Livres et Manuscrits du XVe siècle à nos jours, dont Cinéma, Art contemporain et Bande dessinée

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View full screen - View 1 of Lot 134. Photographie originale de Marcel Proust au Jardin des Tuileries. 1921..

XXe siècle (lots 51 à 142)

[Proust, Marcel]

Photographie originale de Marcel Proust au Jardin des Tuileries. 1921.

Lot Closed

March 1, 03:14 PM GMT

Estimate

1,000 - 1,500 EUR

Lot Details

Description

XXe siècle (lots 51 à 142)


[Proust, Marcel]

Marcel Proust au Jardin des Tuileries.

Photographie originale, avec enveloppe de deuil légendée par Robert Proust.

[18-24 mai 1921.]


Tirage argentique de l'époque (50 x 34 mm, bord découpé à droite de la photographie), dans une enveloppe de deuil légendée à l’encre violette. Au verso numéro "26" au crayon rouge.


Une des toutes dernières photographies de Marcel Proust, conservée par son frère Robert dans une enveloppe de deuil qu'il a légendée ainsi : "Petite photo Marcel".


Ce cliché a été pris lors d'une visite de l’exposition des peintres hollandais au Musée du Jeu de Paume, en compagnie de Jean-Louis Vaudoyer, faite entre le 18 et le 24 mai 1921.


Bien que très désireux de visiter cette exposition qui s’était ouverte le 21 avril 1921, Marcel Proust était trop faible pour y aller seul et contempler la Vue de Delft de Vermeer, tableau qu’il admirait depuis qu’il l’avait vu en octobre 1902 à La Haye. Son ami Jean-Louis Vaudoyer ayant publié deux articles sur cette exposition, Proust lui demanda, entre le 18 et le 24 mai 1921, de l'y accompagner. Cette visite et l'extrême faiblesse de l'écrivain inspireront le passage de la mort de Bergotte au Jeu de Paume : "Dès les premières marches qu’il eut à gravir, il fut pris d’étourdissements. […] Ses étourdissements augmentaient ; il attachait son regard […] au précieux pan de mur jaune. […] Cependant, il s’abattit sur un canapé circulaire […]. Un nouveau coup l’abattit, il roula du canapé par terre où accoururent tous les visiteurs et gardiens. Il était mort" (La Prisonnière, III, p. 692-693).


Si la visite de son personnage vire au drame, celle de l’auteur fut plus paisible : contrairement à ce qu’affirmera Robert disant que son frère s’était lui aussi senti mal durant cette sortie, Proust visita ce jour-là une autre exposition, consacrée à Ingres, puis déjeuna avec Vaudoyer au Ritz (Tadié, p. 872-874). Cette sortie fut l’une de ses dernières : il mourut dix-huit mois plus tard.


Jean-Louis Vaudoyer (1883-1963), romancier et critique d’art, avait rencontré Proust en 1910 à l'occasion d'une représentation des Ballets russes. Même si le critique avait déjà accompagné Proust au Louvre en 1919, l’épisode le plus célèbre de leur relation est cette visite au Jeu de Paume en mai 1921. Proust devait dédier un exemplaire de Sodome et Gomorrhe II à cet ami, faisant allusion à cette visite même (Sotheby's, 19 novembre 2012, n° 174).


Une autre photographie, légèrement différente, a figuré dans la vente de la collection Patricia Mante-Proust, et de nombreuses fois reproduite : Proust y a les yeux entrouverts, non fermés comme ce tirage-ci.

Robert Proust (annotation sur l'enveloppe), puis par descendance,


Suzy Mante-Proust.


Patricia Mante-Proust.

P. Clarac et A. Ferré, Album Proust. Pléiade, 1965, p. 269.


M. Naturel, Marcel Proust, l'Arche et la Colombe. Paris, Michel Lafon, 2012. p. 159.


J. Picon, Passion Proust. L'album d'une vie. Paris, Textuel, 1999, p. 205.


Proust. Hachette, Collection Génies et Réalités, 1967, p. 235.