveux à Irène Champigny -- écrivain et poétesse, amie de Robert Denoël, qui s’était retirée dans le Lot où elle vivait de ses dons de graphologue -- pour qu’elle consulte pour lui une guérisseuse dont elle lui avait vanté les talents (Œuvres, Quarto, p. 322 ; lettre vendue par Sotheby’s, 22 mars 2007, lot 153). 



[29 mars] 1931. Suite à la lettre d’Artaud du 25 mars, elle va envoyer la mèche de cheveux à la guérisseuse, mais demande tout de même qu’il détaille son état : la guérisseuse est "devineresse… mais de loin, avec une seule mèche de cheveux, le fluide magnétique n’est pas aussi fort que de près. […] Artaud, ne désespérez pas ; le corps ne peut plus lutter quand l’esprit lâche, ne vous abandonnez pas ; vous avez trop d’âme pour ne point sentir que l’on peut vivre avec la douleur."
[Début avril] 1931. L’exemplaire du Moine qu’il lui a envoyé lui est bien arrivé. Elle retranscrit pour Artaud la lettre qu’elle a envoyée à son amie rebouteuse, où elle lui présentait Artaud : "C’est un être [Artaud] qui a tellement besoin de secours. Bien mieux que du talent, c’est du génie qu’il aurait s’il n’était depuis des années les trois quart du temps à moitié fou de douleur ; c’est un écrivain qui ne peut écrire beaucoup du fait de son état. […] il dit que dans ses douleurs, il sent son cervelet se désagréger." La graphologue continue : "Artaud est un mystique, j’en suis certaine ; il y a plusieurs années en lisant son écriture je lui avait dit qu’il n’y avait de recours pour lui que dans la Trappe." Elle dresse un portrait réaliste, sans détours : "il est cynique et passe parfois pour méchant ; il dit des choses atroces, comme un démon".



Provenance : Jean-Marie Conty (1904-1999), voir lot 65.



Référence : Fl. de Mèredieu, C’était Antonin Artaud, Fayard, 2006, p. 432-433.