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PIERRE PAUL RUBENS | Saint Matthew the Evangelist with an Angel
Estimate
18,000 - 22,000 EUR
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Bidding Closed
Description
- Pierre Paul Rubens
- Saint Matthew the Evangelist with an Angel
- Plume et encre brune, lavis brun, traces de pierre noire, encadré en partie d’un trait à l’encre brune
- 44 x 41 mm
Provenance
Sir Thomas Lawrence (1769-1830), Londres (L.2445) ;
Louis Royer, Gand (indiqué sur l'ancien montage) ;
Galerie Claude van Loock, Bruxelles ;
Acquis en 1977 (comme Van Diepenbeeck).
Louis Royer, Gand (indiqué sur l'ancien montage) ;
Galerie Claude van Loock, Bruxelles ;
Acquis en 1977 (comme Van Diepenbeeck).
Exhibited
Rennes, 2012, n°27 (notice par Guy Grieten)
Condition
Window mounted. Some thin areas in the paper, towards the top and lower centre. Media generally good and fresh. Sold unframed.
"In response to your inquiry, we are pleased to provide you with a general report of the condition of the property described above. Since we are not professional conservators or restorers, we urge you to consult with a restorer or conservator of your choice who will be better able to provide a detailed, professional report. Prospective buyers should inspect each lot to satisfy themselves as to condition and must understand that any statement made by Sotheby's is merely a subjective, qualified opinion. Prospective buyers should also refer to any Important Notices regarding this sale, which are printed in the Sale Catalogue.
NOTWITHSTANDING THIS REPORT OR ANY DISCUSSIONS CONCERNING A LOT, ALL LOTS ARE OFFERED AND SOLD AS IS" IN ACCORDANCE WITH THE CONDITIONS OF BUSINESS PRINTED IN THE SALE CATALOGUE."
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Catalogue Note
À la différence des grands artistes-graveurs de son époque, dont Rembrandt, Castiglione, Callot et même Van Dyck, Rubens ne toucha presque jamais à la pointe ou au burin1. Cependant, tout au long de sa carrière, il eut des liens étroits avec l’art et l’industrie de la gravure, et en particulier avec la célèbre maison d’édition d’Anvers fondée en 1555 par Christoph Plantin (v. 1520-1589). Rubens était un ami proche, depuis l’époque de l’école de latin, du petit-fils de Plantin, Balthasar Moretus (1574-1641), qui tînt l’Officina Plantiniana pendant trente-et-un ans, de 1610 à 1641. Cette étude de saint Matthieu l’Evangéliste, rapide mais dessinée avec attention, documente précieusement l’un des premiers projets sur lequel Rubens et Moretus travaillèrent ensemble, au tout début d’une collaboration professionnelle qui allait durer près de trois décennies.
L’influence et le succès de la Maison Plantin reposait largement sur le fait que, durant plus de deux siècles, elle put jouir d’un monopole sur la publication de textes liturgiques dans toutes les régions dominées par les Habsbourg, qui incluaient l’Espagne et les Pays-Bas méridionaux. De plus, à la même époque, son approche éclairée et créative de la publication, et notamment de l’art du livre illustré, sous la direction de Balthasar Moretus, permit à la maison de développer un dialogue fécond avec Rubens. Ainsi, la Maison Plantin devint un terrain propice où de nombreux talentueux dessinateurs et graveurs d’illustrations purent atteindre des sommets d’inventivité.
En 1612, Moretus commença la publication, achevée l’année suivante, d’une importante nouvelle édition du missel romain, le Missale Romanum. Pour illustrer le texte, il réemploya non seulement huit planches réalisées d’après les dessins de Maerten de Vos (1532-1603) pour la précédente édition de 1606, mais il commanda également à Rubens deux nouvelles illustrations en pleine page (représentant l’Adoration des Mages et la Résurrection du Christ), ainsi que deux bordures décoratives destinées à entourer certaines pages du texte. Grâce aux comptes rendus précis de l’atelier Plantin, qui ont survécu jusqu’à nos jours et sont conservés aux archives du musée Plantin- Moretus à Anvers, on sait que ces deux nouvelles planches furent gravées par Theodor Galle (1571-1633), le beau-frère de Moretus, qui était un graveur de talent et une figure centrale dans l’entreprise Plantin2.
L’un des nouveaux bords décoratifs était entièrement consacré à la représentation de l’Arbre de Jessé, dont le dessin préparatoire de Rubens se trouve au Louvre3. Le dessin de la collection Adrien est le projet pour une partie du second bord décoratif (fig. 1), destiné à entourer la première page du texte des Matines de Noël, placée en face de l’illustration de pleine page de l’Adoration des bergers, d'après Maerten de Vos4. Dans cette bordure, les figures des quatre Evangélistes occupent les quatre coins de la composition ; saint Matthieu, représenté ici en train de recevoir l’inspiration d’un ange, est situé dans l’angle supérieur gauche.
Au centre des quatre côtés de cette bordure, entre les figures des Evangélistes, sont placées six petites vignettes illustrant des épisodes du Nouveau Testament, et six dessins préparatoires à ces vignettes, de dimensions similaires à celui-ci, sont conservés à la Pierpont Morgan Library de New York5. Cinq des six compositions de la Morgan Library (la Circoncision, l’Annonciation aux bergers, l’Adoration des bergers, la Nativité et l’Annonciation) sont effectivement reproduites dans l’estampe finale, quatre d’entre elles, comme le présent dessin, étant dans la même direction. Le sixième dessin de la Morgan Library (la Visitation) fut remplacé dans la gravure par une représentation de la Sainte famille rejetée à l’auberge, scène pour laquelle aucun dessin préparatoire n’est connu.
Comme le dessin Adrien, ceux de la Morgan Library furent longtemps erronément attribués (dans ce cas à Perino del Vaga). Cependant, leur lien avec la planche du Missale Romanum, ainsi que leurs similitudes stylistiques avec d’autres dessins précoces de Rubens pour la gravure, en particulier ceux exécutés un an plus tard pour la grande collaboration suivante avec Moretus, le Breviarum Romanum (1614), rendent l’attribution des dessins de la Morgan Library et de la collection Adrien à Rubens incontestable. Comme dans d’autres dessins précoces de Rubens pour la gravure, les figures sont esquissées d’un trait fin, rapide et assuré à la plume, avec un délicat lavis pour indiquer les ombres et une très légère ébauche préliminaire.
Si, en 1612-1613, Rubens était relativement novice dans l’art de dessiner des projets pour la gravure, il était, à d’autres égards, un artiste au sommet de ses capacités. Il avait étudié toutes les sources possibles d’inspiration, aussi bien antique que de la Renaissance, que l’Italie pouvait offrir, et avait intégré son interprétation de ces idiomes dans un langage visuel, unique et puissant, qui était le sien. Même ici, dans un petit dessin destiné à un but précis, Rubens semble ne pas avoir pu résister à faire une référence à une œuvre qui ne pourrait être plus différente tant dans sa fonction que dans son échelle, à savoir les prophètes Daniel et Jérémie peints par Michel-Ange sur la voûte de la chapelle Sixtine, et que Rubens avait lui-même copié dans des dessins aujourd’hui conservés au Louvre (fig. 2)6. Pourtant, il n’est pas étonnant que Rubens réussisse à apporter cette référence avec une autorité absolue, donnant ainsi à ce petite angle de projet de bordure décorative une monumentalité et une présence visuelle qu’aucun autre artiste n’aurait pu concevoir, et encore moins réaliser.
1. Mentionnés par Anne-Marie Logan, in A.-M. Logan, with M.C. Plomp, Peter Paul Rubens, The Drawings, cat. exp., New York, Metropolitan Museum of Art, 2005, p. 14
2. J.R. Judson & C. van de Velde, Corpus Rubenianum Ludwig Burchard Part XXI. Book Illustrations and Title Pages, 2 vols., London/Philadelphia 1978, vol. II, appendix III, p. 451, no. 5
3. Ibid., nos. 6 (print), 6a (drawing), pls. 47-48; Paris, Musée du Louvre, inv. 20.216
4. Ibid., no. 7, pl. 49
5. New York, Pierpont Morgan Library, inv. nos. III, 183(1-6); F. Stampfle, with R.S. Kraemer and J. Shoaf Turner, Netherlandish Drawings of the Fifteenth and Sixteenth Centuries and Flemish Drawings of the Seventeenth and Eighteenth Centuries in the Pierpont Morgan Library, New York/Princeton 1991, pp. 140-141, nos. 299-304
6. Paris, Musée du Louvre, Inv. 20232, 20233
L’influence et le succès de la Maison Plantin reposait largement sur le fait que, durant plus de deux siècles, elle put jouir d’un monopole sur la publication de textes liturgiques dans toutes les régions dominées par les Habsbourg, qui incluaient l’Espagne et les Pays-Bas méridionaux. De plus, à la même époque, son approche éclairée et créative de la publication, et notamment de l’art du livre illustré, sous la direction de Balthasar Moretus, permit à la maison de développer un dialogue fécond avec Rubens. Ainsi, la Maison Plantin devint un terrain propice où de nombreux talentueux dessinateurs et graveurs d’illustrations purent atteindre des sommets d’inventivité.
En 1612, Moretus commença la publication, achevée l’année suivante, d’une importante nouvelle édition du missel romain, le Missale Romanum. Pour illustrer le texte, il réemploya non seulement huit planches réalisées d’après les dessins de Maerten de Vos (1532-1603) pour la précédente édition de 1606, mais il commanda également à Rubens deux nouvelles illustrations en pleine page (représentant l’Adoration des Mages et la Résurrection du Christ), ainsi que deux bordures décoratives destinées à entourer certaines pages du texte. Grâce aux comptes rendus précis de l’atelier Plantin, qui ont survécu jusqu’à nos jours et sont conservés aux archives du musée Plantin- Moretus à Anvers, on sait que ces deux nouvelles planches furent gravées par Theodor Galle (1571-1633), le beau-frère de Moretus, qui était un graveur de talent et une figure centrale dans l’entreprise Plantin2.
L’un des nouveaux bords décoratifs était entièrement consacré à la représentation de l’Arbre de Jessé, dont le dessin préparatoire de Rubens se trouve au Louvre3. Le dessin de la collection Adrien est le projet pour une partie du second bord décoratif (fig. 1), destiné à entourer la première page du texte des Matines de Noël, placée en face de l’illustration de pleine page de l’Adoration des bergers, d'après Maerten de Vos4. Dans cette bordure, les figures des quatre Evangélistes occupent les quatre coins de la composition ; saint Matthieu, représenté ici en train de recevoir l’inspiration d’un ange, est situé dans l’angle supérieur gauche.
Au centre des quatre côtés de cette bordure, entre les figures des Evangélistes, sont placées six petites vignettes illustrant des épisodes du Nouveau Testament, et six dessins préparatoires à ces vignettes, de dimensions similaires à celui-ci, sont conservés à la Pierpont Morgan Library de New York5. Cinq des six compositions de la Morgan Library (la Circoncision, l’Annonciation aux bergers, l’Adoration des bergers, la Nativité et l’Annonciation) sont effectivement reproduites dans l’estampe finale, quatre d’entre elles, comme le présent dessin, étant dans la même direction. Le sixième dessin de la Morgan Library (la Visitation) fut remplacé dans la gravure par une représentation de la Sainte famille rejetée à l’auberge, scène pour laquelle aucun dessin préparatoire n’est connu.
Comme le dessin Adrien, ceux de la Morgan Library furent longtemps erronément attribués (dans ce cas à Perino del Vaga). Cependant, leur lien avec la planche du Missale Romanum, ainsi que leurs similitudes stylistiques avec d’autres dessins précoces de Rubens pour la gravure, en particulier ceux exécutés un an plus tard pour la grande collaboration suivante avec Moretus, le Breviarum Romanum (1614), rendent l’attribution des dessins de la Morgan Library et de la collection Adrien à Rubens incontestable. Comme dans d’autres dessins précoces de Rubens pour la gravure, les figures sont esquissées d’un trait fin, rapide et assuré à la plume, avec un délicat lavis pour indiquer les ombres et une très légère ébauche préliminaire.
Si, en 1612-1613, Rubens était relativement novice dans l’art de dessiner des projets pour la gravure, il était, à d’autres égards, un artiste au sommet de ses capacités. Il avait étudié toutes les sources possibles d’inspiration, aussi bien antique que de la Renaissance, que l’Italie pouvait offrir, et avait intégré son interprétation de ces idiomes dans un langage visuel, unique et puissant, qui était le sien. Même ici, dans un petit dessin destiné à un but précis, Rubens semble ne pas avoir pu résister à faire une référence à une œuvre qui ne pourrait être plus différente tant dans sa fonction que dans son échelle, à savoir les prophètes Daniel et Jérémie peints par Michel-Ange sur la voûte de la chapelle Sixtine, et que Rubens avait lui-même copié dans des dessins aujourd’hui conservés au Louvre (fig. 2)6. Pourtant, il n’est pas étonnant que Rubens réussisse à apporter cette référence avec une autorité absolue, donnant ainsi à ce petite angle de projet de bordure décorative une monumentalité et une présence visuelle qu’aucun autre artiste n’aurait pu concevoir, et encore moins réaliser.
1. Mentionnés par Anne-Marie Logan, in A.-M. Logan, with M.C. Plomp, Peter Paul Rubens, The Drawings, cat. exp., New York, Metropolitan Museum of Art, 2005, p. 14
2. J.R. Judson & C. van de Velde, Corpus Rubenianum Ludwig Burchard Part XXI. Book Illustrations and Title Pages, 2 vols., London/Philadelphia 1978, vol. II, appendix III, p. 451, no. 5
3. Ibid., nos. 6 (print), 6a (drawing), pls. 47-48; Paris, Musée du Louvre, inv. 20.216
4. Ibid., no. 7, pl. 49
5. New York, Pierpont Morgan Library, inv. nos. III, 183(1-6); F. Stampfle, with R.S. Kraemer and J. Shoaf Turner, Netherlandish Drawings of the Fifteenth and Sixteenth Centuries and Flemish Drawings of the Seventeenth and Eighteenth Centuries in the Pierpont Morgan Library, New York/Princeton 1991, pp. 140-141, nos. 299-304
6. Paris, Musée du Louvre, Inv. 20232, 20233