Sculpture : Afrique, Océanie, Amériques

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View full screen - View 1 of Lot 41. Masque, Punu, Gabon | Punu mukuya mask.

Masque, Punu, Gabon | Punu mukuya mask

Lot Closed

December 4, 03:41 PM GMT

Estimate

60,000 - 90,000 EUR

Lot Details

Description

Masque, Punu, Gabon


haut. 28 cm ; 11 in



Collection Pierre (1900-1993) et Claude (1929-2018) Vérité, Paris
Christie's, Paris, Collection Vérité : Arts d'Afrique, d'Océanie et d'Amérique du Nord, 21 novembre 2017, n° 95
Collection privée européenne, acquis lors de cette vente
Vérité, Monbrison (de) et Barrère, Vérité, une passion des cultures, 2008, n. p.
Paris, Banques Neuflize OBC, Vérité, une passion des cultures, 2 Juin - 4 Juillet 2008

Emblème incontournable des arts d’Afrique depuis la fin du XIXe siècle le corpus des masque Punu a été l’un des premiers célébrés par les modernistes[1]. Le masque Okuyi était porté lors de danses acrobatiques par des hommes perchés sur des échasses, l’existence de ces rituels fut rapportée dès le milieu du XIXe siècle par l’explorateur Paul du Chaillu.


Leur beauté est un écho, un hymne, une résonance au pouvoir et à l’importance de la femme dans l’organisation sociale chez les Punu.

Incarnant subtilement, tour à tour, l’esprit de l’ancêtre et la beauté féminine, par son apparence idéalisée, sa douceur et sa beauté ce masque parvient à allier et célébrer deux entités opposées, deux dualités: la jeunesse et la mort, la beauté sensuelle et la sérénité de l’ancêtre et du monde des esprits. Résumant magistralement, plastiquement le paradoxe de l’Okuyi

Sensibilité du regard, soulignée par ses sourcils arqués rehaussés, ses yeux en « grains de café » mi-clos, finement scarifiés en arc de cercle inversé, symbolisent une vision intérieure, un lien entre les vivants et les morts.


Le masque poudré de kaolin, ce blanc recouvrant également traditionnellement le corps des femmes durant la cérémonie. La bouche légèrement ourlée, les pommettes, les délicates scarifications sur les tempes, ainsi que la nervure des yeux sont révélées par le rouge de padouk. Le diadème ornant le front composé de neuf écailles, nommé magumbi est un motif identitaire en référence aux neuf clans primordiaux de l’histoire mythique des punu.

Selon Louis Perrois, l’alternance et la combinaison de symboles, entre les scarifications sur les tempes, signe distinctif de masculinité, et le diadème féminin serait une identification d'endogénéité ancestrale.


La délicate coiffe raffinée, prolongée en fines tresses latérales, est surmontée de deux coques axiales flanquées de deux chignons ciselés. Elle correspond à la classification de Perrois au sein de laquelle sont recensés le célèbre masque de la collection Goldet (Collection Hubert Goldet, Paris 1er juillet 2001, lot 269), ainsi que celui de la collection Vérité (Enchères rive gauche, 17-18 juin 2006, lot 185), et celui de la collection du musée de Rotterdam. Ce type de coiffe d’apparat était répandu au XIXe siècle, dans la partie occidentale du Gabon, chez les Aduma, et les Punu de Ngounié. 

À la finesse des traits et du modelé de ce Chef d’œuvre archetypal, penetré par une profonde et douce quiétude répond la subtilité symbolique du sens du rite de l’Okuyi. « Tout était la comme dans un rêve de collectionneur: des formes parfaites et un équilibre harmonieux entre la haute coiffe à chignons peignés et la face blanche scarifiée aux tempes et au front. » (Pierre Amrouche, Regards de masques, p.17).


[1] Voir Rubin ("Primitivism" in 20th Century Art, 1984, p. 300) pour une photographie prise en 1910 dans l'atelier de Picasso, montrant un masque blanc de l'okuyi accroché au mur.