La Polynésie Découverte : Collection Charles-Edouard Duflon

La Polynésie Découverte : Collection Charles-Edouard Duflon

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Dague pahoa, Îles d'Hawaï | Pahoa dagger, Hawaii Islands

Auction Closed

November 30, 02:56 PM GMT

Estimate

50,000 - 70,000 EUR

Lot Details

Description

Dague pahoa, Îles d'Hawaï

long. 66,5 cm ; 26 in


Probablement acquis in situ lors du troisième voyage de James Cook, 1776-1780 puis Leverian Museum, Londres et Vente Collection du Leverian Museum, Londres, mai 1806
Collection privée européenne
Patrick Mestdagh, Bruxelles, 1999
Collection Charles-Edouard Duflon, Genève

BADNEA, Belgian Association of dealers in non-european art, IX, 8 juin 1999 : pp. 84-85.

Rossi M., Un bernois nommé Wäber. Johann Wäber - John Webber. Peintre et dessinateur du troisième voyage du Capitaine Cook, Editions D, 2008 : p. 63.

Berne, Galerie Duflon & Racz, Un bernois nommé Wäber. Johann Wäber - John Webber. Peintre et dessinateur du troisième voyage du Capitaine Cook, 3 - 18 octobre 2008
L’on a tous en tête cette image fameuse de la mort du capitaine James Cook (1728-1779) dans ces îles alors connues sous le nom d’Îles Sandwich. Après un séjour pacifique sur l’archipel de plus de trois mois, celui-ci fut, en effet, assassiné sur une plage de la Grande île d'Hawaï à la suite d’une série d’altercations entre avec les autochtones. Alors qu’un heurt brutal contraint les britanniques à se retirer sur la plage, Cook se tournant contre son camp pour faire cesser le feu se fait poignarder dans le dos par un indigène avec une pahoa de ce type et est ensuite battu à mort.

C’est par ailleurs un an plus tôt en 1778, lors de son séjour à Kauai, première des îles Hawaii qu'il ait découverte, que Cook alors capitaine du HMS Resolution fait la première mention de ces poignards pahoa notant : « ils possèdent une sorte d'arme que nous n'avons jamais vue auparavant et qui n'est mentionnée par aucun navigateur comme étant utilisée par les indigènes des mers du Sud. Il s'agit d'une sorte de dague, d'environ un pied et demi de long, les deux côtés de la lame aiguisés, et maintenue au poignet par une corde. Elle est utilisée comme poignard dans un corps à corps et semble parfaitement adaptée à cet usage » (Cook, 1785, vol. 2 : p. 247). Tout comme celle-ci la plupart de ces dagues ont été collectées lors du troisième voyage de Cook et sont aujourd'hui majoritairement conservées dans des musées occidentaux. Celle-ci aura ainsi été accueillie au Leverian Museum à Londres, le musée d’histoire naturelle et d’ethnographie voulu par Sir Ashton Lever (1729-1788) dont les collections furent dispersées aux enchères en mai 1806.

Cette rare pahoa est réalisée à partir d’un rostre d’espadon sculpté en forme de lame acérée sur les côtés. On en connaît plusieurs exemples en bois noir de kauila datant du XVIIIème siècle comme celle de la collection Georges Ortiz (n° inv. 276), une autre passée en vente Sotheby’s, Paris, 04 décembre 2008, n° 70 et celle du Musée Historique de Berne rapportée par John Webber (1751-1792). Enfin deux autres rares témoins de pahoa en rostre d’espadon sont conservés au Bishop Museum d’Honolulu (n° inv.   1977.206.014 de la Collection Hooper et n° inv. 1979.053.001).

Cette pahoa de la Collection de Charles-Edouard Duflon est remarquable en tout point. En plus de son origine et de son histoire, elle présente une harmonie de lignes proche de la perfection. La lame avec son arête centrale, sa forme effilée sur les côtés et se terminant par une poignée percée de deux trous destinée à accueillir les liens illustre ainsi l’esthétisme formel cher aux polynésiens et témoigne par ailleurs de leur génie à allier fonctionnalité et beauté plastique.