Tableaux Dessins Sculptures 1300-1900
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Lot Details
Description
HENRI LEHMANN
Kiel 1814 - 1882 Paris
ALLEGORY OF HUMAN LIFE OR THE AGES OF LIFE
Oil on canvas; monogrammed lower left HL
88,4 x 128,7 cm ; 34 3/4 by 50 2/3 in.
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HENRI LEHMANN
Kiel 1814 - 1882 Paris
ALLÉGORIE DE LA VIE HUMAINE OU LES TROIS ÂGES DE LA VIE
Huile sur toile ; monogrammé en bas à gauche HL
88,4 x 128,7 cm ; 34 3/4 by 50 2/3 in.
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In this unusual iconography, unique in Henri Lehmann’s œuvre, we suggest that the viewer is being offered an illustrated microcosm of a complete life, reduced to its most important stages. Lehmann presents himself as an erudite painter of the ages of man, using a concept inherited from antiquity, no doubt enriched with a scholarship whose details are unknown to us. Sketches of a kneeling figure similar to the old man in the present composition are itemised in the catalogue raisonné, although it has not proved possible to match them to a known composition.
Lehmann was a pupil of Ingres, the great master of classicism, who passed on his love of antiquity and the Italian Renaissance, as well as the importance of becoming familiar with them in order to draw and paint with accuracy. Born in 1814, Lehmann trained for a time with his father before joining the studio of the master he would never really abandon. His German origins prevented him from competing for the Grand Prix but he exhibited at the Salon from 1835 onwards. In Paris, he lived with his uncle, a wealthy banker and art lover, whose salons he frequented. Here he associated with Chopin, Liszt and Gérard. These social occasions were an opportunity for him to promote his recognised talents as a portrait painter and to establish strong connections with his models. It was in this way that he developed a close friendship with Liszt and his mistress Marie d’Agoult: Lehmann’s portraits of the couple are now in the Musée Carnavalet.
After Ingres became director of the Villa Medici, a post he held between 1835 and 1841, Lehmann remained very close to his master and continued to send him his compositions in order to obtain advice from the mentor he admired. He finally joined him in Rome in 1838.
In the present composition, Lehmann pays a double tribute to his master. Ingres was a great admirer of the painters of the Italian Renaissance, regarding them as having reached the apotheosis of pictorial art, and was much inspired by them in his own compositions. Through his languid figure in the foreground, Lehmann reminds us that like his master he is familiar with Venice and the artists of the Cinquecento. While his focus is not on the sensuality of the female figure as painted by Giorgione and Titian, the link is evident in the pose. Further, with the layering of horizontal space, Henri Lehmann draws the viewer’s eye from scene to scene, increasing the sense of depth. While a broad interpretation is needed in order to understand the painting, the ambiguous symbolism that stems from the absence of any title given by the artist perpetuates the viewer’s questions, recalling certain Venetian works.
Beyond this inspiration, Lehmann was almost certainly influenced by the Neo-Gréc movement, whose followers saw themselves as being in the Ingres tradition. Ingres himself did not remain impervious to the trend and committed himself to it for a time. Reference to antiquity, which had been important since the eighteenth century, thus evolved around the 1840s. Until then, antiquity had been represented with austere compositions, but now it became a theatre of idyll and dreams, combining the serious with the suggestive. Lehmann was undoubtedly inspired by Neo-Gréc in the present painting, which shows the stages of life unfolding. Thus, it might be tempting to see a life beginning in the background, where two young people are being invited to join a circle of dancers, and its progress to the next stage manifested in the standing couple seen from the back, whose physical connection seems to anticipate the foreground scene. Here, they have reached adulthood, symbolised by the arrival of a child. Finally, the twilight of life is expressed in the figures sitting at the base of a tree, with the soft light of the growing darkness falling upon them.
The neoclassical frieze construction is here broken by the two couples on the right, but the teaching of drawing as the basis for everything is still apparent in Lehmann’s figures, finely delineated with gracefully floating drapery. The palette too has become warmer and more varied. Throughout his career, many critics judged Lehmann’s colours to be cold, arid, even archaic, but here on the contrary the warmth of the tints draws us into the ambience of a summer evening. Without succumbing to melancholy, life continues to resonate in the music and dance whose echo fills the furthest planes.
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Iconographie singulière et inédite dans l’œuvre d’Henri Lehmann, nous proposons à celui qui la regarde d’y voir le microcosme d’une vie entière résumée à ses grandes étapes. Conception héritée de l’Antiquité, sans doute enrichie d’une érudition qui nous échappe ici, Lehmann se fait le peintre savant des âges de l’homme. Des croquis d’une figure agenouillée semblable au vieillard de notre composition sont recensés dans le catalogue raisonné, sans que toutefois nous ne puissions les rapprocher d’une composition connue.
Élève d’Ingres, le grand maître du Classicisme lui transmet son amour de l’Antiquité, de la Renaissance italienne et la nécessité de s’en approcher pour dessiner et peindre avec justesse. Né en 1814, Lehmann se forme un temps chez son père avant de venir dans l’atelier de celui qu’il ne quittera jamais vraiment. Ses origines allemandes ne lui permettent pas de concourir au Grand Prix mais il expose au Salon dès 1835. A Paris, il vit par ailleurs chez son oncle, riche banquier, amateur d’art et dont il fréquente les salons. C’est là qu’il se lie avec Chopin, Liszt et Gérard. Ces relations mondaines sont pour lui l’occasion de proposer ses talents reconnus de portraitiste et de nouer des liens très forts avec ses modèles. Il se lie ainsi d’une amitié profonde avec Liszt et sa maîtresse Marie d’Agoult, dont les portraits par Lehmann sont aujourd’hui au musée Carnavalet.
Resté très proche de son maître Ingres, devenu directeur de la Villa Médicis où il officie entre 1835 et 1841, Lehmann continue de lui envoyer ses compositions afin d’avoir l’avis de celui qu’il admire et finit par le rejoindre en 1838.
Dans notre composition, l’hommage au maître est double. Grand admirateur de la Renaissance italienne dont les peintres sont d’après lui parvenus au sublime de l’art pictural, Ingres s’en inspira beaucoup dans ses propres compositions. Avec sa figure alanguie au premier plan, Lehmann nous rappelle qu’à l’instar de son maître dans son Jupiter et Antiope, il a vu Venise et les artistes du Cinquecento. S’il n’insiste pas sur la sensualité des figures féminines de Giorgione et Titien, le lien se fait dans la pose. Plus encore avec cette superposition de l’espace horizontal, Henri Lehmann invite notre regard à passer de scène en scène et à gagner en profondeur. Si une interprétation globale doit être appréhendée afin de comprendre le tableau, la symbolique ambigüe due à l’absence de titre donné par l’artiste, entretient les interrogations du spectateur et nous rappelle certaines œuvres vénitiennes.
Au-delà de cette inspiration, Lehmann est sans doute touché par le courant néogrec dont les membres se plaçaient dans la lignée d’Ingres. Ce dernier lui-même n’y était pas resté insensible et s’y adonna un temps. La référence à l’Antiquité, prégnante depuis le XVIIIe siècle, évolue ainsi vers les années 1840. Mise en scène par des compositions rigoureuses jusqu’alors, elle devient le théâtre de l’idylle et de l’onirisme, mêlant au sérieux le scabreux. Lehmann a sans doute été touché par la mouvance néogrecque dans son tableau où les étapes de l’existence défilent. Nous serions ainsi tentés de voir une vie qui débute à l’arrière-plan où deux jeunes gens sont invités à rejoindre la ronde dansante ; puis se poursuit jusqu’au couple debout de dos et dont le lien physique préfigure la scène du premier plan. Parvenu à l’âge adulte symbolisé par la venue de l’enfant, le crépuscule de la vie résonne finalement dans les figures sous l’arbre, éclairées par la lumière douce du soir naissant.
La construction néoclassique en frise est ici rompue par les deux couples à droite, mais l’enseignement du dessin comme base de tout reste sensible dans les figures de Lehmann aux traits fins et aux drapés flottant délicatement. La palette quant à elle, devient plus chaude et diverse. Ainsi, si au fil de sa carrière, nombreuses avaient été les critiques à juger les coloris de Lehmann froids, secs voire même archaïques, là au contraire, les teintes se font chaudes et nous plongent dans l’atmosphère d’un soir d’été. Sans céder à la mélancolie, la vie continue de résonner dans la musique et la danse dont l’écho occupe les plans les plus reculés.