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APOLLINAIRE, GUILLAUME. LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE À LOU, 10 JANVIER 1915. CONTENANT UN POÈME AUTOGRAPHE.
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10,000 - 15,000 EUR
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描述
- Apollinaire, Guillaume
- Lettre autographe à Louise de Coligny-Châtillon (Lou), contenant un poème autographe. 10 janvier 1915.
- ink on paper
4 p. in-4 (208 x 132 mm) sur 2 feuillets. Papier ligné, à en-tête imprimé du Café Tortoni. Lettre signée "Gui", elle est adressée à "Mon Lou adoré".
Infimes déchirures et infimes restaurations à l'adhésif aux pliures.
Belle lettre, comportant un célèbre et long poème à Lou.
"Je t’adore mon Lou et par moi tout t’adore".
Après une période à Nice où Apollinaire et Lou se sont vus quotidiennement de septembre à novembre 1914, Apollinaire, lassé de ses dérobades, part à Nîmes le 6 décembre pour rejoindre le 38e régiment d’artillerie de campagne en tant qu’élève-brigadier. Vexée par son départ, elle le rejoint et devient sa maîtresse. Quand il écrit le 10 janvier à son “Lou adoré”, il vient de passer avec elle à Nice sa permission du jour de l'an, moment considéré comme le point culminant de leur amour. Dans cette lettre, il espère que Lou reviendra le voir à Nîmes comme elle l’avait fait en décembre. Il évoque son passage du concours d’élève officier de réserve : “Ce matin suite du concours. Les mathématiques. Naturellement j’ai séché sur toute la ligne, on n’a pas idée de demander des math. à un poète.” Il sera pourtant admis deux jours plus tard. Il vient de manger une fougasse qui lui rappelle celles mangées avec elle à Grasse (en nov.-déc. 1914) lors d’un rendez-vous qui fut un moment passionnel intense. Il a visité une chambre en ville qu’il imagine pour eux deux : "tu pourras prendre l’eau à la cuisine, il y a les waters, si la cuisine n’est pas louée tu pourras t’en servir". Il remercie Lou pour sa lettre, et rêve d’une nouvelle extase : “Je t’adore, je te mange de baisers, je te désire de toutes mes forces. Je voudrais te prendre.”
Comme bien souvent dans les lettres qu’il adresse à sa bien-aimée, la seconde partie de la lettre est un long poème où il évoque sa “flamme” :
“Je t’adore mon Lou et par moi tout t’adore
Les chevaux que je vois s’ébrouer aux abords
L’appareil des monuments latins qui me contemplent
Les artilleurs vigoureux qui dans leur caserne rentrent
Le soleil qui descend lentement devant moi
Les fantassins bleu pâle qui partent pour le front pensent à toi”
Le poète tente de conjurer l’absence de Lou par l’évocation de son désir, qui se mêle à son quotidien à Nîmes :
“Un monsieur près de moi mange une glace blanche
Je songe au goût de ta chair et je songe à tes hanches
À gauche lit son journal une jeune dame blonde
Je songe à tes lettres où sont pour moi toutes les nouvelles du monde
Il passe des marins la mer meurt à tes pieds
Je regarde ta photo tu es l’univers entier
J’allume une allumette et vois ta chevelure
Tu es pour moi la vie cependant qu’elle dure.”
Lou ne viendra plus à Nîmes et ils se revoient en mars 1915 à Marseille lors d’un rendez-vous qui les déçoit. Apollinaire et Lou restent amis, mais il ne la possédera plus que de manière épistolaire comme vont en attester les lettres quotidiennes du front, dont l’érotisme tient plus au manque de la présence féminine qu’à l’amour. Madeleine Pagès, rencontrée dans le train le 2 janvier 1915, prendra rapidement la place de Lou dans le cœur du poète (voir lot 56).
Références : Correspondance générale. Édition de V. Martin-Schmets. Champion, 2015, II, n° 666, p. 40 et sq. -- Œuvres poétiques, Pléiade, 1965, p. 385-386.
Infimes déchirures et infimes restaurations à l'adhésif aux pliures.
Belle lettre, comportant un célèbre et long poème à Lou.
"Je t’adore mon Lou et par moi tout t’adore".
Après une période à Nice où Apollinaire et Lou se sont vus quotidiennement de septembre à novembre 1914, Apollinaire, lassé de ses dérobades, part à Nîmes le 6 décembre pour rejoindre le 38e régiment d’artillerie de campagne en tant qu’élève-brigadier. Vexée par son départ, elle le rejoint et devient sa maîtresse. Quand il écrit le 10 janvier à son “Lou adoré”, il vient de passer avec elle à Nice sa permission du jour de l'an, moment considéré comme le point culminant de leur amour. Dans cette lettre, il espère que Lou reviendra le voir à Nîmes comme elle l’avait fait en décembre. Il évoque son passage du concours d’élève officier de réserve : “Ce matin suite du concours. Les mathématiques. Naturellement j’ai séché sur toute la ligne, on n’a pas idée de demander des math. à un poète.” Il sera pourtant admis deux jours plus tard. Il vient de manger une fougasse qui lui rappelle celles mangées avec elle à Grasse (en nov.-déc. 1914) lors d’un rendez-vous qui fut un moment passionnel intense. Il a visité une chambre en ville qu’il imagine pour eux deux : "tu pourras prendre l’eau à la cuisine, il y a les waters, si la cuisine n’est pas louée tu pourras t’en servir". Il remercie Lou pour sa lettre, et rêve d’une nouvelle extase : “Je t’adore, je te mange de baisers, je te désire de toutes mes forces. Je voudrais te prendre.”
Comme bien souvent dans les lettres qu’il adresse à sa bien-aimée, la seconde partie de la lettre est un long poème où il évoque sa “flamme” :
“Je t’adore mon Lou et par moi tout t’adore
Les chevaux que je vois s’ébrouer aux abords
L’appareil des monuments latins qui me contemplent
Les artilleurs vigoureux qui dans leur caserne rentrent
Le soleil qui descend lentement devant moi
Les fantassins bleu pâle qui partent pour le front pensent à toi”
Le poète tente de conjurer l’absence de Lou par l’évocation de son désir, qui se mêle à son quotidien à Nîmes :
“Un monsieur près de moi mange une glace blanche
Je songe au goût de ta chair et je songe à tes hanches
À gauche lit son journal une jeune dame blonde
Je songe à tes lettres où sont pour moi toutes les nouvelles du monde
Il passe des marins la mer meurt à tes pieds
Je regarde ta photo tu es l’univers entier
J’allume une allumette et vois ta chevelure
Tu es pour moi la vie cependant qu’elle dure.”
Lou ne viendra plus à Nîmes et ils se revoient en mars 1915 à Marseille lors d’un rendez-vous qui les déçoit. Apollinaire et Lou restent amis, mais il ne la possédera plus que de manière épistolaire comme vont en attester les lettres quotidiennes du front, dont l’érotisme tient plus au manque de la présence féminine qu’à l’amour. Madeleine Pagès, rencontrée dans le train le 2 janvier 1915, prendra rapidement la place de Lou dans le cœur du poète (voir lot 56).
Références : Correspondance générale. Édition de V. Martin-Schmets. Champion, 2015, II, n° 666, p. 40 et sq. -- Œuvres poétiques, Pléiade, 1965, p. 385-386.
Condition
Infimes déchirures et infimes restaurations à l'adhésif aux pliures.
"In response to your inquiry, we are pleased to provide you with a general report of the condition of the property described above. Since we are not professional conservators or restorers, we urge you to consult with a restorer or conservator of your choice who will be better able to provide a detailed, professional report. Prospective buyers should inspect each lot to satisfy themselves as to condition and must understand that any statement made by Sotheby's is merely a subjective, qualified opinion. Prospective buyers should also refer to any Important Notices regarding this sale, which are printed in the Sale Catalogue.
NOTWITHSTANDING THIS REPORT OR ANY DISCUSSIONS CONCERNING A LOT, ALL LOTS ARE OFFERED AND SOLD AS IS" IN ACCORDANCE WITH THE CONDITIONS OF BUSINESS PRINTED IN THE SALE CATALOGUE."
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