Un cabinet de curiosités bibliophiliques : de Dürer à Alechinsky
Un cabinet de curiosités bibliophiliques : de Dürer à Alechinsky
Livres illustrés modernes (lots 172 à 253)
Le Courtisan grotesque. Iliazd, 1974. Avec envoi illustré d'un dessin original signé.
Lot Closed
June 22, 04:00 PM GMT
Estimate
10,000 - 15,000 EUR
Lot Details
Description
Livres illustrés modernes
MIRÓ, JOAN ─ ADRIEN DE MONLUC
Le Courtisan grotesque.
[Paris], Le Degré quarante et un, 1974.
ENVOI AUTOGRAPHE SIGNÉ ET ILLUSTRÉ À UNE COLLABORATRICE DE MAEGHT.
In-folio (440 x 325 mm). En feuilles, couverture de parchemin à rabats, illustrée par Miró, recouverte d'une chemise de papier Auvergne brune.
Sans chemise ni étui. Reports habituels.
16 illustrations en couleurs de Miró, dont une pointe sèche et aquatinte pour la couverture et 15 eaux-fortes et aquatintes hors texte à double page.
Un des trois exemplaires sur Auvergne Richard-de-Bas, non numérotés, tirés en plus des 77 exemplaires numérotés sur ce même papier. Signé à la justification par Miró et Iliazd.
Envoi autographe signé adressé à Marguerite Benhoura, sur une page de garde :
"Pour Marguerite
l’ange Bienveillant
de mes gravures
De tout cœur.
26.XII.73
Miró".
Cet envoi est illustré d'une grande composition abstraite à la mine de plomb.
L'ADOM a confimé l'authenticité de ce dessin (certificat joint).
Comme tous les ouvrages publiés par Iliazd, Le Courtisan grotesque est une œuvre où l'invention typographique et la mise en page originale concourent pleinement à la beauté de la publication, autant que les brillantes illustrations de Miró. Cet ouvrage est devenu rapidement un des grands classiques illustrés de l'artiste.
Le projet éditorial, commencé en 1953, mit des années à se concrétiser puisque l'ouvrage ne parut qu'en 1974, avant la mort d'Iliazd survenu en mai 1975.
"Une composition dansante, détournée, contestant, confirmant le texte, et le sublimant à la verticale. Un accord et une contradiction qui ne pouvaient que donner le mouvement le plus vif au lyrisme de Miró. Fallait-il s’incliner devant la discipline du texte ainsi typographié ou délirer à partir des mots, des phrases et des dissonances du texte, d’un autre siècle de surcroît ? Il fallait ne renoncer ni à l’un ni à l’autre. Ce que Miró fit, conduit par une double extravagance, en un dessin gratté, modulé, désinvolte mais, pour chaque personnage, inventé. De la couleur en aplats, en projections, en pulvérisations, conduisant la lumière" (Jacques Dupin, Miró graveur, IV, p.12).
En 1952, l'éditeur et typographe révolutionnaire qu'était Iliazd avait déjà ressuscité un texte de l'écrivain satirique et libertin Adrien de Monluc, avec La Maigre illustré par Picasso.
Personnage important et méconnu, A. de Monluc alias le comte de Cramail ou plus exactement de Caraman (1571-1646) fut un grand aristocrate ligueur. Rallié à Henri IV puis à Louis XIII, il passa de longues années à la Bastille, en but à l'hostilité de Richelieu.
Très bel exemplaire parfaitement conservé tel que paru.
PROVENANCE:
Marguerite Benhoura (envoi).
Collaboratrice de la galerie Maeght, Marguerite Benhoura (1903-1987) s'occupait de la gestion des gravures de Miró, qui la décrit comme la "fée miraculeuse des archives" ou comme "l'Ange bienveillant de [s]es gravures" (dans ses dédicaces). Elle lia un rapport étroit d’amitié et d’estime avec l’artiste, qui lui fit cadeau de plusieurs de ses livres entre 1970 et 1979, souvent des exemplaires hors commerce qu’il gardait pour ses proches. Une lettre de Marguerite Benhoura, quand elle reçoit L'Enfance d'Ubu, est l’objet de réjouissances partagées avec Miró : "Je viens de recevoir mon exemplaire nominatif de l'Enfance d'Ubu […] cela fait vraiment plaisir. Mais vendredi a décidé Miró, soirée au Moulin Rouge car il veut rire, dit-il. Moi obligée de sortir […] mais les yeux pétillants de Miró et son plaisir d'enfant sont tellement agréables à voir" (lettre familiale, 1976). En 1974, elle est l’un des auteurs du catalogue Miró : l'œuvre graphique pour l’exposition au Musée d'art moderne de la ville de Paris.
LITERATURE:
Cramer, 182.