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HAUSER, LIONEL. 11 LETTRES À PROUST. 1909-1918. DACTYLOGRAPHIÉES. SES INVESTISSEMENTS ET SES CONSEILS LITTÉRAIRES.
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- Hauser, Lionel
- Ensemble de 12 lettres dactylographiées signées à Marcel Proust. 15 novembre 1909-11 décembre 1918.
- ink on paper
30 p. in-4, certaines à en-tête de "Lionel Hauser & Cie". Signées "Lionel".
Le coin d’une page manque (16 mai 1918, p. 4) ; une lettre incomplète.
Investissements d’un écrivain et littérature d’un banquier.
Cousins éloignés, Lionel Hauser et Marcel Proust se sont rencontrés enfants, en 1882 chez Louis Weil, le grand-oncle de Marcel. Commencée en 1908, leur correspondance est autant celle d’un banquier, neveu du directeur de la banque Rothschild, que celle d’un ami.
Peu de temps avant la révolution mexicaine, en 1910, Proust a investi dans le tramway de Mexico une partie de l’héritage de ses parents : le 15 janvier 1918, il possède 100 titres d’actions, tous déposés chez Lionel Hauser, mais leur cours baisse cette année-là. Proust se montre très inquiet de la situation au Mexique, ce à quoi Hauser, patient, répond avec humour, le 6 mars 1918 : "n’ayant pas de rapports avec le Président Carranza il m’est impossible de te fixer sur l’avenir immédiat de cette Compagnie". Ces occupations permettent aux deux hommes d’échapper au quotidien de la guerre. Ainsi Hauser se réjouit-il : "l’odyssée de tes dividendes Liebig ornementée de tes images évocatrices de Céleste et Satan, m’a fait passer un bon moment, me faisant oublier le traité de paix de Brest Livotsk [sic]".
En mai 1918, Hauser consulte son cousin au sujet d’un livre qu’il vient d’écrire sur la théosophie appliquée à la société, mais regrette les précautions que Proust prend pour lui livrer son verdict : "Je suis désolé de voir les précautions que tu prends pour m’exprimer une critique au sujet de mon livre. À force de fréquenter les princes de la littérature, tu finis par me confondre avec eux." Cela ne l’empêche pas de discuter les critiques émises par Proust, persuadé qu’il propose à la société entière de "s’engager sur la vraie voie". La conception utilitariste de la littérature soutenue par Hauser, qui admet avoir "peu lu", tend un miroir inversé à la manière qu’a Proust de spéculer, lui pour qui "le nom même des valeurs exerce [...] un charme poétique" (Tadié, p. 619). Les considérations d'ordre littéraire et social n’empêchent pas Hauser d’aider son ami dans la vente de ses actions du tramway de Mexico à la London Bank, qui ne pratique d’abord pas les taux demandés par Proust. Ce dernier ne fait pas preuve de suffisamment d’autorité avec la banque, selon Hauser, qui ne parvient pas à éviter à Proust "la tragédie de [s]es tramways de Mexico" (18 novembre 1918), la banque refusant de restituer les titres sur son compte. Hauser aimerait causer de cela de vive voix, ce qui n’est pas simple, étant donnés le rythme et la santé de Proust : "Je n’insiste pas pour que tu viennes chez nous car nous habitons à un cinquième étage, sans ascenseur, ce qui pour un asthmatique n’est pas le traitement le plus indiqué" (10 décembre 1918).
Têtu, Proust ne suit pas les conseils de Hauser pour assainir ses finances, lui cache même une partie de ses revenus et sera tenté en décembre 1919 de continuer ses spéculations. Voyant ses efforts ruinés par la mauvaise gestion de Proust, Hauser cessera d’être son conseiller en mars 1920.
[On joint :]
3 lettres de la London County & Westminter Bank (Paris) Ltd. 24 mai 1918 (1 p. ; la fin manque), 29 mai 1918 (1 p.), 28 novembre 1918 (2 p.). À propos des titres du tramway mexicain de Proust.
Acte d’achat de titres des Mexico Tramway. 30 avril 1918.
[Anonyme.] Instructions relatives à une vente, à l'intention de Proust.
Références : Kolb, IX, n° 111 ; X, n° 11 ; XVII, n° 14, 47, 97, 99, 101, 102, 105, 199, 207, 209, 213, 218 et 220. -- P.-L. Rey, "Lionel Hauser", in Le Cercle de Marcel Proust, Champion, 2013, p. 115-127. -- G. Balsamo. Proust and His Banker. In Search of Time Squandered. The University South Carolina Press, 2017. -- Rubén Gallo, "Proust's Mexican stocks", in Proust's Latin Americans, Johns Hopkins UP, 2014, p. 73 sq.
Le coin d’une page manque (16 mai 1918, p. 4) ; une lettre incomplète.
Investissements d’un écrivain et littérature d’un banquier.
Cousins éloignés, Lionel Hauser et Marcel Proust se sont rencontrés enfants, en 1882 chez Louis Weil, le grand-oncle de Marcel. Commencée en 1908, leur correspondance est autant celle d’un banquier, neveu du directeur de la banque Rothschild, que celle d’un ami.
Peu de temps avant la révolution mexicaine, en 1910, Proust a investi dans le tramway de Mexico une partie de l’héritage de ses parents : le 15 janvier 1918, il possède 100 titres d’actions, tous déposés chez Lionel Hauser, mais leur cours baisse cette année-là. Proust se montre très inquiet de la situation au Mexique, ce à quoi Hauser, patient, répond avec humour, le 6 mars 1918 : "n’ayant pas de rapports avec le Président Carranza il m’est impossible de te fixer sur l’avenir immédiat de cette Compagnie". Ces occupations permettent aux deux hommes d’échapper au quotidien de la guerre. Ainsi Hauser se réjouit-il : "l’odyssée de tes dividendes Liebig ornementée de tes images évocatrices de Céleste et Satan, m’a fait passer un bon moment, me faisant oublier le traité de paix de Brest Livotsk [sic]".
En mai 1918, Hauser consulte son cousin au sujet d’un livre qu’il vient d’écrire sur la théosophie appliquée à la société, mais regrette les précautions que Proust prend pour lui livrer son verdict : "Je suis désolé de voir les précautions que tu prends pour m’exprimer une critique au sujet de mon livre. À force de fréquenter les princes de la littérature, tu finis par me confondre avec eux." Cela ne l’empêche pas de discuter les critiques émises par Proust, persuadé qu’il propose à la société entière de "s’engager sur la vraie voie". La conception utilitariste de la littérature soutenue par Hauser, qui admet avoir "peu lu", tend un miroir inversé à la manière qu’a Proust de spéculer, lui pour qui "le nom même des valeurs exerce [...] un charme poétique" (Tadié, p. 619). Les considérations d'ordre littéraire et social n’empêchent pas Hauser d’aider son ami dans la vente de ses actions du tramway de Mexico à la London Bank, qui ne pratique d’abord pas les taux demandés par Proust. Ce dernier ne fait pas preuve de suffisamment d’autorité avec la banque, selon Hauser, qui ne parvient pas à éviter à Proust "la tragédie de [s]es tramways de Mexico" (18 novembre 1918), la banque refusant de restituer les titres sur son compte. Hauser aimerait causer de cela de vive voix, ce qui n’est pas simple, étant donnés le rythme et la santé de Proust : "Je n’insiste pas pour que tu viennes chez nous car nous habitons à un cinquième étage, sans ascenseur, ce qui pour un asthmatique n’est pas le traitement le plus indiqué" (10 décembre 1918).
Têtu, Proust ne suit pas les conseils de Hauser pour assainir ses finances, lui cache même une partie de ses revenus et sera tenté en décembre 1919 de continuer ses spéculations. Voyant ses efforts ruinés par la mauvaise gestion de Proust, Hauser cessera d’être son conseiller en mars 1920.
[On joint :]
3 lettres de la London County & Westminter Bank (Paris) Ltd. 24 mai 1918 (1 p. ; la fin manque), 29 mai 1918 (1 p.), 28 novembre 1918 (2 p.). À propos des titres du tramway mexicain de Proust.
Acte d’achat de titres des Mexico Tramway. 30 avril 1918.
[Anonyme.] Instructions relatives à une vente, à l'intention de Proust.
Références : Kolb, IX, n° 111 ; X, n° 11 ; XVII, n° 14, 47, 97, 99, 101, 102, 105, 199, 207, 209, 213, 218 et 220. -- P.-L. Rey, "Lionel Hauser", in Le Cercle de Marcel Proust, Champion, 2013, p. 115-127. -- G. Balsamo. Proust and His Banker. In Search of Time Squandered. The University South Carolina Press, 2017. -- Rubén Gallo, "Proust's Mexican stocks", in Proust's Latin Americans, Johns Hopkins UP, 2014, p. 73 sq.
Condition
Le coin d'une page manque (16 mai 1918, p. 4) ; une lettre incomplète.
"In response to your inquiry, we are pleased to provide you with a general report of the condition of the property described above. Since we are not professional conservators or restorers, we urge you to consult with a restorer or conservator of your choice who will be better able to provide a detailed, professional report. Prospective buyers should inspect each lot to satisfy themselves as to condition and must understand that any statement made by Sotheby's is merely a subjective, qualified opinion. Prospective buyers should also refer to any Important Notices regarding this sale, which are printed in the Sale Catalogue.
NOTWITHSTANDING THIS REPORT OR ANY DISCUSSIONS CONCERNING A LOT, ALL LOTS ARE OFFERED AND SOLD AS IS" IN ACCORDANCE WITH THE CONDITIONS OF BUSINESS PRINTED IN THE SALE CATALOGUE."
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