Jamais perdu en mer, Collection Jean-Paul Morin

Jamais perdu en mer, Collection Jean-Paul Morin

View full screen - View 1 of Lot 179. KERGUELEN. Relation de deux voyages dans les mers australes et les Indes... Paris, 1782. In-8. Demi-rel. de l'ép..

KERGUELEN. Relation de deux voyages dans les mers australes et les Indes... Paris, 1782. In-8. Demi-rel. de l'ép.

Auction Closed

October 14, 03:50 PM GMT

Estimate

7,000 - 10,000 EUR

Lot Details

Description

KERGUELEN DE TRÉMAREC, YVES JOSEPH DE


RELATION DE DEUX VOYAGES DANS LES MERS AUSTRALES ET LES INDES, FAITS EN 1771, 1772, 1773 & 1774… PARIS, KNAPEN & FILS, 1782.


In-8 (191 x 120 mm). Demi-veau, dos lisse orné de fers dorés, tranches rouges (Reliure de l’époque).

Mors habilement restaurés. Marques de trombone sur le premier feuillet blanc et le titre. Références bibliographiques manuscrites sur un onglet contrecollé sur le premier feuillet blanc.


Édition originale, d’une grande rareté, des deux expéditions de Kerguelen à la recherche du légendaire continent austral.


Elle est illustrée d’une carte repliée hors texte (bordée de 5 plus petites cartes et vues de côtes des "Terres Australes ou partie septentrionale de l'Isle de Kerguelen").


L’ouvrage contient la relation de la découverte des îles Kerguelen, un mémoire sur Madagascar (pages 154 à 169) et des "Observations sur la guerre des Amériques" (pages 121 à 133). En raison de la dédicace "À la Patrie", le livre fut interdit par arrêt du 28 mai 1783 et de nombreux exemplaires furent pilonnés.


Grâce à ses relations à la cour, Yves-Joseph Marie de Kerguelen (1734-1797) obtient le commandement d’une expédition dans les mers australes. Il s’embarque de Lorient sur le Berryer, le 1er mai 1771, à la recherche de l’hypothétique et mythique "terre de Gonneville", qu’aurait découverte en 1503, le capitaine de Gonneville, et l'objet de nombreuses expéditions antérieures. Louis XV lui confie la mission de "tenter une des plus importantes découvertes qu’il reste à faire". Le mémoire du roi précise "que le sieur de Kerguelen est instruit qu’il y a toute apparence qu’il existe un très-grand-continent dans le sud des îles de Saint-Paul & Amsterdam et qu’il doit occuper une partie du globe depuis les 40 et 45° de latitude sud jusqu’aux environs du pôle sud, dans un espace immense où l’on n’a point encore pénétré" (p. 4-5).


Kerguelen arrive fin août à l’Île de France (Maurice) où il est accueilli par l’intendant Pierre Poivre. Il arme alors deux bâtiments plus légers, la Fortune et le Gros-Ventre commandé par son voisin et ami Louis de Saint-Aloüarn. La saison n’étant pas propice à la navigation par le sud, il emprunte la nouvelle route maritime vers l’est, découverte par le chevalier de Grenier, permettant de rejoindre les Indes par les Seychelles et les Maldives.

Le 16 janvier 1772, après trois mois en mer, il revient à Port-Louis et appareille vers les terres australes. "Le 13 [février], à quatre heures du matin, nous vîmes une île ; mais ce n’était pas celle que nous avions vue la veille ; les courans nous avaient transportés pendant la nuit. Je continuai ma route à l’Est-quart-Nord-Est et, à dix heures du matin, j’eus connaissance d’un gros cap très élevé. Un moment après, je vis d’autres terres également hautes. A sept heures, le soleil ayant dissipé la brume et éclairci l’horizon, je distinguai parfaitement une continuation de terres, qui s’étendaient à toute vue depuis le Nord-Est jusqu’au Sud du compas, ce qui comprenait environ 25 lieues de côtes" (p. 22).

Malgré les conditions météorologiques très difficiles, le Gros Ventre réussit à accoster. C’est le second de Saint-Aloüarn, l’enseigne de vaisseau de Boisguehenneuc, qui met pied à terre et prend possession, au nom de la France, de ce qui deviendra les îles Kerguelen. Mais Kerguelen, à bord de la Fortune, ne peut s’approcher du rivage et décide de rentrer à l’Île de France pour faire connaître sa découverte. À son retour en France, Louis XV le promeut capitaine de vaisseau.

En mars 1773, après avoir reçu une aide financière et de nombreux conseils du duc de Croÿ, il repart pour une seconde expédition aux terres australes. Il relève environ 80 lieux de longueur de côtes, sans parvenir à déterminer s’il s’agit d’un archipel isolé ou de quelques îles prolongeant un continent allant jusqu’au pôle. Le mauvais temps l’oblige à remonter vers le nord en faisant escale à Madagascar. Il rentre à Brest en septembre 1774. Mais il est alors traduit en cour martiale pour non respect des instructions, commerce illicite et commerce de pacotille, ainsi que pour avoir embarqué une passagère clandestine, Louise Seguin. Rayé de la Marine, condamné à six ans de prison au château de Saumur, il est libéré quatre ans plus tard et reprend du service, participant à la guerre d'Indépendance des États-Unis. Rallié à la Révolution, il est fait contre-amiral avant d'être admis à la retraite en 1796.


Référence Sabin, 37618.