Apollinaire, Guillaume

Apollinaire, Guillaume

Lettre autographe signée à Lou. Nîmes, 7 janvier 1915.

2 pages in-4 (276 x 217 mm) à l’encre noire, signée "Gui". Plis marqués avec une petite fente au pli central."

MON AMOUR POUR TOI EST AUSSI UN PROJECTILE, UN PETIT ASTRE, UN OBUS QUI PART DE MOI...".

Apollinaire décrit la vie de caserne, ses repas -- dont celui du jour en compagnie de son ami Nicolini -- les leçons d'artillerie et d’équitation qu'il suit mais sa pensée est toujours tournée vers Lou : "Mon amour pour toi est aussi un projectile, un petit astre, un obus qui part de moi, décrivant une trajectoire qui t'atteint sans cesse et éclate de façon à t'envelopper de toutes les forces que je mets à t'aimer".

À propos de Cendrars. Il a reçu une lettre de son cher maître Élémir Bourges de l’Académie Goncourt, ainsi qu’une autre de Blaise Cendrars, "un poète suisse qui à mon avis constitue avec moi et Fleuret la seule trinité de poètes qui aient aujourd'hui un talent véritable et du lyrisme. Il s'est engagé au 3^e rég. de marche du I^er étranger et est maintenant près du front. Comme il ne peut pas dire où il est (étant d'un rég. étranger), il m'a écrit : 'je ne peux pas vous dire où nous SOMME', pour me faire comprendre qu'il est dans la Somme. Comme cette guerre excite l'ingéniosité !".

Cette lettre de Cendrars (recueillie dans Lettres reçues par Apollinaire, éd. V. Martin-Schmets, I, p. 631) évoque sa vie de tranchées en pleine ligne et des amis comme Kupka ou Kisling, eux aussi sur le front.

Depuis le 5 janvier 1915, Apollinaire a réussi à échapper aux corvées pour suivre les cours des élèves officiers, devant assimiler de nombreuses théories militaires, sur les mesures angulaires, la trajectoire des projectiles et le défilement [disposition sur le terrain d’un ouvrage d’artillerie]. À cette date, il a déjà fait la rencontre de Madeleine Pagès et si cette lettre se clôt sur des évocations charnelles sans ambiguïté à l’égard de Lou -- qui lui écrit encore -- les deux amants ne devaient plus se revoir que deux fois avant que leur liaison ne se délitât tout à fait.

Référence : Correspondance générale, éd. V. Martin-Schmets, t. 2/1, n° 662.