Proust, Marcel

Proust, Marcel

Lettre autographe signée à Reynaldo Hahn. [Avant le 25 mars 1912.]

3 pages in-12 (180 x 133 mm), sur un bifeuillet, filigrane "Imperial Diadem". Signé "Marcel". Trace d'onglet, pliure médiale.

REYNALDO COMPARÉ À MOLIÈRE ET À MOZART.

Évoquant des semaines qu’il n’oubliera "jamais" à Saint Cloud [en 1896-1897] avec sa sœur Maria, il essaie de consoler Reynaldo, dont la mère est au plus mal : "Votre mère a semé autour d'elle des graines de bonté et de beauté, et je crois voir comment vos deux sœurs sont près d'elle. Quant à vous mon cher gentil vous faites plus encore, non qu'elles n'aient aussi bon cœur mais parce qu'il ne leur est pas donné de pouvoir apporter à votre mère la joie particulière que doit être pour elle que vous meniez Don Juan." Le compositeur, qui devait en effet diriger le Don Juan de Mozart à l'Opéra-Comique, est d'abord comparé à Molière jouant le Malade imaginaire alors qu'il était malade ("Et vous vous le faites en faisant à tous ces gens de l’Opéra-Comique comme genstil Molière qui si malade jouait le Malade imaginaire pour tous les gens de son théâtre"), puis à Mozart, qui avait la même gentillesse ("Et autrement pauvre Mozart aussi. J’ai lu qu’il était gentil comme vous pour un de ses amis, je ne me rappelle plus le nom. Gainsborough a peinturluré la femme ou la fille de cet ami que Mozart idolâtrait"). Il termine cette lettre à son "Bon petit gentil" par un "Adieu mon gumimels".

S'adressant à son ami, Proust employait souvent à partir de 1906 ce "lansgage" amusant pour le distraire de sa mélancolie naturelle, encore accentuée dans cette période où la santé de Mme Hahn déclinait — elle devait décéder le 25 mars 1912, peu avant la générale du Don Juan, prévue le 29 avril 1912.

Référence : absente de Kolb. -- Fr. Leriche, "Lettres inédites du "Kolb-Proust Archive", Bulletin d'informations proustiennes, n° 26, p. 16. -- Lettres, éd. Fr. Leriche, Plon, 2004, n° 311.