Master Sculpture
Master Sculpture
Portrait bust of Guy Jean-Baptiste Target | Portrait de l'avocat Target
Estimate
50,000 - 70,000 EUR
Lot Details
Description
Martin-Claude Monot
Paris 1733 - 1803
Portrait bust of Guy Jean-Baptiste Target
white marble, on a pink marble socle
signed and dated: Monot . 1769 .
57.5cm., 22⅝in. overall
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Martin-Claude Monot
Paris 1733 - 1803
Portrait de l'avocat Target
buste en marbre blanc ; sur un piédouche en marbre rose
signé et daté sur la tranche à gauche Monot . 1769 .
Haut. totale 57,5 cm ; 22 ⅝ in.
Explication des peintures, sculptures, gravures de messieurs de l’Académie Royale, Paris, 1769, p. 38, cat. 232
S. Lami, Dictionnaire des sculpteurs de l’école française au dix-huitième siècle, tome II, Paris, 1911, p. 171
Paris, Salon de 1769, n°232
Born in Paris in 1733, Martin-Claude Monot was a pupil of Louis-Claude Vassé (1717 – 1772) and won the Premier Prix in sculpture in 1760. He went to Rome in 1763, where he remained for five years. Upon his return to Paris he was admitted to the Académie Royale de Peinture et de Sculpture on 28 January 1769, and on 7 March 1773 obtained a studio in the Louvre1, occupied previously by Vassé. On 28 August 1779 he was elected academician, with a small marble group of the Genius of Spring2. He exhibited regularly at the Salon from 1769 to 1798, and died in Paris at the age of 70.
The present bust is a portrait of Guy Jean-Baptiste Target (1733 – 1807), a lawyer at the Parisian Parliament (6 July 17523). The son of a lawyer at the Parliament, he began pleading at an early age and had the Jesuits condemned in the Father Antoine Lavalette case, which resulted in their expulsion from France in 1763. During the same period, he obtained the rehabilitation of Calas, accused of killing his son, and executed in 1762. Adviser to the Comte d’Artois in 1782, he was elected to the Académie française in 1785. The following year he acted as lawyer for cardinal de Rohan in the 'affair of the diamond necklace', and he co-authored the 'Edit de tolérance' in 1787. He was elected deputy for Paris at the États-Généraux and participated in the Jeu de Paume Oath. His known portraiture dates mainly from this period4. In 1792, King Louis XVI chose him as his lawyer. Although he refused, citing his old age, he nevertheless wrote a long text, Observations de Target sur le procès de Louis XVI, that was used by the king’s lawyers (notably Lamoignon) for his defense. Target ended his career under the Empire as one of the commissioners in charge of the Napoleonic Code. He died in Mollières (Essonne), where he had retired in 1807.
In the present portrait, Claude-Martin Monot represents a lively figure, gazing into the distance, with delicately carved hair. The tool marks still visible in the hair underscore the vivacity and softness of the artist’s work. Target is portrayed at the relatively young age of 36, whereas his other portraits show him in his fifties. In his Salon critique, Diderot – who was not appreciative of Monot's work – wrote of this bust: « Le portrait de l’avocat Target, où la reconnaissance a supplée le talent. J’aime bien que le cœur ait exécuté ce que le talent seul n’aurait su faire. » ('The portrait of the lawyer Target, where appreciation has replaced talent. I like that the heart has done what talent alone could not have done.')
The sitter is effectively represented au naturel; without a wig or clothes covering the neck and shoulders - remarkably pre-dating Houdon’s Diderot (1771) or Pigalle’s Voltaire (1776), which were milestones for such freedom of representation. It certainly is the only known portrait by Monot which shows such freedom with the sitter, most being more strictly conventional depictions.5 The present bust thus represents an astonishing testament to Monot's first participation at the Salon.
The present bust must have remained with the Target family until at least the early nineteenth century, as it served as a model for his funerary monument at the Père Lachaise cemetery. First buried in 1807 at the Montmorency cemetery (where he had a country house), Target was later exhumed and buried at the Père Lachaise, when his widow Jeanne Louise Le Roy de Lisa was herself buried in 18336. The plot, bought two years earlier by their son Louis-Ange Guy (prefect of Calvados), acquired at this time a marble profile portrait medallion whose image was inspired by the bust that must still have been with Target's family, even though his posthumous 1807 inventory does not mention it7.
1 AN O1/1914, brevet du 7 mars 1773, in J. Guiffrey, « Brevet de logement dans la galerie du Louvre », Nouvelles archives de l’Art Français, 1873, p. 98
2 Paris, Musée du Louvre, inv. no. RF 2985.
3 for Target's biography, see Joseph Boze, portraitiste de l’Ancien Régime à la restauration, Paris, Somogy, 2004, cat. 57.
4 Cf. a lost but photographed portrait by Joseph Boze dated 1790 and exhibited at the 1791 Salon that was widely known through engraving.
5 See the busts of Count and countess Ségur in Versailles (MV5966 et MV5967).
6 Père Lachaise cemetery, division 11, documentation kindly provided by the cemetery administration, and the burial archives for Paris (CPL_RJ18321833_02 – dated 25 April 1833).
7 In the papers of Pierre-Charles Moine de la Versine (inventaire après décès de Jean-Baptiste Target, 15 octobre 1806, Archives Nationales, MC/ET/LXXXIV/751) there is no mention of this bust or any work of art.
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Né à Paris en 1733, élève de Louis-Claude Vassé (1717 – 1772), Martin-Claude Monot remporte le premier prix de sculpture en 1760. Il se rend à Rome en 1763 où il séjourne cinq années. De retour à Paris il est agréé à l’Académie Royale de Peinture et de Sculpture le 28 janvier 1769, obtint le 7 mars 1773 un des ateliers du Louvre1, primitivement occupé par Vassé, et fut reçu académicien le 28 août 1779, sur un petit groupe en marbre représentant le Génie du printemps2. Il exposa régulièrement au Salon de 1769 à 1798 et mourut à Paris en 1803, âgé de 70 ans.
Le buste présenté ici est le portrait de Guy Jean-Baptiste Target (1733 – 1807) qui fut reçu avocat au Parlement de Paris le 6 juillet 17523. Lui-même fils d’avocat au Parlement, il plaide tôt et obtint la condamnation des Jésuites dans l’affaire du révérend Père Antoine Lavalette qui déboucha en 1763 sur l’expulsion des Jésuites de France. Dans la même période, Target obtint la réhabilitation de Calas exécuté en 1762 pour avoir pendu son fils. Conseiller auprès du Comte d’Artois en 1782 il est élu membre de l’Académie française en 1785. L’année suivante il défendit le cardinal de Rohan dans l’affaire du collier et fut un des auteurs de l’Édit de tolérance de 1787. Il est élu député de Paris aux États-Généraux et participa au serment du Jeu de Paume. C’est de cette période-là que la plupart de son iconographie est connue4. En 1792, il est choisi par le roi Louis XVI comme défenseur mais il refuse cette charge sous prétexte de vieillesse, il n’en fait pas moins paraître un large texte intitulé : Observations de Target sur le procès de Louis XVI qui servira aux avocats du roi (Lamoignon notamment) dans leur défense. Target termine sa carrière sous l’Empire comme l’un des commissaires chargé d’élaborer le code Napoléon. Il meurt aux Mollières (département actuel de l’Essonne) en 1807 où il s’était retiré.
Claude-Martin Monot sculpte ici un personnage plein de vie, le regard lointain et à la chevelure finement taillée dans le marbre. Les traces d’outils (gradine), subtilement visible dans la chevelure sont témoins de la vivacité et de la douceur avec laquelle l’artiste a travaillé. Target est représenté à un jeune âge (36 ans) alors que la plupart de ses autres portraits le montrent plutôt en embonpoint à cinquante ans passés. Dans ses commentaires des Salons, Diderot – qui n’appréciait guère le ciseau de Monot – écrira pourtant à propos de cette œuvre : « Le portrait de l’avocat Target, où la reconnaissance a supplée le talent. J’aime bien que le cœur ait exécuté ce que le talent seul n’aurait su faire »
Le personnage est effectivement présenté « au naturel », c'est-à-dire sans perruque, ni vêtement, bien avant le Diderot de Houdon (1771) ou le Voltaire de Pigalle (1776) qui firent date l’un et l’autre par cette liberté de représentation. C’est sûrement la seule œuvre connue de Monot portraitiste prenant une telle liberté avec son modèle. Les autres portraits connus par l’artiste témoignent d’une moindre liberté5. C’est donc ici un étonnant témoignage de la première participation au Salon par le sculpteur Monot qui nous est donné.
Enfin, concernant l'histoire de notre buste, l’œuvre dû rester dans la famille Target au moins jusqu’au début du XIXe siècle puisqu’elle servit de modèle à la confection du tombeau de Guy Jean-Baptiste Target au cimetière du Père Lachaise. En effet, enterré en 1807 au cimetière de Montmorency où Target possédait une maison des champs, il fut exhumé et enterré au cimetière du Père Lachaise en 1833 lors de l’inhumation de son épouse Jeanne Louise Le Roy de Lisa6. La concession, acquise par leur fils Louis-Ange Guy (préfet du Calvados), deux années plus tôt se vit dotée à ce moment là et le médaillon de profil qui orne le sommet du monument est un hommage définitif au père que fut Target et au buste en marbre le représentant qui était sûrement encore près d’eux même si l’inventaire après-décès réalisé en 1807 ne donne aucune indication à ce sujet7.
1 AN O1/1914, brevet du 7 mars 1773, cité dans J. Guiffrey, « Brevet de logement dans la galerie du Louvre », Nouvelles archives de l’Art Français, 1873, p.98
2 Paris, Musée du Louvre, n° inv. RF 2985.
3 L’ensemble des éléments biographiques sur Target est issu du catalogue d’exposition Joseph Boze, portraitiste de l’Ancien Régime à la restauration, Paris, Somogy, 2004, cat. 57.
4 Cf. notamment un portrait par Joseph Boze (non localisé aujourd’hui mais connu par photo) daté de 1790 et exposé au salon de 1791 qui eut un succès de diffusion par la gravure.
5 Voir notamment les portraits du Comte et de la Comtesse de Ségur conservés au château de Versailles (n° inv. MV5966 et MV5967).
6 Cimetière du Père Lachaise, division 11, renseignements historiques aimablement fournis par l’administration du cimetière du père Lachaise et sur les registres d’inhumation des archives de Paris (CPL_RJ18321833_02 – à la date du 25 avril 1833).
7 Aux minutes de Pierre Charles Moine de la Versine (inventaire après-décès de Jean-Baptiste Target, 15 octobre 1806, Archives Nationales, MC/ET/LXXXIV/751) il n’a pas été retrouvé de mention de ce buste, pas plus que d’autres œuvres d’art.