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MONET. 13 LETTRES AUTOGRAPHES SIGNÉES À SON AMI LE CRITIQUE D'ART GUSTAVE GEFFROY, 1891-1916 (24 P., ENVELOPPES).
Estimate
12,000 - 15,000 EUR
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Description
- Claude Monet
- 13 lettres autographes signées à Gustave Geffroy. Giverny, 4 février 1891-28 avril 1916.
24 pages in-8 (env. 190 x 125 mm), à l’encre violette ou au crayon, 7 à en-tête imprimés Giverny par Vernon. Eure. Enveloppes autographes. Avec 2 autres enveloppes, adressées au même. Belle correspondance à son ami, l’historien et critique d’art Gustave Geffroy. Installé à Giverny, Monet se rend parfois à Paris pour ses affaires mais aime à recevoir des amis comme Gustave Geffroy, fidèle et fervent admirateur. Il demande des nouvelles et en donne des siennes, citant plusieurs membres de sa famille, comme Germaine, la fille aînée d’Alice, son fils Jean qui épouse Blanche Hoschedé en juin 1897, ou encore Suzanne, une autre de ses belles-filles, devenue Mme Butler. Monet évoque aussi des amis proches comme Octave Mirbeau ou Georges Clemenceau, le marchand Durand-Ruel et le peintre Félix Bracquemond. En 1912, il annonce qu’il souffre de cataracte et, quelques mois après le début de la guerre, confie avec émotion que ses petites recherches de formes et de couleurs "pendant que tant de gens souffrent et meurent pour nous", le rendent parfois honteux. 4 février [18]91. Se rendant à Paris le lendemain, il lui propose un rendez-vous chez l’architecte Chauvet, rue Bargier. "Le soir c’est notre dîner Bellier, Caillebotte, etc" et il pense passer au siège de La Justice (journal où travaille Geffroy) vers 6 heures du soir. b 15 février [18]91. Durand-Ruel lui a rendu visite : "Durand m’a enlevé bien des toiles je lui ai refusé le bloc du rocher de la Creuse". -- 13 avril [18]91. Comptant aller voir Mirbeau, il souhaite que Geffroy se joigne à eux en le rejoignant la veille à Giverny. -- 18 avril [18]91. Il le remercie pour le sympathique dimanche qu’ils ont passé ensemble, avec Bracquemond, auquel il va d’ailleurs écrire. -- 11 septembre [18]95. Il réclame de ses nouvelles et sa venue à Giverny : "je suis un peu beaucoup découragé, ayant passé un bien triste été sans donner un coup de pinceau, à cause d’événements et de tracas, de malades à soigner". -- 6 juin [18]97. Ne craignant pas de froisser son ami, il lui explique qu’il ne peut le convier au repas de mariage de Jean et de Blanche, seule la famille sera présente en raison de l’état de santé de Mme Butler (Suzanne Hoschedé qui a épousé en 1892 le peintre américain Théodore Earl Butler), cependant les amis sont conviés à venir prendre le café. -- 7 février [18]99. Il annonce le décès de sa belle-fille Suzanne, "morte hier soir au moment où sa pauvre mère était subitement prise d’une grave bronchite qu’elle avait attrapé à Moret en plus Germaine également malade […] quelle terrible chose que la fin de la vie, je suis bien malheureux". -- 28 avril 1905. Il l’attendra à la gare de Vernon le 1er mai : "Apportez votre cidre et la donation Manet". -- 26 juillet 1912. Il annonce le diagnostic de la cataracte qui le frappe : "Maintenant ce sont mes yeux qui ne voient pas. Il y a 3 jours me mettant au travail, j’ai constaté avec terreur que je ne voyais plus rien de l’œil droit. J’ai tout planté là pour aller bien vite me faire examiner par un spécialiste, qui m’a déclaré que j’avais la cataracte, et que l’autre œil était légèrement atteint aussi". On l’a assuré qu’après l’opération, il reverrait mais il se dit très tourmenté et inquiet. En post-scriptum, il ajoute avoir vu Mirbeau et reçu une affectueuse lettre de Clemenceau. -- 1er décembre 1914. Il demande la date du déjeuner Goncourt afin de ne faire qu’un seul trajet vers Paris où il a des affaires à régler. "Je me suis remis au travail, c’est encore le meilleur moyen, de ne pas trop penser aux tristesses actuelles bien que j’ai un peu honte de penser à de petites recherches de formes et de couleurs pendant que tant de gens souffrent et meurent pour nous". -- 14 septembre 1915. Il réclame des nouvelles, ayant appris l’accident survenu à Geffroy. "Ici ça va toujours bien et j’ai d’assez bonnes nouvelles des absents. Pour moi je suis encore en plein travail, très surmené par des mois de travail ininterrompu, il est temps que l’été finisse pour me reposer un peu". -- 28 avril 1916. Il a reçu la visite d’un photographe, M. Moreau "à qui j’ai montré le jardin et de la peinture. Il a pris force photographies enfin je crois qu’il est parti satisfait". Journaliste, critique d'art, historien, romancier, un des membres fondateurs de l'Académie Goncourt, devenu en 1908 directeur de la manufacture des Gobelins, Gustave Geffroy (1855-1926) avait fait la connaissance de Monet en 1886, à Belle-île où il s’était rendu pour enquêter sur Auguste Blanqui et les prisons sous Napoléon III. Dans l’hommage admiratif qu’il lui consacre en 1922, il raconte : "Claude Monet était venu là pour peindre. […] La poignée de mains que nous échangeâmes scella notre amitié pour toujours. J'avais, en effet, écrit déjà quelques articles, depuis six ans, sur les expositions où se présentaient ensemble les peintres décriés de l'impressionnisme, et notamment sur une exposition particulière qu'avait faite Claude Monet, dans un appartement du boulevard de la Madeleine, n° 9, où l'on vit aussi Boudin, Renoir, Pissarro, Sisley. Je m'étais pris de passion pour l'œuvre de Monet, méconnue et honnie, assaillie de mépris, de sarcasmes, de toutes les sottes plaisanteries dont l'ignorance et l'intérêt accablent les œuvres originales" (Claude Monet : sa vie, son œuvre, Paris, 1922).