Sculpture : Afrique, Océanie, Amériques

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View full screen - View 1 of Lot 50. Siège caryatide, Hemba / Luba, République Démocratique du Congo | Caryatid stool, Hemba / Luba, Democratic Republic of the Congo.

Siège caryatide, Hemba / Luba, République Démocratique du Congo | Caryatid stool, Hemba / Luba, Democratic Republic of the Congo

Lot Closed

December 4, 03:50 PM GMT

Estimate

200,000 - 300,000 EUR

Lot Details

Description

Siège caryatide, Hemba / Luba, République Démocratique du Congo


haut. 47 cm ; 18 ½ in



Collection François et Jeanine Kerbourc'h, Bretagne, acquis en 1972
Alain de Monbrison, Paris
Collection Jacques et Marie-France Dulhoste, France, acquis en 1994
Collection privée française
Monbrison (de), Collection Kerbourc'h, 1993, p. 93
Paris, Galerie Alain de Monbrison, Collection Kerbourc'h, 24 novembre 1993 - 4 janvier 1994

En plus de rendre compte du savoir-faire artistique exceptionnel des sculpteurs Luba, l’examen attentif de cet objet d’exception permet dans un même temps de se situer dans l’histoire de l’Empire Luba, dont les grands évènements, allant à sa fondation au XVIe siècle à sa disparition au XIXe siècle sont à l’origine de l’émergence d’une multitude de formes artistiques créées par ces artistes Luba ou bien le plus souvent par des groupements d’ateliers au sein desquels évoluent ces sculpteurs. (Neyt, Luba. Aux sources du Zaïre, 1977, p. 13). La fonction usuelle de ce siège lui confère un caractère à la fois hiératique et politique. En effet, ces sièges Luba sont utilisés lors de cérémonies où interviennent des figures importantes du pouvoir, notamment les chefs ou les notables de l’Empire. Par ailleurs, le siège pouvait être offert comme présent au chef des Mbudye. Le caractère essentiel de ces sièges se perçoit dans le fait que lors de certains déplacements des membres du pouvoirs, ils étaient systématiquement emportés.


Plusieurs éléments de ce siège permettent de rendre compte des canons esthétiques Luba. De façon systématique dans cet art, la figure de la femme occupe une place prééminente que l’on perçoit ici par la présence d’une caryatide qui constitue l’élément central du siège. On distingue en effet de manière évidente les traits d’une figure féminine anthropomorphe : la poitrine développée et la coiffure particulièrement sophistiquée, qui amplifie le volume de la tête de la caryatide en sont les éléments indicateurs. La variation infinie de représentation féminine, emblématique de cet art, s’illustre par la grande diversité de caractéristiques qui existent, rendant chaque siège particulièrement unique, bien que dans un même temps, nous pouvons constater la présence d’éléments récurrents et propres à certains ateliers Luba. Le tronc, conçu de façon longiligne et dans un souci de relief, créé une harmonie structurelle de la figure. Dans la recherche récente en science humaine, plusieurs groupes d’ateliers Luba, au sein desquels ces sièges ont été réalisés ont été identifiés. On les distingue par la récurrence de certaines caractéristiques que l’on assigne à des ateliers en particulier. (Neyt, Luba. Aux sources du Zaïre, 1977, p. 13).

Le traitement ovoïde du visage, la surface importante qu’occupe le front de la caryatide, le traitement légèrement triangulaire des pommettes ainsi les yeux creusés selon un motif en amande montrent non seulement la grande maitrise de la sculpture du bois chez les Luba mais également le souci d’harmonie recherché dans le traitement des différents traits du visage. (Neyt, Luba. Aux sources du Zaïre, 1977, p. 88). La partie inférieure du corps de la caryatide se caractérise quant à elle par la finesse des motifs de scarifications, traités en une multitude de losanges formant des motifs géométriques parfaitement symétriques et harmonieux, entourant le nombril et constituant ainsi des éléments de décoration corporelle.

Dès lors, parmi les caractéristiques stylistiques que nous venons de décrire, certaines d’entre elles semblent correspondre au savoir-faire des artistes des ateliers de la Vallée de la Luvua. On peut situer la création de cet objet dans un intervalle chronologique allant de la fin du XVIIIe siècle à la première moitié du XIXe siècle. (Neyt, Luba. Aux sources du Zaïre, 1977, p. 84-89.)


Ayant séduit le couple de Collectionneur François et Jeanine Kerbouc’h cette œuvre fût ensuite acquise chez Alain de Monbrison par Monsieur Jacques Dulhoste. Diplomate ayant longtemps exercé sa fonction dans plusieurs pays Africains il y développa rapidement une passion pour les arts de ce continent, tout particulièrement pour les œuvres provenant de la République Démocratique du Congo. Cette passion donna naissance à une grande collection d’œuvres avec lesquelles Monsieur Dulhoste pouvait passer des heures mais également à une impressionnante bibliothèque consacrée aux Arts d’Afrique qu’il connaissait par cœur.

Par l’ensemble de ses qualités cette œuvre témoigne donc tant du talent du sculpteur qui en est l’auteur que du goût raffiné des collectionneurs a qui elle a appartenue.