Livres et Manuscrits
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Lot Closed
June 30, 01:00 PM GMT
Estimate
7,000 - 10,000 EUR
Lot Details
Description
[LORRAIN, JEAN] -- ANTONIO DE LA GANDARA
PORTRAIT DE JEAN LORRAIN.
[1902.]
Huile sur toile. 154 x 97 cm. Encadrement bois, probablement d'origine.
"C’est mieux qu’un portrait, c’est une vision, presque un spectre, un fantôme, c’est toute l’âme de M. de Phocas" (Jean Lorrain).
Exemplaire de la collection personnelle du peintre.
Ce portrait est identique au portrait de Jean Lorrain par La Gandara conservé au Musée d'Orsay. La Gandara réalisa deux portraits similaires de Jean Lorrain, dont aucun des deux ne fut accroché chez l’écrivain. Notons qu'une étude de ces portraits, de format plus petit, est conservée au Musée Carnavalet.
Antonio de La Gandara (1861-1917) jouissait de son vivant d’une notoriété de portraitiste comparable à celle de Jacques-Émile Blanche ou de Giovanni Boldini. On connaît notamment les portraits qu’il réalisa de Robert de Montesquiou ou de l’amant de celui-ci, Gabriel Yturri, de l’épouse de Gabriele d’Annunzio, de la comtesse Greffulhe, etc.
Culminant vers 1900, sa carrière avait été promue par Jean Lorrain, qui, après avoir découvert La Gandara au Salon de la Société nationale des Beaux-Arts en 1893, lui avait consacré un article dithyrambique. La Gandara réalisa un premier portrait de son défenseur l'année suivante, de petit format, pour Edmond de Goncourt, sur une reliure en vélin des Buveurs d’âmes de Jean Lorrain. C'est en 1902 que le peintre réalisa un portrait de grande taille du critique auquel il devait tant d’éloges. L’écrivain fut satisfait de sa représentation, puisqu’il écrit, le 31 décembre 1903 à Mme de Thèbes : "le portrait de La Gandara révolutionnera certainement le monde. Il est enfin terminé, ce portrait, vous devez l’aller voir, car il vous intéressera surement. Mieux, il vous impressionnera. C’est mieux qu’un portrait, c’est une vision, presque un spectre, un fantôme, c’est toute l’âme de M. de Phocas et c’est aussi celle de Jean Lorrain, la main surtout est étonnante, les yeux hallucinants. Allez le voir, c’est l’illustration même de votre texte, l’un complètera l’autre".
Dans Le Cri de Paris du 12 octobre 1902, on lit cette description saisissante du portrait, qui insiste sur les lourdes bagues, et établit un parallèle entre le modèle, M. de Phocas et le portrait de Dorian Gray : "Jean Lorrain, levant la main, fait miroiter à la lumière les bagues qui alourdissent ses doigts, des bagues étranges, maladives, énormes, aux perles difformes, aux pierres de lune où dort une eau morte. Il est debout sanglé dans un vêtement couleur de rouille, un large feutre sous le bras, et tel qu'on le verra au prochain Salon, dans le portrait de La Gandara, un portrait dont on parlera et qui restera comme la plus curieuse, la plus subtile évocation du talent si complexe et de l'âme si tourmentée de l'auteur de M. de Phocas. Le portrait de Dorian Gray ! On y songera, involontairement. Et comment n'y pas songer ? C'est à la fois Dorian Gray et M. de Phocas ; c'est Raitif de la Bretonne, et c'est Jean Lorrain. C'est mieux encore : c'est l'âme sonore de l'écrivain, sentimentale et perverse ; ce sont ses passions, ses douleurs, toute sa vie intérieure que le peintre a fixées là, inoubliablement."
Un autre critique insiste sur la finesse psychologique de l’art de La Gandara, affirmant qu’on reconnaît aussi bien la mélancolie de l’écrivain que le caractère déterminé du critique d’art : "M. de La Gandara, qui a merveilleusement compris son modèle, l'a représenté dans une attitude dédaigneuse et triste, comme surgie pour le dégoût et le défi. Portrait d'orgueil et de mélancolie : il est la superbe affirmation de l'homme qu'aucun joug n'a pu contraindre, mais qui garde dans ses yeux las les meurtrissures faites par la tourbe des imbéciles. C'est bien l'image du combatif et de l'impulsif qui, dans tous ses livres, a vomi si violemment le vice et la nausée de son siècle. La main longue, armée de bagues, des bagues vénéneuses d'un vert de fond de puits, est toute une indication de caractère : souple et fuyante et pourtant tenace. Cette main-là n'est pas facile à amadouer, les flatteries les plus hypocritement ciselées n'en feront jamais une main de velours. C'est bien la main de l'homme au menton résolu, volontaire, et dont la bouche sensuelle et le nez insolent, d'une insolente jeunesse, sont démentis par la terrible usure du front et du regard ; un front raviné, gonflé de veines, inquiétant et têtu, abritant dans la double caverne des arcades sourcilières l'eau dolente et bleuâtre d'un œil de matelot et de pirate, les prunelles glauques d'un aventurier de la mer." (Julien de Rungis, dans Le Journal, 3 janvier 1904).
Exposé au Salon de la Société nationale des Beaux-Arts de 1904, ce portrait reçoit un accueil enthousiaste de la critique, comme en témoignent les nombreuses critiques de l’époque (voir ci-dessous). Parmi celles-ci, La Revue théâtrale, qui reproduit le portrait en couverture, le commente ainsi : "plus à la mode que jamais [,] Le fier hidalgo que les salons se disputent, expose un portrait de femme d'une sécheresse regrettable ; il s'est rattrapé avec celui de Jean Lorrain d'un décadentisme aigu, d'une psychologie brillante. Ah ! que voilà donc bien M. de Phocas au visage sensuel, aux yeux désunis, l'un éteint, l'autre perspicace, aux mains adornées de bagues symboliques !" (mai-juin 1904).
À la mort de Jean Lorrain en 1906, sa mère souhaita obtenir le portrait de son fils que La Gandara avait conservé, mais celui-ci n'obtempère pas : "Le portrait était pour Jean Lorrain, mais Mme Duval ne l’aura pas, elle a pris le parti de ma femme lors de mon divorce", explique-t-il le 28 avril 1907 à Georges Normandy. Conservé dans la collection du peintre puis de sa famille jusqu'en 1978, ce portrait a été prêté à de nombreuses expositions et a fait l’objet de plusieurs publications ; nous citons ci-dessous les principales expositions et les critiques les plus marquantes des années 1902-1909.
Œuvre en rapport : aujourd’hui au musée d’Orsay, le second portrait est réputé avoir fait partie des collections de Philippe Jullian (bien qu'il ne figure pas dans le catalogue de sa vente, en 1978, voir infra) avant d’être acheté à une vente du 21 mai 1989 (lot 106) par Yvon Lambert, qui en fit don au musée.
Provenance : Antonio de La Gandara. — Famille La Gandara (voir, au dos du tableau, étiquette de la galerie Lorie, cogérée par la fille de l’artiste Antonia). — Succession Florise-Tosca Gravier, autre fille de l’artiste (Drouot, 17 mars 1978, lot 24). — Sans qu’il ait fait partie des collections de Philippe Jullian, mort en 1977, le tableau est inclus dans son catalogue (11 décembre 1978, lot 27). — Collection privée française, par descendance à l’actuel propriétaire.
Expositions :
- Société nationale des Beaux-arts, 1904, n° 685 ;
- L’Arte Mondiale, VIe Biennale de Venise, 1905, n° 22 ;
- Hommes et Femmes célèbres, Bagatelle, 15 mai-14 juillet, 1908, n° 116 ;
- Rétrospective La Gandara, Galerie Devambez, 1919, n° 12 ;
- Rétrospective La Gandara, La Palette française, 1926, n° 18 ;
- Esthètes et magiciens : symbolistes des collections parisiennes, Palais Galliera, janvier 1970 ;
- Librairie Lardanchet, avril 1991.
On joint un certificat de M. Xavier Mathieu, président de l’association des Amis d’Antonio de La Gandara et descendant de l’artiste.
Le tableau sera inclus dans le catalogue raisonné à paraître, sous la référence n° 481.
Nous remercions M. Xavier Mathieu pour les précieuses informations qu’il nous a données sur l’historique de ce tableau et qui nous ont permis d’éviter des erreurs souvent répétées.
Œuvre reproduite dans :
- La Revue Théâtrale, mai-juin 1904, en couverture ;
- V. Pica, L’Arte Mondiale alla VI Esposizione di Venezia, Bergame, 1905L’Arte Mondiale VIème exposition à Venise, Bergame, 1905, p. 34 ;
- Mir Iskusstva, 1904, n° 819 ;
- Bagatelle et quelques visages, L’Édition Libre, Paris de J.F. Louis-Merlet, 1908, p. 172 ;
- Je Sais Tout, 15 février 1909 ;
- La Gazette des Beaux-Arts, mars 1973.
Citations principales :
- La Presse, 21 septembre 1902, François Crucy écrit : "Ni tableaux ni chevalets surchargés seulement une toile de grandes dimensions, face à une très belle psyché ; sur la toile le masque à l'instant modelé de M. Jean Lorrain et derrière le chevalet, M. Jean Lorrain lui-même qui achève une première séance de pose."
- Le Cri de Paris, 12 octobre 1902 : "Et Jean Lorrain, levant la main, fait miroiter à la lumière les bagues qui alourdissent ses doigts, des bagues étranges, maladives, énormes, aux perles difformes, aux pierres de lune où dort une eau morte. Il est debout sanglé dans un vêtement couleur de rouille, un large feutre sous le bras, et tel qu'on le verra au prochain Salon, dans le portrait de La Gandara, un portrait dont on parlera et qui restera comme la plus curieuse, la plus subtile évocation du talent si complexe et de l'âme si tourmentée de l'auteur de M. de Phocas. Le portrait de Dorian Gray ! On y songera, involontairement. Et comment n'y pas songer ? C'est à la fois Dorian Gray et M. de Phocas ; c'est Raitif de la Bretonne, et c'est Jean Lorrain. C'est mieux encore : c'est l'âme sonore de l'écrivain, sentimentale et perverse ; ce sont ses passions, ses douleurs, toute sa vie intérieure que le peintre a fixées là, inoubliablement. Dans le décor austère de l'atelier, le portrait prend un relief saisissant ; il acquiert une beauté de plus par ce que nous savons du peintre et de son travail".
- Le Journal, 3 janvier 1904, Julien de Rungis écrit : "M. de la Gandara, qui a merveilleusement compris son modèle, l'a représenté dans une attitude dédaigneuse et triste, comme surgie pour le dégoût et le défi. Portrait d'orgueil et de mélancolie : il est la superbe affirmation de l'homme qu'aucun joug n'a pu contraindre, mais qui garde dans ses yeux las les meurtrissures faites par la tourbe des imbéciles. C'est bien l'image du combatif et de l'impulsif qui, dans tous ses livres, a vomi si violemment le vice et la nausée de son siècle. La main longue, armée de bagues, des bagues vénéneuses d'un vert de fond de puits, est toute une indication de caractère : souple et fuyante et pourtant tenace. Cette main-là n'est pas facile à amadouer, les flatteries les plus hypocritement ciselées n'en feront jamais une main de velours. C'est bien la main de l'homme au menton résolu, volontaire, et dont la bouche sensuelle et le nez insolent, d'une insolente jeunesse, sont démentis par la terrible usure du front et du regard ; un front raviné, gonflé de veines, inquiétant et têtu, abritant dans la double caverne des arcades sourcilières l'eau dolente et bleuâtre d'un œil de matelot et de pirate, les prunelles glauques d'un aventurier de la mer."
- Le Soleil, 16 avril 1904 : "Et ces procédés, il les réclame également à ses modèles masculins, comme on le voit dans ce portrait stupéfiant, d’une réalité qui lui assure une place dans un Musée. Quel est-il, ce personnage encore jeune, grimé comme un comédien, aux cheveux blonds cendrés, à la moustache rousse, au regard étrange, avec ses paupières closes, une pupille en pâmoison ? Il a la main aristocratique, blanche et fine, chargée de bagues, la tenue d’un gentleman, une attitude de défi et de provocation ? Au seizième siècle, il aurait eu une épée florentine au côté, une toque noire sur l’oreille avec une plume blanche, comme Caylus dans ce portrait aux trois crayons de l’école de Janet. J’ai demandé quel était l’original, on n’a pas pu me le dire ; mais s’il est inconnu, le voici célèbre maintenant."
- Le Figaro, 16 avril 1904 : "Nous en aurons fini avec les portraits qu'il faut mettre hors de pair, lorsque nous aurons regardé le portrait si travaillé et si véridique de M. Jean Lorrain par M. Gandara. L'artiste a presque trop creusé cette si curieuse physionomie d'écrivain rare et de poète, et c'est un bonheur pour lui que, s'étant attaché à ce point aux détails, il ait pu conserver un vrai ensemble, presque une synthèse. M. Gandara a tout voulu préciser, depuis un plissement de la peau jusqu'à une expression du regard, depuis une cravate et une bijouterie jusqu'à la composition d'une attitude et au voulu d'un port de tête. Ce visage est peint plutôt comme un Balthazar Donner que comme un Holbein. C'est l'œuvre d'un art obstiné, calculateur, œuvre qui au premier aspect serait d'étoffe un peu mince, comme usée à force de travail, mais que nous croyons, en réalité, de constitution robuste. C'est, avant tout, une œuvre qui est admirablement de son temps."
- La Presse, 19 avril 1904, Martin Galle écrit : "Devant le portrait si curieusement travaillé de M. Jean Lorrain, aux lourdes paupières, aux yeux d'un bleu qu'il ne lui est évidemment pas désagréable d'entendre qualifier de vénéneux, le bleu d'une eau dormante au fond de laquelle se jouent des drames ténébreux et hors de nos jugements".
- La Revue Théâtrale, mai-juin 1904, reproduit en couverture, avec cette chronique : "plus à la mode que jamais [,] Le fier hidalgo que les salons se disputent, expose un portrait de femme d'une sécheresse regrettable ; il s'est rattrapé avec celui de Jean Lorrain d'un décadentisme aigu, d'une psychologie brillante. Ah ! que voilà donc bien M. de Phocas au visage sensuel, aux yeux désunis, l'un éteint, l'autre perspicace, aux mains adornées de bagues symboliques !"
- Le Carnet historique et littéraire, mai-juin 1904, Tristan écrit : "Dans un cadre d’ébène, voici M. Jean Lorrain qui se pose en attitude de fier spadassin. Sa main chargée de pierreries se campe hardiment sur sa hanche, et il nous regarde par-dessus son épaule en fronçant des sourcils olympiens. Ses vêtements sombres se confondent dans une perspective ténébreuse, et du fond de l’obscurité dardent deux rayons inquiétants, deux prunelles qui ont la froideur de l’acier poli."
- La Famille, 1er mai 1904, Alfred Paulet écrit : "Au moins, M. La Gandera [sic], qui est lui aussi, un de nos Dangeau les plus goûtés de la peinture, a-t-il mis plus d’art relevé à peindre avec soins les trois bagues vertes que M. Jean Lorrain porte à sa belle main de littérateur".
- La Revue de Paris, 15 mai 1904, Marcelle Tinayre écrit : "Ce visage pâle et bouffi, ces paupières lourdes, ces yeux bleu-vert rappelant le vert des bagues qui chargent la main grasse, cet air de morgue et d'ennui, ce dandysme qui eût ravi Barbey d'Aurevilly, c'est Jean Lorrain peint par La Gandara."
- La Revue Illustrée, 15 mai 1904 : "œuvre intéressante par la fierté de l'attitude et le redressement volontaire du torse, par le gonflement sensuel de la narine, par la fixité du regard dur et douloureux, et dont les mains sont très belles."
- La Plume, 15 mai 1904, Tristan Leclerc écrit : "Sans aller aussi loin, La Gandara montre un excès de même ordre dans son portrait de Jean Lorrain. C'est un excès qui convenait parfaitement à la personnalité intense du modèle. Celui qui a si nerveusement dessiné le type énigmatique de M. de Bougrelon, avait besoin d'être portraituré de même. Il l'est. La pause un peu hautaine et arrogante qui défie l'opinion bourgeoise, les yeux caressants et méprisants, la main volontairement précieuse et baguée, tout cela a été bien vu par le peintre et rendu avec la facilité que possède maintenant La Gandara."
- La Chronique des livres, 3 octobre 1904, Joseph Casanova écrit : "Le portrait de Jean Lorrain, d’abord, m’absorbe. Robuste et souple sous le complet marron, l’écrivain se détache sur un fond à peine plus sombre, la main droite, aux doigts bagués, posée sur la hanche, et portant haut la tête aux fortes mâchoires, aux moustaches rousses, aux yeux verts… Le clou de l'envoi ?.... Jean Lorrain en est content... Oui : un M. de Phocas qui aurait engraissé (…) J’ai beaucoup travaillé celui-ci et chercher à ramasser en une forme lapidaire, si j’ose dire, cette âme très complexe. Remarquez que je n’ai pas voulu faire de la peinture littéraire ; j’ai la plus sainte horreur de la confusion des genres. Je me suis seulement appliqué. Y ai-je réussi ? A donner dans ce portrait une vision le plus synthétique possible d’une âme à aspects multiples."
- V. Pica, L’Arte Mondiale alla VI Esposizione di Venezia, Bergame, 1905, p. 34.
- La Revue Illustrée, 5 août 1906, Michel Georges-Michel écrit : "Vous vous souvenez de ce merveilleux portrait que peignit La Gandara. Le maître nous disait de Lorrain : 'Je n’ai jamais eu plus mauvais modèle. Non seulement il ne tenait pas en place, mais il changeait de physionomie et d’expression à chaque minute. Ne pouvant supporter l’inoccupation…"
- La Gazette des Beaux-arts, en 1973, article de Philippe Julian : "Jean Lorrain, Valet de gloire et quelques artistes, p. 185-192" : "L'écrivain avait certainement un faible pour le beau Sud-Américain, aux yeux verts et à la moustache d'un blond fauve, qui, lui, adorait les femmes ... Cette intimité avec les La Gandara permit au peintre de donner la mesure de son talent ; il fit en 1898 [quod non] un magnifique portrait de Lorrain-Phocas, qui pourrait être le portrait de Dorian Gray saisi au moment de la métamorphose ; l'exquis et l'horrible s'y côtoient. C'était, selon son ami Georges Normandy, le plus ressemblant de tous les portraits de Lorrain."
- Les écrivains français et la mode : De Balzac à nos jours par Rose Fortassier, 1988 : "Et Jean Lorrain, le torse moulé dans un gilet de velours, les cheveux teints au henné et les mains également bossuées de bagues étranges, tel que l’a saisi La Gandara."