Jamais perdu en mer, Collection Jean-Paul Morin

Jamais perdu en mer, Collection Jean-Paul Morin

View full screen - View 1 of Lot 197. THEVET. La Cosmographie universelle... Paris, 1575. 2 vol. in-folio. Reliure de l'époque..

THEVET. La Cosmographie universelle... Paris, 1575. 2 vol. in-folio. Reliure de l'époque.

Auction Closed

October 14, 03:50 PM GMT

Estimate

30,000 - 50,000 EUR

Lot Details

Description

THEVET, ANDRÉ


LA COSMOGRAPHIE UNIVERSELLE […] ILLUSTRÉE DE DIVERSES FIGURES DES CHOSES PLUS REMARQUABLES VEUËS PAR L'AUTEUR, & INCOGNEUËS DE NOZ ANCIENS & MODERNES. PARIS, L'HUILIER, GUILLAUME CHAUDIÈRE, 1575.


2 forts volumes in-folio (373 x 235 mm). Veau havane, filet doré en encadrement et fer azuré poussé au centre des plats, dos à nerfs ornés (Reliure de l'époque).

Dos restaurés. Mors, coiffes et coins habilement refaits. Plusieurs feuillets légèrement brunis, quelques restaurations à la reliure. Carte et second frontispice de la sixième partie coupés à la cuvette.


Rare édition originale, et seule édition imprimée au XVIe siècle, dédiée à Henri III.


Elle est illustrée de 4 grandes cartes gravées sur double page (Afrique, Asie, Europe, Amérique) et de 262 bois gravés dans le texte dont 74 figures de médailles. 11 de ces bois sont signés : 3 du monogramme de Jean Rabel, 2 de celui de Jean de Gourmont, 2 du monogramme CVS analogue à celui de Christoffel van Sichem l’aîné. La scène de dépeçage de la baleine porte l’initiale D et 3 planches du tome II (ananas, le "manihot" et l’oiseau "maroli") comportent une croix de Lorraine, marque parfois attribuée à Claude Woeriot.


Après une mission au Levant entre 1549 et 1552, André Thevet s’embarque en 1555, avec l’expédition dirigée par Nicolas de Villegagnon pour établir une colonie française au Brésil. À son retour du Nouveau Monde, où il ne séjourna que dix semaines, il s’attèle aux Singularitez de la France Antarctique dont il reprend ici certains bois (voir lot 97). La publication de cet ouvrage, en 1557, rencontre un vif succès et lui vaut d’obtenir, en 1560, la charge de cosmographe du roi et garde du cabinet de curiosités.


Dès lors Thevet se sédentarise et entreprend sa Cosmographie universelle, "destinée à rivaliser avec l’ouvrage homonyme de l’Allemand Sebastien Münster, dont François de Belleforest donnait la même année (1575) une version augmentée" (F. Lestringant).

Cette ambitieuse publication, saluée dans les feuillets liminaires par Ronsard, qui loue celui "qui a veu ce grand univers / Et de longueur et de travers", Dorat, du Bellay, Baïf, Jodelle, Le Fèvre de la Borderie, etc., offre une foisonnante iconographie sur les pays visités : indigènes, us et coutumes, cérémonies, flore et faune, etc. Dans plusieurs bois on distingue Thevet, aventurier barbu affublé d’un ample manteau et coiffé d’un chapeau auprès du tombeau d’Artémise à Rhodes, devant l’arc d’Antonin le Pieux en Troade ou parmi les participants au rite de la salutation chez les Tupinamba du Brésil. On le retrouve en cosmographe à l’antique, couronné de laurier, dans un bandeau sept fois répété.

Comme certains exemplaires, celui-ci ne comporte pas le portrait de Thevet (figurant parfois au sixième feuillet liminaire, lequel est ici blanc).


La Cosmographie de Thevet, auquel l’on reprocha sa culture autodidacte et, en polygraphe invétéré, ses multiples emprunts, fut la proie de nombreuses critiques. En effet, s’il fait part de ses propres observations, le cosmographe puise aussi dans divers ouvrages dont la Descrittione du tutta Italia de Leandro Alberti ou les trois volumes des Navigationi et Viaggi de Jean-Baptiste Ramusio.

Le livre s’articule en quatre parties, respectivement consacrées à l'Afrique, l'Asie, l'Europe et l'Amérique. La plus intéressante est celle dédiée au Nouveau monde (livres XXI à XXIII), dont il donne la description la plus importante publiée jusqu'alors. Le livre XXI concerne le Brésil, le livre XXII le Pérou, les Antilles et le Mexique, et le livre XXIII la Floride, le Canada et les Açores.


Longtemps confinée dans les limbes, "il faut attendre la deuxième moitié du XXe siècle et les développements de l’anthropologie structurale pour que les mérites de Thevet fussent pleinement reconnus. La part faite par Claude Lévi-Strauss dans Histoire de lynx (1991) aux mythes de la cosmogonie tupi, recueillis par Thevet, témoigne de l’étrange actualité d’une œuvre placée sous le signe de la variété et ouverte, dans sa démesure et son désordre, à toutes les curiosités intellectuelles de son siècle" (Frank Lestringant, Nouveau dictionnaire des auteurs, III, p. 3164-3165).


Bel exemplaire en reliure de l’époque.


Provenance : Ph. Viard (ex-libris manuscrit sur le titre du tome II accompagné de la devise "Ferendum et sperandum" et de sa traduction grecque. La signature de Viard est répétée sur le contreplat et à l’avant-dernier feuillet du premier volume, avec traduction française de la devise).


Référence : Lestringant, André Thevet, n° 14. -- Barbier-Mueller , Ma bibliothèque poétique : Ronsard, n° 87. -- Sabin, 95335. -- Borba de Moraes II, p. 304-305. -- Mortimer, French 16th Century Books, n° 517 ("Some copies of the Cosmographie were issued with a full-page woodcut portrait of Thevet printed on the verso of leaf ã6, recto blank ; this copy has leaf ã6 blank”).