Gide, André

Gide, André

[Les Cahiers d'André Walter]. Manuscrit autographe.

Sans lieu ni date [1890].

272 pages in-8 ou in-12 (de 217 x 125 à 132 x 95 mm), à l’encre violette principalement, quelques-unes à l’encre noire sur papier bleu quadrillé, numérotées à l'encre par l'auteur [1 à 122 pour le Cahier blanc, et 1 à 143 pour le Cahier noir, avec quelques bis et ter], montées sur onglets sur des feuillets d'un volume grand in-4. Maroquin aubergine janséniste, dos à nerfs, doublure de maroquin vert à encadrement mosaïqué de listels de maroquin vert et filet doré, gardes de soie verte, doubles gardes marbrées, tranches dorées (Vermorel).

Exceptionnel manuscrit, complet, du premier livre d'André Gide, paru anonymement en février 1891.

Avec le manuscrit de la notice biographique sur "feu" André Walter, de la main de Pierre Louÿs.

Manuscrit tel qu’établi pour l’impression (indications typographiques et de mise en page, de la main de Gide et d’une autre main), avec des passages biffés et quelques corrections dont une répétée, à l’encre noire, modifiant le prénom du personnage féminin : celui de Madeleine ─ prénom de la future épouse de Gide ─ est remplacé par "Emmanuèle". On ne relève que d’infimes variantes avec le texte définitif.

Au feuillet numéroté 2 du Cahier noir, 7 lignes sont de la main de Louÿs, signées "P.L[ouis]." : "Ici commencent les premières notes prises par André Walter pour la composition de son roman Allain. Nous avons cru devoir les publier afin de laisser le manuscrit dans son intégrité"...

Pour cette première publication, Gide fit appel à deux maisons d’édition : à Perrin pour une édition courante et à Bailly de la Librairie de l’Art indépendant pour un tirage de luxe. La première, mise en vente le 27 février 1891, fut presque entièrement mise au pilon à la demande du jeune auteur, à l’exception de quelques exemplaires de presse, en raison d’un très grand nombre d’erreurs et de coquilles. En avril 1891, parut la seconde, mais sans la notice biographique du prétendu André Walter ─ peut-être en raison des tensions qui rythmaient l’amitié de Gide et de Louÿs, auteur de ladite notice. Louÿs, qui encouragea son cadet dans ses débuts littéraires, l’aidant à faire croire à l’existence de son double et à corriger les épreuves des Cahiers, ne pouvait s’empêcher parfois de se moquer de lui ou de l'éconduire lorsqu’il était lui-même trop occupé de ses propres projets.

Les Cahiers d'André Walter devaient ouvrir à Gide les portes du monde littéraire. Il put ainsi rencontrer Maurice Barrès, Stéphane Mallarmé, José Maria de Heredia, entre autres, et reçut des lettres de lecteurs non moins célèbres, de Huysmans à Maeterlinck.

Manuscrit enrichi de :

LOUŸS, Pierre. [Notice sur André Walter]. Manuscrit autographe signé "P.C." (pour Pierre Chrysis, pseudonyme de celui qui n’est encore que Pierre Louis), avec une correction de la main de Gide. 3 pages grand in-4, à l’encre violette, montées sur onglets en tête du volume. Texte de la notice sur André Walter, supprimée dans la seconde édition mais reprise par la suite. Version avec quelques variantes.

3 enveloppes, avec marques postales : la première adressée à "M. André Walter (feu) / chez Mr André Gide, à la Roque-Beynard [sic], par Cambremer (Calvados)" [18 septembre 1891], la seconde à Gide lui-même, à Uzès [5 juin 1891] et la dernière à Maurice Quillot, en ville [timbre non affranchi, cachetée par 4 grands sceaux de cire rouge ou noire au verso] (montées sur onglets, en fin du volume).

Quillot avait été présenté à Gide par Louÿs, son condisciple au lycée Janson-de-Sailly en 1889-1890. Il sera le dédicataire des Nourritures terrestres.