Bibliothèque littéraire Hubert Heilbronn
Bibliothèque littéraire Hubert Heilbronn
La philosophie dans le boudoir. [Paris], 1795. 2 vol. in-12. Reliure de l'époque. Rare édition orignale.
Auction Closed
May 11, 05:00 PM GMT
Estimate
30,000 - 40,000 EUR
Lot Details
Description
[SADE, Donatien Alphonse François, marquis de]
La Philosophie dans le boudoir, ouvrage posthume de l'auteur de Justine. La mère en prescrira la lecture à sa fille. A Londres [Paris], aux dépens de la Compagnie, 1795.
2 volumes in-12 (123 x 75 mm). Veau noir, dos lisse orné de fers dorés, pièces de titre et de tomaison de veau rouge, tranches mouchetées (Reliure de l’époque). Étui moderne. Papier un peu jauni. Déchirure avec perte de quelques lettres en pied de la page 27 du tome II, cahiers N-P du tome II uniformément brunis et petit défaut de papier p. 165 affectant la lecture du texte. Mors et charnières discrètement restaurés.
TRÈS SÉDUISANT EXEMPLAIRE EN VEAU NOIR DE L'ÉPOQUE.
Édition originale, publiée sous le sceau de l’anonymat, de ce recueil de sept dialogues philosophiques "d’une liberté totale de langage et dont les répliques forment souvent de véritables dissertations où la métaphysique, la morale et l’histoire s’entrelacent avec la sexologie" (Gilbert Lely).
Mme de Saint-Ange, épaulée par son frère et Dolmancé, s’attèle à l’éducation de la jeune Eugénie et l’engage à n’écouter que ses passions.
L'ouvrage est illustré d’un fleuron (répété sur les titres) et d’un bandeau gravés sur bois, d'un frontispice et de quatre figures érotiques hors texte, gravés sur cuivre.
L’édition date du second semestre 1795 : Sade, en liberté, peut surveiller l’impression de ses livres. S’il distille ici sans vergogne sa doctrine, le "divin marquis" prend soin de publier son texte comme posthume. Ce livre, dédié aux libertins par des "instituteurs immoraux", "se révèle en tout cas brillant, étincelant même dans son persiflage et ses paradoxes" (M. Delon in Œuvres, Pléiade, III, p. IX-X).
Le cinquième dialogue présente la lecture du pamphlet : Français, encore un effort si vous voulez être républicains, dans lequel Sade somme la Révolution de libérer les passions, aussi perverses soient-elles, fustige le despotisme et s’insurge contre la peine de mort.
Longtemps interdite par la censure, La Philosophie dans le boudoir exerça néanmoins une grande influence. "Petits romantiques et surréalistes ont lu La Philosophie dans le boudoir comme un grand poème du désir ; les gouvernements depuis deux siècles ont préféré n'y voir que de la pornographie dont ils ont réprimé la diffusion et qu'ils ont voué à l'Enfer des bibliothèques" (M. Delon).
Référence : Cohen, 922. -- En français dans le texte, 195. -- Pia, Enfer, 593 ("On remarquera que l'ouvrage, attribué à ‘l'auteur de Justine', est qualifié de posthume. Sade était bien vivant, mais, comme l'a noté Gilbert Lely [...], par cette supercherie il s'ouvrait le ‘refuge du tombeau' et associait la fortune de son nouveau livre à la célébrité d'un roman dont trois années de vente active n'avaient pas tari le succès)".