Art d'Afrique, d'Océanie, d'Indonésie et des Amériques
Art d'Afrique, d'Océanie, d'Indonésie et des Amériques
Lot Closed
December 16, 02:29 PM GMT
Estimate
120,000 - 180,000 EUR
Lot Details
Description
Statue, Tshokwe, Angola
haut. 41 cm ; 16 1/4 in
Tshokwe Figure, Angola
Loudmer et Poulain, Paris, Arts Primitifs, 24 juin 1981, n° 155
Collection privée belge
Sotheby's, New York, Arts of Africa, Oceania & the Americas, 15 mai 2003, n° 90
Importante Collection privée européenne, acquis lors de cette vente
De Carvalho Henrique Augusto Dias, Expedicao portuguesa ao Muatian vua (1884-1888). Ethnographia e historia tradicional dos povos da Lunba, 1890.
Bastin Marie-Louise, La Sculpture Tshokwe, Alain et Françoise Chaffin, 1982 : p. 153, fig. 87
« De la calotte principale s’élève vers l’arrière une sorte de corne, et en avant un diadème ; deux bandes de tissu descendent le long des joues ». Marie-Louise Bastin décrit en ces termes, dans La Sculpture Tshokwe, la coiffe complexe caractéristique de l’art Tshokwe. Cet arrangement de la coiffe se retrouve dans cette rare sculpture et se distingue des canons classiques par trois cornes fichées au sommet du crâne. Les cornes, véritables ou sculptées, sont par ailleurs récurrentes dans la statuaire Tshokwe tantôt dans les mains des chefs, tantôt au sommet des coiffes (Bastin, La Sculpture Tshokwe, 1982 : fig. 79, p. 140) ou sur des sifflets (Bastin, La Sculpture Tshokwe : fig. 160). Elles symbolisent selon Marie-Louise Bastin des charmes de chasse ou des cornes à médicament, renforçant ainsi la portée rituelle de ce type de représentation.
Une autre particularité de cette statue est sa tête amovible, qui la distingue de la statuaire anthropomorphe classique pour l’assimiler aux objets d’apparat de cour, et particulièrement aux objets liés à la consommation de tabac. Cette hypothèse est renforcée par la comparaison avec les tabatières n° 146a et 146b dans La Statuaire Tschokwe, pour lesquelles la tête forme bouchon. La seconde statue connue de ce type est celle de la collection Stillman (Segy, African Sculpture, Dover, 1958 : n° 132), arborant une coiffe similaire avec deux cornes sculptées, un diadème et une barbe stylisée.
Les jambes fléchies, symbole de la « vitalité potentielle de l’être représenté » (Bastin dans La Sculpture Tshokwe) ainsi que les tresses de la coiffe, que l’on retrouve très souvent en tissu tressé sur les masques Pwo et parfois en matière organique dans la statuaire, rattache notre statue aux canons classiques de l’art Tshokwe. Ces éléments, auxquels s’ajoutent les yeux en amande, les mains en avant comparable au geste taci, signe de force et de puissance selon Marie-Louise Bastin, participent à l’impression d’hiératisme et de dynamisme de la statue, ainsi qu’à sa fonction probable d’objet d’apparat de chef.