LUCA GIORDANO | Eliezer and Gershom

Acquis à Bruxelles, commerce d’art, 1972

Rennes, 2012, n°22 (notice par Nicola Spinosa) ;
Rennes, Musée des Beaux-Arts, L'Oeil et la Passion 2, 2015, p.130, n°44, repr. (notice par Mario Epifani)

P. Rosenberg, "À propos de Luca Giordano et de la France", Ricerche sul '600 napoletano. Saggi e documenti per la Storia dell'Arte dedicato a Luca Giordano, n°10, 1991, p.250, p.260, repr. fig.134

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Ce dessin de Luca Giordano, typique de sa période espagnole, avec ses raccourcis habiles et ses formes géométriques, est réalisé à la pierre noire rehaussée de touches subtiles de lavis brun et gris rendant les nuances de la lumière. Publiée pour la première fois par Pierre Rosenberg en 1991, cette étude est préparatoire à une lunette située dans le transept nord de l’église Saint-Laurent à l'Escurial (fig. 1), un vaste et complexe projet qui fut entrepris juste après la fin du décor à fresque de l’Escalera dans le même monastère, achevé en septembre 1692. Dans une lettre datée du 29 janvier 1694, adressée à Alonso de Talavera, le prieur du monastère, le roi d’Espagne Charles II demandait à ce qu’un projet de décoration des deux transepts de l’église soit entreprit. Luca Giordano y travailla avec grand enthousiasme et une rapidité extrême, commençant à peindre la voûte du transept nord, représentant la Traversée de la Mer rouge, en mars de la même année, et finissant non seulement cette fresque mais aussi les lunettes avant la fin du mois d’avril.

Dans sa notice pour ce dessin dans le catalogue de l’exposition de Rennes, Nicola Spinosa a signalé l’existence d’une autre étude de Giordano à la Biblioteca Nacional à Madrid, qui est préparatoire à la fresque d’Achimélek et David dans le transept sud¹. Spinosa notait que les deux dessins montraient la même vivacité dans la représentation des volumes et des formes, bien que le dessin de Madrid, réalisé uniquement à la pierre noire, n’ait donc pas la luminosité que le lavis transparent apporte à la présente feuille.

Giordano a toujours été fidèle à la grande tradition baroque et devint même, à la fin de sa vie, de plus en plus exubérant dans son approche des grands décors. En parallèle, à la même époque, ses dessins s’épurèrent, tendant à l’essentiel, et sa vision picturale s’exprimait principalement à travers son rendu subtil de la lumière, comme dans le dessin de la collection Adrien.

^1. Madrid, Biblioteca Nacional, inv. n°7930 ; voir O. Ferrari et G. Scavizzi, Luca Giordano, Naples, 2000, vol. I, p.374, n°D138, vol. II, fig. 1032 (repr.)