De Chirico, Giorgio ─ Guillaume Apollinaire

Apollinaire, Guillaume ─ Giorgio De Chirico

Calligrammes.

[Paris], Librairie Gallimard, 1930.

Grand in-4 (325 x 247 mm). Maroquin noir, plats ornés d’un large décor de lettres capitales et italiques ajourées ou mosaïquées de maroquin vert, fuchsia, bleu et prune, dos lisse, doublure et gardes de bandes horizontales de box crème, fuchsia, noir, bleu, rouge et vert, tranches dorées, couverture et dos, chemise et étui, gaines de même maroquin (P. Bonet, 1943).

L’un des plus beaux livres illustrés par De Chirico.

Un des 6 exemplaires de tête avec 4 esquisses originales au crayon de De Chirico.

Exemplaire de Paul Bonet dans une magistrale reliure de "style Calligrammes".

Première édition illustrée : 68 lithographies originales de Giorgio De Chirico dont deux répétées (couverture et page de titre).

L’un des 6 exemplaires sur Japon nacré (n° 8), signé par l’auteur, d'un tirage à 131 exemplaires, contenant :

- une suite des lithographies sur Chine, soit 66 planches ;

- une suite des lithographies sur Whatman, soit 66 planches ;

- 4 dessins originaux, au crayon, occupant les rectos et versos de 2 feuillets (environ 160 x 208 mm), l’une ayant servi de modèle à la lithographie de la page 207 ;

- la lithographie illustrant l’étui de l'éditeur, non conservé ici en raison de la reliure (325 x 245 mm pour une hauteur d’origine de 345 mm).

Recueil publié en 1918, Calligrammes contient les plus beaux poèmes d’Apollinaire écrits entre 1912 et 1917 et s’articule en six parties : Ondes, Étendards, Case d'Armons, Lueurs de tirs, Obus couleur de Lune et La Tête étoilée. L’un d’eux, "Océan de terre", est dédié à De Chirico, auquel Apollinaire vouait une fervente admiration, confiant, en mars 1914, être particulièrement sensible à son esthétisme où "l’étrangeté des énigmes plastiques [...] échappe encore au plus grand nombre".

Sur l’exemplaire de Calligrammes de René Gaffé, également relié par Paul Bonet, et qui passa ensuite dans la bibliothèque de Daniel Filipacchi, De Chirico explique où il puisa son inspiration : "J’ai suivi un souvenir qui me conduisait aux années 1913 et 1914 ; je venais de connaître Apollinaire. Je lisais ses poèmes où il est souvent question d’étoiles, de lunes [...] en même temps je pensais à l’Italie et à ses villes et à ses ruines ; étoiles et soleils émigrés sur la terre ; éteints dans le ciel, rallumés dans les maisons ; ruines et portiques".

Apollinaire demeure l’écrivain dont Paul Bonet a relié le plus d’ouvrages. Le relieur structurait son travail selon des séries et déclinait un décor pour chaque titre. Calligrammes est la première de ces grandes familles qui, par l'utilisation de la lettre, marqua une date importante dans l’histoire de la reliure. Bonet habilla trente exemplaires, optant à chaque fois pour une large composition typographique. Inventif, il joua avec brio sur l’opposition des matières (comme sur l'exemplaire de René Gaffé) et des couleurs, sur la taille et le dessin des lettres mêlées à celles du nom de l’auteur. De cette reliure, où capitales et italiques ajourées et mosaïquées se chevauchent, il écrit dans ses Carnets : "une reliure réussie toujours suivant mon style Calligrammes".