Jacques Garcia, Intemporel
Jacques Garcia, Intemporel
Auction Closed
May 16, 02:17 PM GMT
Estimate
200,000 - 300,000 EUR
Lot Details
Description
A Louis XVI blue and white painted wood fire screen, stamped by Georges Jacob, delivered for Queen Marie-Antoinette's private apartments at Versailles
decorated with a frieze of foliage, the removable leaf with a damask of silk decorated with birds (wears and spots with the silk), stamped G.IACOB under the lower crossbar
Height. 42½in, width. 26¾in
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Ecran de cheminée royal en bois laqué bleu rechampi gris d'époque Louis XVI, estampille de Georges Jacob, provenant du petit appartement de la reine Marie-Antoinette à Versailles
de forme cintrée, les montants à cannelures rudentées, la partie supérieure ornée de frises de feuillages dans un entrelac, reposant sur des pieds en patin, la feuille amovible garnie d’un damas de soie à décor d’oiseaux et d’arabesques (usures et taches à la soie), estampillé G.IACOB sous la traverse inférieure
Haut. 108 cm, larg. 68 cm
Delivered by Georges Jacob in 1788 for the small apartment of Queen Marie-Antoinette in Versailles;
Sold at the revolutionary sale of 27 December 1793 (7 Frimaire Year II) to citizen Dumont for 3000 livres.
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Livré par Georges Jacob en 1788 pour le petit appartement de la reine Marie-Antoinette à Versailles ;
Vendu lors de la vente révolutionnaire du 27 décembre 1793 (7 frimaire An II) au citoyen Dumont pour 3000 livres.
M. Jallut, "Les cabinets intérieurs et petits appartements de Marie-Antoinette", in Gazette des Beaux-Arts, mai 1964.
D. Meyer, Cat. d'expo., Cinq années d'enrichissement du Patrimoine National, Paris, 1980.
C. Baulez, C. Constans, S. Hoog, D. Meyer, "Meubles royaux récemment acquis à Versailles (1985-1989)", in Revue du Louvre, 1990, no. 2, p. 97.
C. Baulez, "Tabouret de pied pour la chambre à coucher de la reine Marie-Antoinette à Versailles", in Revue du Louvre, 1992, no. 3, p. 71.
P. Arizzoli-Clémentel, Le Mobilier de Versailles XVIIe et XVIIIe siècles, 2002, vol. I, no. 73, pp. 284-89.
cat. exp., Marie-Antoinette, 15 mars – 30 juin 2008, Galeries nationales du Grand Palais, Paris, n. 155, p. 222.
cat. exp., Marie-Antoinette, Une Reine à Versailles, 25 octobre 2016 - 26 février 2017, Mori Arts Center Gallery, Tokyo, pp. 114-117 et 245-247.
A royal commission for new apartments
The south wing of the Château de Versailles is the one reserved for the apartments of the queens of France. When Marie Antoinette became queen in 1774, she returned to the first floor apartments, which had not been used by a sovereign since the death of Queen Marie Lesczynska in 1768. But Marie Antoinette did not appreciate the etiquette of the Court and wanted to have private apartments for her privacy. With the birth of her daughter in 1778, she also wanted to be closer to her. The death of Madame Sophie, the sixth daughter of Louis XV, in 1782 freed up a large ground floor flat overlooking the marble courtyard, the oldest part of the château. Work began in 1783 to install a three-room apartment, initially furnished with existing rooms. It was not until 1788 that the queen received a new furniture commissioned from Georges Jacob in the Etruscan style, upholstered in blue silk. Of this original commission, the majority is now preserved at the Château de Versailles: two bergères (one at Versailles V.14381), four armchairs (three at Versailles V.14381; the fourth at Christie's Paris, 22 November 2022, lot 10), a toilet chair (V.5084 ), four chairs (two in Versailles V.4824), two stools (one in Versailles v.5274), a foot stool (Versailles V.5416), a screen, a basket and finally a screen (lot presented today).
From revolutionary sales to the refurnishing of Versailles
Following the departure of Louis XVI and Marie-Antoinette on 6 October 1789 from Versailles to Paris and the Tuileries Palace, the furniture remained in place. Then the revolutionary committee inventoried all the royal furniture and decided to sell more than 40,000 pieces in the years 1792-1793, including 17,000 from Versailles. The first auctions concerned the châteaux of Versailles and Compiègne. The furniture of the bedroom was sold on 7 Nivôse year II (27 December 1793) to citizen Dumont.
The Château de Versailles was able to buy back a large part of the furniture between 1945 and 1992, which was found thanks to the presence on certain pieces of a label bearing the inscription Pour la Reine à Versailles, chambre à coucher identified by Marguerite Jallut in the 1960s. Our fireplace screen is thus one of the last pieces of this royal furniture still in private hands.
The Etruscan style, a short-lived fashion at the end of the reign of Louis XVI
The decoration of columns, pilasters and palmettes is typical of the Etruscan style in vogue at the end of the 1780s in Versailles. This style, highlighted by the painter Hubert Robert (1733-1808) and his paintings of magnified ancient ruins, originated from objects found during excavations in southern Italy from the 1750s onwards. These ancient pieces were initially wrongly attributed to the Etruscans, a pre-Roman civilisation present from the 9th century BC. Many objects were identified as Etruscan by the Count of Caylus in his Recueil d'antiquités égyptiennes, étrusques, grecques et romaines, from 1752, which became the bible of neoclassical motifs.
The Etruscan style is defined by furniture often made of mahogany, with straight lines, decorated with Greek, lattice, columns, pilasters and palmettes. The finest example of this style is undoubtedly the furniture made in 1785 for the Rambouillet dairy by Georges Jacob, based on Hubert Robert's designs and under the direction of the comte d'Angivillier (1730-1810).
Marie-Antoinette commissioned the new furniture for her private bedroom in this style but with a lighter version as the furniture was originally painted in mauve and grey wood and the legs were more in the traditional Louis XVI style. However, this furniture was completed by a mahogany bed "with a column forming an archivolt and a cupola" (M. Jallut, op. cit. p.346), which was much more characteristic and was presented for sale on 4 Brumaire Year II (25 October 1793).
This refined, neoclassical fashion in mahogany or painted wood gave rise to the Directoire and then Consulat style, of which Georges Jacob's sons were the best representatives before becoming official suppliers under the Empire.
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Une commande royale pour de nouveaux appartements
L’aile du Midi du château de Versailles est celle réservée aux appartements des reines de France. Lorsque Marie-Antoinette devient reine en 1774, elle réinvestit les appartements du premier étage qui n’avaient plus accueilli de souveraine depuis la mort de la reine Marie Lesczynska en 1768. Mais Marie-Antoinette n’apprécie pas l’étiquette de la Cour et souhaite faire aménager des appartements privés pour son intimité. Avec la naissance de sa fille en 1778, elle souhaite également se rapprocher d’elle. La mort de Madame Sophie, sixième fille de Louis XV, en 1782 libère un grand appartement au rez-de-chaussée donnant sur la cour de marbre, la plus ancienne partie du château. Les travaux débutent en 1783 pour installer un appartement de trois pièces meublé tout d’abord avec des pièces déjà existantes. Il faut attendre 1788 pour que la reine reçoive un meuble neuf commandé à Georges Jacob dans le style étrusque, garni de soie bleue. De cette commande originale, la majorité est maintenant conservée au château de Versailles : deux bergères (une à Versailles V.14381), quatre fauteuils (trois à Versailles V.14381 ; le quatrième vente Christie’s Paris, 22 novembre 2022, lot 10), un fauteuil de toilette (V.5084), quatre chaises (deux à Versailles V.4824), deux tabourets (un à Versailles v.5274), un tabouret de pied (Versailles V.5416) un paravent, une corbeille et enfin un écran (lot présenté aujourd’hui).
Des ventes révolutionnaires au remeublement de Versailles
Suite au départ de Louis XVI et Marie-Antoinette le 6 octobre 1789 de Versailles vers Paris et le château des Tuileries, le mobilier reste sur place. Puis le comité révolutionnaire inventorie tout le mobilier royal et décide de vendre plus de 40 000 pièces dans les années 1792-1793, dont 17 000 provenant de Versailles. Les premières ventes aux enchères concernent les châteaux de Versailles et de Compiègne. Le mobilier de la chambre à coucher est ainsi vendu le 7 nivôse an II (27 décembre 1793) au citoyen Dumont.
Le château de Versailles a pu racheter une grande partie du mobilier entre les années 1945 et 1992 qui a pu être retrouvé grâce à la présence sur certaines pièces d’une étiquette portant l’inscription Pour la Reine à Versailles, chambre à coucher, identifié par Marguerite Jallut dans les années 1960. Notre écran de cheminée est ainsi l’un des derniers éléments de ce mobilier royal encore en mains privées.
Le style étrusque, une mode éphémère à la fin du règne de Louis XVI
La décoration de dossier curviligne, de colonnes, pilastres et de palmettes est typique du style à l’étrusque en vogue à la fin des années 1780 à Versailles. Ce style, mis en lumière par le peintre Hubert Robert (1733-1808) et ses tableaux de ruines antiques magnifiées, provient des objets trouvés lors des fouilles dans le sud de l’Italie depuis les années 1750. Ces pièces antiques ont dans un premier temps été attribuées aux Etrusques, civilisation pré-romaine présente à partir du IXème siècle av. JC, de manière erronée. De nombreux objets sont ainsi identifiés comme étrusques par le comte de Caylus dans son Recueil d’antiquités égyptiennes, étrusques, grecques et romaines, à partir de 1752 qui deviendra la bible des motifs néoclassiques.
Le style étrusque se définit par un mobilier souvent en acajou, à lignes droites, à décor de grecques, de croisillons, de colonnes, de pilastres et de palmettes. Le plus bel exemple de ce style est sans nul doute le mobilier réalisé en 1785 pour la laiterie de Rambouillet par Georges Jacob, d’après les dessins d’Hubert Robert et sous la direction du comte d’Angivillier (1730-1810).
Marie-Antoinette commande ainsi le nouveau mobilier pour sa chambre à coucher privée dans ce style mais avec une version assagie puisque les meubles sont en bois peint, à l’origine, en mauve et gris et dont les pieds sont plus de style Louis XVI traditionnel. Cependant ce mobilier était complété par un lit en acajou « à colonne formant archivolte et coupole » (M. Jallut, op. cit. p.346) beaucoup plus caractéristique, présenté en vente le 4 brumaire an II (25 octobre 1793).
De cette mode épurée, néoclassique en acajou ou en bois peint naîtra le style Directoire puis Consulat dont les fils de Georges Jacob seront les meilleurs représentants avant de devenir les fournisseurs officiels sous l’Empire.