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PROUST. 5 LETTRES AUTOGRAPHES SIGNÉES À MME GERMAINE LAVIGNAC/LUYS
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- Proust, Marcel
- 5 lettres autographes signées à Germaine Lavignac (Mme Georges Luys avant son divorce). 15 septembre 1907-17 ou 18 novembre 1918.
- ink on paper
Ensemble de 19 p. in-12 à in-8. Certaines au filigrane "Old Kickory Bond", "Imperial Century", "Imperial Diadem". L’une sur papier à en-tête du “Grand Hôtel Cabourg”. Enveloppes autographes conservées, adressées rue du Rocher et à Houlgate.
Proust rencontra probablement Germaine Lavignac par l’intermédiaire de Reynaldo Hahn, proche de la famille Lavignac : son père, Albert Lavignac, était son professeur de musique au Conservatoire de Paris et avait notamment publié Le Voyage artistique à Bayreuth en 1897.
(Sur Reynaldo Hahn et les Lavignac, voir aussi lot 107 du volume I du catalogue).
Le 15 septembre 1907, il lui écrit de Cabourg pour s’excuser d’une lettre apportée trop tôt à cause de son mode de vie nocturne dont il s’excuse : “Apaisez Madame l’indignation du Docteur Luys [son mari, dont elle divorcera autour de 1910] qui doit avoir une jolie opinion de ce monsieur qui fait ses visites après dix heures du soir ou avant neuf heures du matin”. Plus tard, au moment de la mobilisation pour la guerre en novembre 1914, Proust et son épistolière s’inquiètent conjointement de la décision de leur ami Reynaldo Hahn de partir pour le front, alors qu’il est au bureau de la mobilisation à Albi ; mais Proust sait très bien que c’était en vain : “Bize que vous devez connaître étant médecin à Albi, je lui ai écrit que j’étais effrayé des tranchées pour Reynaldo à cause d’accidents cardiaques très sérieux, de prédispositions très graves du côté de la poitrine et enfin de laryngites sans fin à propos du plus léger refroidissement. Bize a parlé à Reynaldo de cette lettre. Celui-ci a répondu que ses prétendues syncopes étaient des indigestions, qu’il avait une poitrine de fer, et ne savait pas ce que c’est qu’un mal de gorge !”. L’attitude décrite tranche avec celle de l’écrivain, qui est très affecté par sa maladie. En mai 1917 c’est une souffrance aux yeux qui lui rend “impossible d’écrire”. La santé des Lavignac force l’admiration : “J’ai trouvé votre mère d’une jeunesse invraisemblable, votre sœur ravissante, et vous je ne peux pas mieux dire qu’en disant ‘la même’, la même qu’à Houlgate et rue du Rocher quand vous faisiez tourner les tables”. Les Lavignac s’adonnent à des jeux de spiritisme, mais aussi à des jeux littéraires auxquels Proust dit ne pas exceller : “Je suis un peu honteux de vous avoir montré l’autre soir combien j’avais peu de facilité pour trouver des vers, même des vers des autres. Ce jeu est un peu trop littéraire et dépasse un peu mes capacités”. C’est avec le même humour que, le 17 ou le 18 novembre 1918, répondant à une lettre demandant des nouvelles de son frère qui a subi un important accident de voiture, il explique : “Si j’écris à Robert, … il arrivera ce qui arrive à chaque fois que je lui écris, c’est… qu’il ne me répondra pas ! Il est un frère délicieux mais un correspondant déplorable […] Vous savez qu’il m’a écrit quatre ou cinq fois depuis le commencement de la guerre”.
Références : Kolb, XVII, n° 198 ; XVIII, nos 340, 346, 348, 350.
Proust rencontra probablement Germaine Lavignac par l’intermédiaire de Reynaldo Hahn, proche de la famille Lavignac : son père, Albert Lavignac, était son professeur de musique au Conservatoire de Paris et avait notamment publié Le Voyage artistique à Bayreuth en 1897.
(Sur Reynaldo Hahn et les Lavignac, voir aussi lot 107 du volume I du catalogue).
Le 15 septembre 1907, il lui écrit de Cabourg pour s’excuser d’une lettre apportée trop tôt à cause de son mode de vie nocturne dont il s’excuse : “Apaisez Madame l’indignation du Docteur Luys [son mari, dont elle divorcera autour de 1910] qui doit avoir une jolie opinion de ce monsieur qui fait ses visites après dix heures du soir ou avant neuf heures du matin”. Plus tard, au moment de la mobilisation pour la guerre en novembre 1914, Proust et son épistolière s’inquiètent conjointement de la décision de leur ami Reynaldo Hahn de partir pour le front, alors qu’il est au bureau de la mobilisation à Albi ; mais Proust sait très bien que c’était en vain : “Bize que vous devez connaître étant médecin à Albi, je lui ai écrit que j’étais effrayé des tranchées pour Reynaldo à cause d’accidents cardiaques très sérieux, de prédispositions très graves du côté de la poitrine et enfin de laryngites sans fin à propos du plus léger refroidissement. Bize a parlé à Reynaldo de cette lettre. Celui-ci a répondu que ses prétendues syncopes étaient des indigestions, qu’il avait une poitrine de fer, et ne savait pas ce que c’est qu’un mal de gorge !”. L’attitude décrite tranche avec celle de l’écrivain, qui est très affecté par sa maladie. En mai 1917 c’est une souffrance aux yeux qui lui rend “impossible d’écrire”. La santé des Lavignac force l’admiration : “J’ai trouvé votre mère d’une jeunesse invraisemblable, votre sœur ravissante, et vous je ne peux pas mieux dire qu’en disant ‘la même’, la même qu’à Houlgate et rue du Rocher quand vous faisiez tourner les tables”. Les Lavignac s’adonnent à des jeux de spiritisme, mais aussi à des jeux littéraires auxquels Proust dit ne pas exceller : “Je suis un peu honteux de vous avoir montré l’autre soir combien j’avais peu de facilité pour trouver des vers, même des vers des autres. Ce jeu est un peu trop littéraire et dépasse un peu mes capacités”. C’est avec le même humour que, le 17 ou le 18 novembre 1918, répondant à une lettre demandant des nouvelles de son frère qui a subi un important accident de voiture, il explique : “Si j’écris à Robert, … il arrivera ce qui arrive à chaque fois que je lui écris, c’est… qu’il ne me répondra pas ! Il est un frère délicieux mais un correspondant déplorable […] Vous savez qu’il m’a écrit quatre ou cinq fois depuis le commencement de la guerre”.
Références : Kolb, XVII, n° 198 ; XVIII, nos 340, 346, 348, 350.