Classic Design: Furniture, Silver and Works of Art

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View full screen - View 1 of Lot 362. A gilt-brass mounted kingwood veneered Campionario table, Italy, circa 1750   |    Table Campionario en placage de bois de violette, monture de laiton doré, Italie, vers 1750.

A gilt-brass mounted kingwood veneered Campionario table, Italy, circa 1750 | Table Campionario en placage de bois de violette, monture de laiton doré, Italie, vers 1750

Auction Closed

June 28, 03:24 PM GMT

Estimate

50,000 - 80,000 EUR

Lot Details

Description

A gilt-brass mounted kingwood veneered Campionario table, Italy, circa 1750 

 

the tray containing a set of 160 embedded samples of marble and jasper, opening onto a shelf with the names of the different stones in Italian

 

Height. 32 ¼ in, length. 43 in, depth. 31 ½ in

 

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Table Campionario en placage de bois de violette, monture de laiton doré, Italie, vers 1750

 

le plateau présentant un ensemble de 160 échantillons encastrés de marbres et de jaspes, ouvrant par une tablette avec les noms des différentes pierres en italien

 

Haut. 82 cm, larg. 109 cm, prof. 80 cm

The present example, one of the biggest and most complete campionari known to us today, collects a vast variety of samples of stones from the Sicilian Island, characterised by colorations that cover a vast chromatic array. During the second half of the Settecento, this type of composition competed, in the interest of connoisseurs and collectors, with the traditional campionari that were produced contemporarily with excavated marble species from Rome. Compared to the Roman ones, the southern collections of marbles and pietre dure reflected the interest of the time in mineralogy. However, it helps to keep in mind that the interest in and use of Sicilian jaspers had been used in the rest of the peninsula since antiquity, as attested by the use of Sicilian pietre dure in the Galleria del lavoro in Florence and the sacred buildings in Baroque Rome. During the third quart of the Settecento, when Sicily started to be included in the itinerary of the Grand Tour, these multicoloured stones with different grades of hardness, became a subject of study and part of international collections, also thanks to a series of specialised publications, which tried to determine the nomenclature.


In the treatise written by the Polish Count Michel-Jan de Borch (Lythographie Sicilienne ou catalogue raisonné de toutes les pierres de la Sicile, 1777), the most updated book of the time, the trading of Sicilian stone tiles is explicitly mentioned, including the names of few important craftsmen that created works such as this one: “it is in Palermo that you can collect samples of every species as well as finished artifacts… two are the first among the workers of the city: the first is called Toder and lives close to Porta Nuova, he is rich and he is expensive, but he sells only right and beautiful things. The second is Andrea Marchese and he lives close to San Giovanni di Malta”.


The book by Count Borch opens with a prise that is worth citing in order to better understand how much these Sicilian campionari were sought-after at the time: “Few are the countries of the old and new world that unite jaspers and agates, the granite and many other precious varieties, both for their rarity and the beauty of their colours, to the marble and alabaster caves… and it is with the aim that interested people will be able to judge and collect samples that I wrote this book”. J.W. Goethe was among the most inspired testimonies of this both theoric and hedonistic interest: he wrote on 13 April 1787 in Palermo “I visited the stones’ polishers… I purchased from them some specimens of the hard and soft stones; for it is thus that they usually designate the marble and agate, chiefly because a difference of price mainly depends on this difference of quality… A complete collection, such as I wished, is not to be had at present: it is to be sent after me to Naples”. Goethe’s quote on the difference between soft and hard stones helps to understand the inscription that accompanies each text on the table: the “soft” stones, which are calcareous, and the “noble”, which are siliceous, had the same value/rank although they had different prices, and that is why we find them used together in the multicolour inlay decorations typical of the Sicilian Baroque. Borch himself divided the Sicilian stones into different chapters: hard, semi-hard, soft.


The practise of creating analogies of this kind in the Kingdom of the Two Sicilies was also found in Naples, together with the study of vulcanology that was very popular at the time. Known are, for example, some tables with lava tiles from the Vesuvio, some part of numerous private English collections (The Marquese of Exeter at Burghley House and the Dukes of Northumberland at Alnwick Castle), others at the British Museum and in the Natural Science Museum in Madrid. The latter originally in the Spanish royal collections and recorded in the act of their moving from Naples to Madrid in 1759. Looking at the wood construction, the table can be dated to the third quarter of the Eighteenth century. The elegant forms that develop into controlled curves conform to typical models of the kingdom, with surfaces that take advantage of the veining of the exotic wood to create simple geometric motifs.


We thank Mr. Roberto Valeriani for his precious work regarding this item.


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Le présent exemple, l'une des tables campionari les plus grandes et les plus complètes que nous connaissons aujourd'hui, rassemble une grande variété d'échantillons de pierres de l'île sicilienne, caractérisées par des colorations qui couvrent une vaste gamme chromatique. Pendant la seconde moitié du XVIIIe siècle, ce type de compositions a rivalisé, dans l'intérêt des connaisseurs et des collectionneurs, avec les campionari traditionnels qui étaient produits en même temps que les espèces de marbre excavées de Rome. Par rapport aux collections romaines, les collections méridionales de marbres et de pierre dure reflètent l'intérêt de l'époque pour la minéralogie. Toutefois, il est utile de rappeler que l'intérêt et l'utilisation des jaspes siciliens étaient déjà présent dans le reste de la péninsule depuis l'Antiquité, comme l'atteste l'utilisation de pierres dures siciliennes dans la Galleria del lavoro de Florence et dans les édifices sacrés de la Rome baroque. Au cours du troisième quart du XVIIIe siècle, lorsque la Sicile commença à être incluse dans l'itinéraire du Grand Tour, ces pierres multicolores de différents degrés de dureté devinrent un sujet d'étude et firent partie de collections internationales, notamment grâce à une série de publications spécialisées qui tentèrent d'en déterminer la nomenclature.


Dans le traité du comte polonais Michel-Jan de Borch (Lythographie Sicilienne ou catalogue raisonné de toutes les pierres de la Sicile, 1777), le livre le plus actualisé de l'époque, le commerce des carreaux de pierre siciliens est explicitement mentionné, y compris les noms de quelques artisans importants qui ont créé des œuvres telles que celle-ci : "C'est à Palerme que l'on peut trouver des échantillons de chaque espèce ainsi que des objets finis... Parmi les ouvriers de la ville, deux sont les premiers : le premier s'appelle Toder et habite près de Porta Nuova, il est riche et cher, mais il ne vend que des choses justes et belles. Le second s'appelle Andrea Marchese et habite près de San Giovanni di Malta".


Le livre du comte Borch s'ouvre sur une phrase qui mérite d'être citée pour mieux comprendre à quel point ces campionari siciliens étaient recherchés à l'époque : "Peu nombreux sont les pays de l'ancien et du nouveau monde qui réunissent les jaspes et les agates, le granit et de nombreuses autres variétés précieuses, tant pour leur rareté que pour la beauté de leurs couleurs, aux grottes de marbre et d'albâtre... et c'est dans le but que les personnes intéressées puissent juger et collecter des échantillons que j'ai écrit ce livre". J.W. Goethe est l'un des témoins les plus inspirés de cet intérêt à la fois théorique et hédoniste : il écrit le 13 avril 1787 à Palerme "J'ai visité les polisseurs de pierres... Je leur ai acheté quelques spécimens de pierres dures et tendres ; car c'est ainsi qu'ils désignent habituellement le marbre et l'agate, principalement parce qu'une différence de prix dépend surtout de cette différence de qualité... Une collection complète, telle que je l'ai souhaitée, n'est pas disponible pour le moment : elle doit être envoyée après moi à Naples...". La citation de Goethe sur la différence entre les pierres tendres et les pierres dures permet de comprendre l'inscription qui accompagne chaque texte de la table : les pierres "tendres", qui sont calcaires, et les pierres "nobles", qui sont siliceuses, avaient la même valeur bien qu'elles aient eu des prix différents, et c'est pourquoi nous les trouvons utilisées ensemble dans les décorations de marqueterie multicolores typiques du baroque sicilien. Borch lui-même a divisé les pierres siciliennes en différents chapitres : dures, semi-dures, tendres.


La pratique de créer des analogies de ce type dans le Royaume des Deux-Siciles se retrouve également à Naples, en même temps que l'étude de la vulcanologie, très en vogue à l'époque. On connaît, par exemple, des tables avec des carreaux de lave du Vésuve, certaines faisant partie de nombreuses collections privées anglaises (le marquis d'Exeter à Burghley House et les ducs de Northumberland au château d'Alnwick), d'autres au British Museum et au Musée des sciences naturelles de Madrid. Ces dernières appartenaient à l'origine aux collections royales espagnoles et ont été enregistrées dans l'acte de leur transfert de Naples à Madrid en 1759. Si l'on considère la construction en bois, la table peut être datée du troisième quart du XVIIIe siècle. Les formes élégantes sont conformes aux modèles typiques du royaume, avec des surfaces qui tirent parti de la veinure du bois exotique pour créer des motifs géométriques simples.


Nous remercions M. Roberto Valeriani pour aide dans la rédaction de cette notice