GAUGUIN. LE SOURIRE. N° 2, 19 SEPTEMBRE 1899. RARE EXEMPLAIRE, IMPRIMÉ À 25 OU 30 EXAMPLAIRES.

4 pages in-folio (342 x 248 mm) sur un bifeuillet. Titre gravé "Le Sourire" sur la page commençant par "Il est naturel de dire ceci" et cachet rond gravé sur la page portant le nom du gérant "Paul Gauguin". 6 dessins autographiés et 2 bois (Monogramme PGO et titre Le Sourire).
Papier effrangé en bordure avec petites déchirures et quelques manques dans la marge inferieure et petites déchirures à la pliure dus à la fragilité extrême du papier.



L'aventure de Paul Gauguin journaliste à Tahiti.
N°2 de ce journal satyrique écrit, illustré et imprimé par Gauguin, très rare.



Cette publication a paru à Tahiti d' août 1899 à avril 1900 et comprenait 12 numéros.



Comment Gauguin devint journaliste à Tahiti
Ce fut d'abord et avant tout pour gagner de l'argent. Parti en 1895 une deuxième fois de Paris pour les îles polynésiennes, cette fois-ci pour ne plus en revenir, Gauguin connaît les pires heures de sa vie tahitienne au début de l'année 1899. Désespéré, malade, alcoolique, seul et miséreux, gagnant sa vie en travaillant avec une bande de cantonniers pour six francs par jour, il est de plus en plus mal vu par les colons et l'administration française. Dans ce Tahiti aux horizons splendides mais bornés, il s'aigrit de ce que la misère l'empêche de travailler : "Très malade et obligé pour trouver un peu de pain, de faire quelques travaux peu intellectuels, je ne peins plus, sauf le dimanche" écrit-il à Maurice Denis.
C'est alors qu'il est approché par un certain Raoulx, qui vient de créer un feuille polémique, Les Guêpes, où il voudrait que l'artiste déchu puisse collaborer. "L'apparition des Guêpes, en mars 1899, est pour [Gauguin] l'occasion favorable de montrer aux personnes qui le méconnaissent et le traitent sans égards qu'il existe et ne craint pas la lutte" (Bouge, p. 10). Le succès des Guêpes, dans un milieu où les distractions étaient fort rares, est immédiat. Gauguin, qui écrivait vite, presque sans rature, devient un polémiste très apprécié de ses lecteurs. Tout en demeurant rédacteur aux Guêpes, il entreprend la publication d'un journal tahitien écrit, illustré et imprimé par lui-même. Ce sera Le Sourire. "J'ai crée un journal Le Sourire autographié, système Edison, qui fait fureur. Malheureusement, on se le repasse, de main en main, et je n'en vends que très peu" écrit-il à Daniel de Monfreid en décembre 1899.



Grandeur et misère du Sourire. Le premier numéro parait le 21 août 1899. Le nombre d'exemplaires pour chaque numéro n'est pas indiqué mais, selon Bouge, celui-ci n'aurait pas dépassé les trente exemplaires. Gauguin a d'ailleurs écrit dans le numéro d'octobre 1899 : "Le Petit Journal tire à un million d'exemplaires et Le Sourire à vingt et un. Ajoutez quatre numéros mais gratis au Dépôt Légal." Chaque numéro est imprimé sur une feuille de papier tissée et pliée pour former quatre pages, les suppléments étant imprimés sur une feuille individuelle. Pour l'impression de son journal, Gauguin utilisa le "Mimeograph Edison", connu en France sous le nom de "Limeograph", appareil de polycopie permettant de reproduire en fac-similé écritures et dessins. "Ce procédé ne permettait la copie que d'un nombre restreint d'exemplaires ; les derniers, malgré de nouveaux enduits d'encre, étaient moins lisibles que les premiers" (Bouge, p. 14). 

Très rare, chaque numéro a été tiré à 25 ou 30 exemplaires.
"La mauvaise qualité du papier utilisé pour l'impression et le tirage très restreint ont fait du Sourire un document d'une très grande rareté. La plupart des auteurs ayant eu à étudier cette production de Gauguin n'ont pu le faire que sur des éléments fragmentaires. La Bibliothèque nationale ne possède aucun exemplaire du Sourire. À notre connaissance, il existe deux collections complètes de ce périodique" (L.-J. Bouge, 1952).   



Gauguin a accordé une grande importance à son journal. Des passages sont reproduits mot à mot dans son recueil Avant et Après. Le Sourire ne fut que de courte durée et cessa de paraître neuf mois après le premier numéro. Gauguin, endetté, préféra assumer dès le mois d'avril 1900 les fonctions mieux rémunérées de rédacteur en chef et gérant des Guêpes. La maladie, l'hospitalisation et le projet de départ pour les Marquises mirent fin, en 1901, à sa carrière de journaliste à Tahiti.



Références : Le Sourire de Paul Gauguin, collection complète en fac-similé. Introduction et notes par L.-J. Bouge. Paris, Éditions Maisonneuve, 1952. -- Mongan, Kornfeld & Joachim, 56 et 57.

Papier effrangé en bordure avec petites déchirures et quelques manques dans la marge inférieure et petites déchirures à la pliure dus à la fragilité extrême du papier.
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