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Paulhan, Jean
Estimate
6,000 - 8,000 EUR
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Description
- Paulhan, Jean
- 6 lettres autographes signées à Antonin Artaud. [Décembre 1931-1932].
- ink on paper
12 p. in-8. Papier à en-tête de la N.R.F.
Correspondance inédite entre le directeur de la N.R.F. et Artaud au moment de la publication du Manifeste du Théâtre de la Cruauté. Le dialogue est psychanalytique et amical, comme dans leur correspondance de 1923 à 1927, où Paulhan tenait déjà le rôle de confident auprès d’Artaud suite à la rupture avec les surréalistes ; la rivalité Breton-Paulhan avait abouti à une brouille entre Artaud et Paulhan, avant leur réconciliation en 1929.
Conférence "La mise en scène et la métaphysique". En décembre 1931, très admiratif de la conférence d’Artaud à la Sorbonne sur “La mise en scène et la métaphysique”, Paulhan lui propose de la “donner dans la N.R.F.” : “jamais je n’avais si bien vu sur quels points nous nous rapprochons, et nous écartons l’un de l’autre. C’est comme un défi à tout le reste du monde que vous nous imposez le [souligné] métaphysique”. Il voit en Artaud le tenant d’une “pensée moderne” qui s’exprime dans une “ligne d’anomalie”. La N.R.F. publiera le texte en février 1932.
La publication du Manifeste du Théâtre de la Cruauté. Recevant le texte du Manifeste en 1932, Paulhan donne ses impressions et de premières corrections : “Le début me paraît confus. L’on a le sentiment que la ‘cruauté’ est surajoutée à votre pensée essentielle -- et que vos efforts pour justifier son intrusion sont maladroits”. Il souhaite voir supprimés certains passages, mais ne cache pas non plus son admiration : “La suite est très belle, et forte. Toute la partie technique, appliquée, est parfaite et m’a appris beaucoup de choses.” Encore quelques jours avant la publication du Manifeste, Paulhan reste toujours mitigé et lui explique, le 22 septembre, être “un peu gêné par la place prépondérante que vous donnez à la cruauté.” Il fait cependant confiance à Artaud et garantit la communication de son livre.
Paulhan reste un soutien important dans cette année importante pour la fortune d’Artaud, notamment pour deux projets qui avorteront. Il lui assure toute sa confiance pour fonder un “Théâtre de la N.R.F.” : “vous seul pouvez faire ce théâtre”. La préférence pour Artaud dans sa rivalité avec Robert Aron ne suffira pas : le projet, prématurément ébruité dans la presse, échoue. Celui de monter le Woyzeck de Büchner n’aboutit pas plus, malgré le soutien de Paulhan, qui motive, raisonne et conseille son ami, parfois même sur des plans plus intimes : “Ne comptez pas sur un envoyé divin. Vous serez libre de l’opium le jour où l’application de votre esprit vous donnera une représentation de ce monde assez précise pour être préférable […] à la représentation vague, incertaine, que vous donne l’opium.”
Référence : R. Lourau, “Un couple auteur-éditeur : Antonin Artaud et la N.R.F.”, in L’Homme et la Société, 1984, vol. 73, n° 1, p. 191-193.
Voir lot n° 60 pour une lettre d'Artaud à Jean Paulhan.
Provenance : Jean-Marie Conty (1904-1999), voir lot 65.
Correspondance inédite entre le directeur de la N.R.F. et Artaud au moment de la publication du Manifeste du Théâtre de la Cruauté. Le dialogue est psychanalytique et amical, comme dans leur correspondance de 1923 à 1927, où Paulhan tenait déjà le rôle de confident auprès d’Artaud suite à la rupture avec les surréalistes ; la rivalité Breton-Paulhan avait abouti à une brouille entre Artaud et Paulhan, avant leur réconciliation en 1929.
Conférence "La mise en scène et la métaphysique". En décembre 1931, très admiratif de la conférence d’Artaud à la Sorbonne sur “La mise en scène et la métaphysique”, Paulhan lui propose de la “donner dans la N.R.F.” : “jamais je n’avais si bien vu sur quels points nous nous rapprochons, et nous écartons l’un de l’autre. C’est comme un défi à tout le reste du monde que vous nous imposez le [souligné] métaphysique”. Il voit en Artaud le tenant d’une “pensée moderne” qui s’exprime dans une “ligne d’anomalie”. La N.R.F. publiera le texte en février 1932.
La publication du Manifeste du Théâtre de la Cruauté. Recevant le texte du Manifeste en 1932, Paulhan donne ses impressions et de premières corrections : “Le début me paraît confus. L’on a le sentiment que la ‘cruauté’ est surajoutée à votre pensée essentielle -- et que vos efforts pour justifier son intrusion sont maladroits”. Il souhaite voir supprimés certains passages, mais ne cache pas non plus son admiration : “La suite est très belle, et forte. Toute la partie technique, appliquée, est parfaite et m’a appris beaucoup de choses.” Encore quelques jours avant la publication du Manifeste, Paulhan reste toujours mitigé et lui explique, le 22 septembre, être “un peu gêné par la place prépondérante que vous donnez à la cruauté.” Il fait cependant confiance à Artaud et garantit la communication de son livre.
Paulhan reste un soutien important dans cette année importante pour la fortune d’Artaud, notamment pour deux projets qui avorteront. Il lui assure toute sa confiance pour fonder un “Théâtre de la N.R.F.” : “vous seul pouvez faire ce théâtre”. La préférence pour Artaud dans sa rivalité avec Robert Aron ne suffira pas : le projet, prématurément ébruité dans la presse, échoue. Celui de monter le Woyzeck de Büchner n’aboutit pas plus, malgré le soutien de Paulhan, qui motive, raisonne et conseille son ami, parfois même sur des plans plus intimes : “Ne comptez pas sur un envoyé divin. Vous serez libre de l’opium le jour où l’application de votre esprit vous donnera une représentation de ce monde assez précise pour être préférable […] à la représentation vague, incertaine, que vous donne l’opium.”
Référence : R. Lourau, “Un couple auteur-éditeur : Antonin Artaud et la N.R.F.”, in L’Homme et la Société, 1984, vol. 73, n° 1, p. 191-193.
Voir lot n° 60 pour une lettre d'Artaud à Jean Paulhan.
Provenance : Jean-Marie Conty (1904-1999), voir lot 65.