Livres et Manuscrits : de Cervantès à Houellebecq
Livres et Manuscrits : de Cervantès à Houellebecq
Westwego. Poèmes. 1922. Rel. Jean de Gonet. Exemplaire de Marcel PROUST, avec envoi
Lot Closed
June 25, 02:58 PM GMT
Estimate
7,000 - 10,000 EUR
Lot Details
Description
Soupault, Philippe
Westwego. Poème. 1917-1922.
Paris, Éditions de la Librairie Six, 1922.
In-8 (235 x 165 mm). Plats rigides en médium vernis et cuirs faux-tressé rouge et olive disposés selon un schéma en biais ; quatre rivets d’ébène ponctuent la bordure des peaux, couture sur deux lanières de nubuck noir, doublure de nubuck rouge, gardes de papier noir, couverture, étui à dos de veau rouge (J. de Gonet, 2005).
Petite tache en pied du premier plat.
EXCEPTIONNEL ENVOI D’UN DES FONDATEURS DU SURRÉALISME À MARCEL PROUST.
DANS UNE RELIURE EN BIAIS DE JEAN DE GONET.
Édition originale tirée à 318 exemplaires. Elle est illustrée de deux empreintes de la main de l’auteur.
Un des 300 exemplaires sur papier vergé du tirage courant.
Envoi autographe signé, inédit, sur une page de garde :
"À Marcel Proust
'il est inépuisable le vocabulaire
de l’hypocrisie et de l’injustice'
Les images des grands persécutés
resplendissent.
Mes respectueuses amitiés
Philippe Soupault".
La citation de cet envoi est extraite de De l’esprit de conquête et de l'usurpation de Benjamin Constant. Soupault considérait-il Marcel Proust comme un "grand persécuté" ?
Le jeune Philippe Soupault avait rencontré Proust à Cabourg en 1913, ainsi qu’il le raconte longuement dans Profils perdus (1963 ; voir ci-dessous). Soupault ne le savait pas écrivain alors, ni qu'il rédigeait À la recherche du temps perdu, mais attiré par l’étrangeté du personnage, il avait tenu à faire sa connaissance. Sur la terrasse du Grand Hôtel, Proust lui adressa la parole "parce qu’il avait appris que j’étais le fils d’une de ses jeunes filles en fleurs".
Plus tard, en 1919, Proust recevra de la part de Breton et de Soupault un exemplaire des Champs Magnétiques (voir https://www.sothebys.com/en/auctions/ecatalogue/2018/livres-et-manuscrits-pf1803/lot.186.html et Corr., XIX, n° 218).
Westwego, l’un des plus beaux poèmes de l’auteur, est achevé d’imprimer le 31 mars 1922, quelques mois avant la mort de Proust. On ne sait ce que ce poème plein de charme et d’images inventives d’un réalisme décalé, sur un thème classique traité avec toute la spontanéité apportée par le surréalisme, put évoquer à l’auteur de Swann, mais il fut sans doute particulièrement sensible à ces vers : "Ma mémoire ne me quittait pas d’une semelle. / Ma mémoire me suivait comme un petit chien".
Jean de Gonet, jouant avec les codes de la reliure, reprend le modèle des "demi-reliures à coins" en déplaçant un des coins extérieurs, habituellement ainsi renforcé, pour le placer près du dos. Jouant également avec les matériaux, il mêle un médium à un maroquin, qu’il travaille d’un motif tressé.
Référence : Fr. Schuerewegen, "Quelques progrès dans l'étude du dadaïsme proustien", in Introduction à la méthode postextuelle, l'exemple proustien, Garnier, 2012 (p. 163-180).