STATUE, ZANDE, RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO |

Collection privée, France
Ader-Picard-Tajan, Paris, 2 décembre 1981, n° 201
Daniel Hourdé, Paris
Collection Marceau Rivière, Paris, acquis ca. 1985

Paris, Ecole Supérieure Internationale d’Art et de Gestion, Art Africain, 23 avril - 3 mai 1991
Biot, Musée national Fernand Léger, Léger et le
spectacle, 1^er juillet - 2 octobre 1995
Taïwan, Musée national d’Histoire, Visions d’Afrique, 6 décembre 2003 - 22 février 2004

Burssens, Yanda-Beelden en Mani-Sekte bij de Azande (Centraal-Afrika), 1962, pl. 1, n° 61
Arts d'Afrique Noire, Automne 1983, n° 47, p. 32
Bastin, Introduction aux Arts d'Afrique Noire, 1984, p. 374 et 418, n° 402
Rivière et Lehuard, Art Africain, 1991, n° 60
Hédel-Samson, Fernand Léger et le spectacle,
1995, p. 29
Joubert, Visions d’Afrique, 2003, p. 254, n° 199
Grootaers, Ubangi, 2007, plate X, n° 6 (illustration)

Cette sculpture d'une prodigieuse invention plastique témoigne brillamment d'un des corpus les plus rares de l'univers des arts d’Afrique : la statuaire Zande de la région de l’Ubangui. Créées pour la société magico-religieuse mani, qui a pour rôle de préserver le bien-être de la communauté, ces œuvres d’art illustrent l’individualité et le talent des artistes Zande qui sont à l’origine d’un ensemble à la force singulière apprécié pour « son caractère lipombo, nouveau, sortant de l’ordinaire » (Bastin, Introduction aux Arts d'Afrique Noire, 1984, p. 374). Paradigme de ce corpus, la statue de la collection Marceau Rivière s’affirme par sa dimension et par la magistrale réinvention de la figure humaine à travers laquelle l’artiste « fait surgir l’inconnu plutôt qu’il n’ordonne le connu » (Grootaers, Ubangui, 2007, p. 112). L'audace de la construction monumentale répond à la pureté du geste sculptural qui ne détaille que les traits du visage, la zone ombilicale et les attributs masculins. Cet équilibre entre la modernité de la conception et la finesse de son élaboration - notamment dans le galbe délicat du dos et les fines décorations faciales - témoigne d'une expression artistique puissante, capable de dépasser les canons traditionnels et d'atteindre une esthétique universelle. S’imposent enfin la profonde patine croûteuse et les anneaux de laiton ornant les oreilles, preuves concrètes des nombreux hommages reçus par cette œuvre en témoignage de reconnaissance.

This minimalist sculpture, the result of prodigious artistic invention, brilliantly testifies to one of the rarest corpus in the African art world: the Zande statuary of the Ubangui region. Created for the magical-religious society mani, whose role is to preserve the well-being of the community, these works of art are an outstanding illustration of the individuality and talent of the Zande artists, the creators of an ensemble appreciated for "its lipombo character, new, out of the ordinary" (Bastin, Introduction aux Arts d'Afrique Noire, 1984, p. 374).

A perfect example of this corpus is the figure from the Marceau Rivière collection is distinguished by its dimension and the masterful reinvention of the human figure through which the artist "brings out the unknown rather than ordering the known" (Grootaers, Ubangui, 2007, p. 112). The audacity of the monumental construction responds to the purity of the sculptural gesture, which only details the facial features, the umbilical area and the male attributes. This balance between the modernity of the design and the finesse of its elaboration – particularly in the delicate curve of the back and the fine facial decorations – testifies to a powerful artistic expression, capable of transcending traditional canons and achieving a universal aesthetic. Finally, the deep encrusted patina and brass rings adorning the ears are evidence of the many tributes received by this work as a token of gratitude.