Masque heaume Janus, Fang, Gabon | Helmet Janus mask, Fang, Gabon

Dansé lors de rituels socio-religieux fang de la société initiatique du ngontang, ce masque heaume incarne l’esprit d’une jeune femme revenant protéger les vivants. « Appelés nlo-ngontang, ils avaient pour rôle de découvrir, en tant qu'entités émanant du monde des esprits, capables de tout voir par leurs deux ou quatre paires d'yeux, les sorciers maléfiques. En luttant contre ce principal fléau, la sorcellerie de l'evus, les masques ngontang contribuaient à la régulation sociale des villages fang au début du XXe siècle » (Perrois, Fang, 2006, p. 49) 

En bois dur patiné, ce casque cylindrique, comporte traditionnellement deux à quatre visages.

Ici, les deux visages cubistes, de forme concave, dont les arcades sourcilières sont finement décorées de légères scarifications linéaires irrégulières rehaussées de pigments noirs, créent une jolie et harmonieuse dissymétrie. Les yeux en amandes évidés intensifient la force d’infériorité de la jeune femme incarnée.

Le front est marqué d’une forme circulaire gravée au niveau de la ligne médiane. Deux scarifications en croix, sous les yeux, magnifient l’intensité de l’expressivité du regard. La bouche rectangulaire légèrement entre ouverte, casse, avec subtilité, le rythme adoucit des courbes pour créer un dynamisme vivifiant au visage. Coiffé d’une haute crête sagittale que rejoignent deux proéminences latérales.

Le cou revêt une succession les trous circulaires, sur l’ensemble du pourtour, étant destinés à le parer de raphia ornemental. Le kaolin blanc, symbolisant l’esprit des défunts et la réincarnation en homme blanc, magnifié les lignes et volumes épurés, révélant le pur graphisme de ce masque, père du modernisme. Sa patine nuancée témoigne de l’utilisation prolongée et de sa grande ancienneté.