Précieuses reliures du XVIe au XXe siècle de la collection d’un couple de bibliophiles

Précieuses reliures du XVIe au XXe siècle de la collection d’un couple de bibliophiles

View full screen - View 1 of Lot 89. Aziyadé. 1879. EO. Photo dédicacée à Sarah Bernhardt, avec manuscrit sur la véritable histoire d'Azyadé.

Loti, Pierre

Aziyadé. 1879. EO. Photo dédicacée à Sarah Bernhardt, avec manuscrit sur la véritable histoire d'Azyadé

Lot Closed

November 17, 02:29 PM GMT

Estimate

1,500 - 2,000 EUR

Lot Details

Description

Loti, Pierre


Aziyadé.

Paris, Calman Lévy, 1879.


In-12 (168 x 110 mm). Demi-maroquin bordeaux, chiffre doré au premier plat, dos à nerfs à fleurons et pointillés dorés, tranches marbrées (Reliure légèrement postérieure).

Frottements, coins émoussés, trace de mouillure, feuillets de faux-titre et de titre restaurés.


Avec une photographie dédicacée à Sarah Bernhardt, suivie du long récit du véritable destin de l'auteur et d'Aziyadé.


Édition originale, dont il n’a pas été tiré de grand papier.


Premier roman de Pierre Loti, paru sans nom d’auteur en janvier 1879, alors que le jeune aspirant poursuit sa carrière de marin sous le nom de Julien Viaud, Aziyadé relate son idylle de quelques mois avec une jeune femme de Salonique, alors qu’il sert sur une canonnière croisant sur les côtes turques.


Photographie dédicacée à Sarah Bernhardt, à l'encre, sur une page de garde :

"à madame Sarah Bernhardt

Madame

Le pauvre garçon que vous avez

appelé une fois Pierre le fou vous offre

humblement cette histoire qui est la sienne.

Peut-être ne la lirez-vous même pas, mais

Pierre Loti n’en saura rien, puisqu’il ne reviendra

plus.......

Pierre".


Le portrait de Loti en uniforme de l’École navale, vareuse et bonnet de marin (photographie, tirage de l’époque sur papier albuminé, 90 x 54 mm) est contrecollé au-dessus de l'envoi.


Un très curieux manuscrit autographe destiné à Sarah Bernhardt suit cet envoi (5 p., signé, daté du 23 janvier [18]79). En dix très brefs chapitres numérotés comme faisant suite au roman, de XXIII à XXXII, l'auteur confie la véritable histoire d’Aziyadé : "Ici finit la très véridique histoire d'Aziyadé et de Loti. Le reste, à l'usage du public, n'est que fiction. [...] Le vrai est que la pauvre petite Aziyadé ne mourut pas. Elle souffrit beaucoup seulement ; ─ elle le dit du moins dans ses lettres à Loti ─ et languit tristement dans le harem de son maître". Se trouvant à Paris en juin 1878, Loti évoque ses rencontres avec une Sarah Bernhardt, femme adulée et enviée, qui accepta un jour de le recevoir : "Loti demeura fort calme en apparence devant cet accueil inespéré qui au fond l’avait enivré. […] Quand il fut parti, le charme de la dame lui monta à la tête, comme la fumée d’un parfum qui vous grise. Vue de près, cette femme n’était plus la tragédienne admirable, la grande dame imposante qui l’avait ébloui ; son charme était autre ; c’était quelque chose d’inattendu, d’intime et de délicieux. Loti l’avait trouvé adorablement jolie, adorablement jeune, ─ et surtout adorablement femme".

Comme Sarah Bernhardt, jamais nommée ici, ne répond pas aux lettres enflammées qu’il lui écrit, Loti demande son embarquement pour tâcher de l’oublier, mais en vain. "Loti reçoit encore de loin en loin les petits grimoires d’Aziyadé. Comme autrefois, il les lit et y répond. Mais, hélas ! l’âme n’y est plus…. Moralité : Le pauvre Pierre souffre, et s’aperçoit qu’il a joué à Paris un jeu fort terrible…. Pierre (en mer, 23 janvier 79)".


La photographie et ces pages manuscrites ont été reliées en tête de l'exemplaire par un amateur.


[On joint :]

Lexique franco-turc, manuscrit autographe (une p. in-8 sur un bifeuillet, traces de pliures) : Loti a retranscrit une quinzaine d’expressions ("Donnez-moi", "Je le veux absolument", "Je viens de", "Je vais à", "Police", "hier soir"…).

Chiffre "MCP" frappé sur le coin du premier plat (non identifié).