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TÊTE, ÎLES TABAR, NOUVELLE-IRLANDE, ARCHIPEL BISMARCK |
Estimate
300,000 - 500,000 EUR
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bidding is closed
Description
- wood
- haut. 73 cm ; 28 7/8 in
Tête, Îles Tabar, Nouvelle-Irlande, Archipel Bismarck
Provenance
Collection Pierre Langlois, acquis in situ ca. 1970
Jacques Kerchache (1942-2001), Paris
Collection privée, France, acquis en 1971
Collection privée, France, acquis ca. 2000
Jacques Kerchache (1942-2001), Paris
Collection privée, France, acquis en 1971
Collection privée, France, acquis ca. 2000
Exhibited
Paris, Galerie Kerchache, Iles Tabar, 1971
Literature
Kerchache, Iles Tabar, 1971, couverture
Condition
Please contact the department : Pierre Mollfulleda pierre.mollfulleda@sothebys.com / 01 53 05 53 15
"In response to your inquiry, we are pleased to provide you with a general report of the condition of the property described above. Since we are not professional conservators or restorers, we urge you to consult with a restorer or conservator of your choice who will be better able to provide a detailed, professional report. Prospective buyers should inspect each lot to satisfy themselves as to condition and must understand that any statement made by Sotheby's is merely a subjective, qualified opinion. Prospective buyers should also refer to any Important Notices regarding this sale, which are printed in the Sale Catalogue.
NOTWITHSTANDING THIS REPORT OR ANY DISCUSSIONS CONCERNING A LOT, ALL LOTS ARE OFFERED AND SOLD AS IS" IN ACCORDANCE WITH THE CONDITIONS OF BUSINESS PRINTED IN THE SALE CATALOGUE."
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Catalogue Note
En tant qu'œuvre d'art, cette rare et ancienne tête malangan possède une présence subtile et évocatrice. Elle est une part du monde dont elle est issue, bien plus que la somme des bois et ocres qui la composent. La plupart des malangan créés sur les îles Tabar sont marumarua – des images de l'esprit d'une personne. Elles ne sont pas la représentation de son corps, mais plutôt des portraits de la vie qui l’animait.
L'image de cette sculpture est celle de la tête d'un homme, arborant les qualités d'une personnalité des Tabar du XVIIe siècle. Ce dernier est représenté portant une haute coiffe à crête, similaire à certaines parures collectées à la fin du XIXe siècle. Ses oreilles sont serties d’une représentation de plumes signifiant des droits malangan. Ces images d'oreilles à plumes se retrouvent sur de nombreuses figures malangan et possèdent des degrés de signification plus profonds, qui n’ont jamais été révélés aux étrangers.
La large bouche, les dents teintes en noir et la forme des lèvres sont très caractéristiques. Elles composent un ensemble d'éléments stylistiques qui semblent avoir été utilisés pendant longtemps dans la région de Matlik, sur la Grande île de Tabar. Plusieurs objets d'art malangan à la bouche et aux lèvres similaires ont été répertoriés à Matlik à la fin du XXe siècle.
Cette tête relevait très probablement de la sous-tradition malangan connue sous le nom de Mendis. En effet, la forme et le style uniques de la barbe et de la partie supérieure de la tête sont très similaires à ceux de cette tradition spécifique, répertoriée à Tabar en 1983-1984, puis en 2006. Mendis a été identifiée comme la plus ancienne sous-tradition survivante du malangan car elle possède la plus large gamme de variantes dialectales et la structure interne la plus complexe de toutes les sous-traditions malangan. En tant que tête Mendis, elle serait désignée sous l’appellation kovkov si mi Mendis dans la langue aujourd’hui utilisée à Tabar.
Sous la tête, à l’arrière de la barbe, s’impose une solide cheville. Cette dernière nous permet de comprendre que, selon toute vraisemblance, la tête était utilisée comme symbole de l'autorité rituelle lors du transfert de la propriété malangan, d'une génération à l'autre. En 1983 et 1984, une séance commémorative malangan eut lieu à Tabar. Lors de la grande cérémonie finale, les droits de propriété ayant permis la création de chaque objet malangan furent transférés d'une génération à l'autre. Cette cérémonie majeure était dirigée par le chef rituel, agenouillé sur une haute plate-forme taubes édifiée à côté de la principale structure d’exposition malangan. Une grande tête malangan dotée d’une comparable cheville était placée à ses côtés, au milieu de la façade du taubes. Elle agissait comme un symbole d'autorité, à l’instar du sceptre dans les cours européennes.
Sur les îles Tabar, la plupart des images malangan sont créées afin de rendre un hommage rituel et sont ensuite détruites ou laissées à leur désintégration, abandonnées à la nature. Les populations de Tabar ne conservent généralement pas leurs images malangan, car elles sont liées à des souvenirs. Ils détruisent l'œuvre mais conservent les droits qui leur permettent de la recréer. A partir du début du XVIIe siècle, les Occidentaux visitant Tabar voulurent acheter des objets d'art malangan. Leurs propriétaires commencèrent donc à vendre les objets d'art dont ils n'avaient plus besoin, soustrayant ainsi à la communauté l'objet malangan et ses souvenirs.
Tous les objets malangan n’étaient cependant pas détruits immédiatement après leur utilisation. Certains ont été conservés, cachés au fond de grottes. Quelques-uns furent réutilisés ultérieurement et d'autres oubliés dans l'obscurité, rendus silencieux par la disparition de leurs propriétaires.
Cette tête a été créée au XVIIe siècle et pourrait bien être le plus ancien objet malangan à avoir survécu. La datation au carbone14 d'un fragment de bois prélevé sous la barbe a révélé une fourchette vraisemblable de 1630 à 1666, ou antérieur. La partie extérieure du tronc est normalement plus jeune lorsqu'il est abattu, mais l’arbre dont il est issu est une espèce à croissance rapide. La tête a été sculptée dans un morceau de bois provenant du tronc d’un quinquina d'Australie (Alstonia scholaris) identifié par les trous ovales à latex caractéristiques, visibles sur le côté droit de la tête. À la fin du XXe siècle, on pouvait voir des sculpteurs partir avec un propriétaire de malangan dans la forêt pour sélectionner l'arbre à abattre afin de sculpter une œuvre d'art malangan, et quelques jours plus tard cet arbre était abattu. Il est vraisemblableque cette pratique s’est maintenue pendant plusieurs siècles.
Commentaire par Michael Gunn (Historien de l'art, Mars 2018)
As a work of art this rare and ancient malangan head has a presence that is subtle and evocative, part of the world it came from, more than the sum of its wood and ochres.
Most malangan images created on the Tabar Islands are marumarua – images of the spirit of a person. They are not a picture of a person's physical body, but instead are portraits of the life that animated the body.
The image in this sculpture is that of the head of a man, exhibiting qualities of a personality in 17th century Tabar. He is depicted wearing a tall ridged headdress, similar to some that were collected in the late 19th century. His ears are tipped with an image of feathers which signify malangan rights. These images of feathered ears are found on many malangan figures and have deeper levels of meaning which are not been revealed to outsiders.
The head has a very distinctive wide mouth, black teeth, and lip-shape – a group of stylistic elements that appear to have been used over a long period of time in the Matlik region of Big Tabar Island. Several malangan art objects with a related mouth and lip-shape were recorded in Matlik in the late twentieth century.
This head most likely belonged to the malangan sub-tradition known as Mendis. It can be attributed to Mendis on the basis that the unique shape and style of the beard and the upper part of the head are very similar to heads within the Mendis sub-tradition that were recorded on Tabar in 1983-1984, and again in 2006. Mendis is the earliest surviving sub-tradition of malangan, for it has the widest range of dialect variants, and its internal structure is more complex than any of the other known sub-traditions. As a head belonging to Mendis, it would be known as kovkov si mi Mendis in the language used on Tabar today.
Underneath the head, behind the beard, is a strong peg. This peg enables us to understand that the head was most likely used as a symbol of ritual authority during the transfer of ownership of malangan from one generation to the next. In 1983 and 1984 a commemorative malangan sequence took place on Tabar. During the final major ceremony the ownership rights that enabled the creation of each malangan object were transferred from one generation to the next. This climatic ceremony was conducted by the ritual leader kneeling in a raised taubes platform which had been built to the side of the main malangan display structure. A large malangan head with a peg similar to this one was positioned next to him, in the middle of the front wall of the taubes. Its role was that of symbol of authority, much as a mace is such a symbol in a Western European court.
Most malangan images on the Tabar Islands are created in order to pay respect in ritual context and are then destroyed or allowed to disintegrate in dead places. Tabar people generally did not keep their malangan images, for they have memories attached to them. They destroyed the art work but maintained the rights that allows them to re-create the art works again. When Westerners began to visit Tabar in the early 17th century many wanted to buy malangan art objects, so malangan owners began to sell their no-longer needed art objects to these outsiders, in effect removing the malangan object and the memories from the community.
However, not all malangan objects were destroyed immediately after use. Some were kept, hidden away in the recesses of caves. One or two were used again at a later date, others just lay forgotten in the darkness, silent, their owners gone.
This particular malangan head was probably created in the 17th century and may well be the earliest malangan object to have survived. Radio-carbon testing of a fragment of the wood, under the beard near the centre of the trunk, revealed a likely date range of 1630-1666 AD, or earlier. When felled, the outer edge of the trunk would be younger, but the tree is a fast-growing species. The head was carved in one piece in wood from the trunk of the White Cheesewood or Milkwood (Alstonia scholaris), identified by the characteristic oval latex holes which are visible on the right side of the head. In the late-20th century sculptors were recorded going into the forest with a malangan owner to select which tree was to be felled so that a malangan art work could be carved from its wood, and within a few days that tree would be felled. It is reasonable to assume that this practice has persisted over many centuries.
Commentary by Michael Gunn (Art Historian, March 2018)
L'image de cette sculpture est celle de la tête d'un homme, arborant les qualités d'une personnalité des Tabar du XVIIe siècle. Ce dernier est représenté portant une haute coiffe à crête, similaire à certaines parures collectées à la fin du XIXe siècle. Ses oreilles sont serties d’une représentation de plumes signifiant des droits malangan. Ces images d'oreilles à plumes se retrouvent sur de nombreuses figures malangan et possèdent des degrés de signification plus profonds, qui n’ont jamais été révélés aux étrangers.
La large bouche, les dents teintes en noir et la forme des lèvres sont très caractéristiques. Elles composent un ensemble d'éléments stylistiques qui semblent avoir été utilisés pendant longtemps dans la région de Matlik, sur la Grande île de Tabar. Plusieurs objets d'art malangan à la bouche et aux lèvres similaires ont été répertoriés à Matlik à la fin du XXe siècle.
Cette tête relevait très probablement de la sous-tradition malangan connue sous le nom de Mendis. En effet, la forme et le style uniques de la barbe et de la partie supérieure de la tête sont très similaires à ceux de cette tradition spécifique, répertoriée à Tabar en 1983-1984, puis en 2006. Mendis a été identifiée comme la plus ancienne sous-tradition survivante du malangan car elle possède la plus large gamme de variantes dialectales et la structure interne la plus complexe de toutes les sous-traditions malangan. En tant que tête Mendis, elle serait désignée sous l’appellation kovkov si mi Mendis dans la langue aujourd’hui utilisée à Tabar.
Sous la tête, à l’arrière de la barbe, s’impose une solide cheville. Cette dernière nous permet de comprendre que, selon toute vraisemblance, la tête était utilisée comme symbole de l'autorité rituelle lors du transfert de la propriété malangan, d'une génération à l'autre. En 1983 et 1984, une séance commémorative malangan eut lieu à Tabar. Lors de la grande cérémonie finale, les droits de propriété ayant permis la création de chaque objet malangan furent transférés d'une génération à l'autre. Cette cérémonie majeure était dirigée par le chef rituel, agenouillé sur une haute plate-forme taubes édifiée à côté de la principale structure d’exposition malangan. Une grande tête malangan dotée d’une comparable cheville était placée à ses côtés, au milieu de la façade du taubes. Elle agissait comme un symbole d'autorité, à l’instar du sceptre dans les cours européennes.
Sur les îles Tabar, la plupart des images malangan sont créées afin de rendre un hommage rituel et sont ensuite détruites ou laissées à leur désintégration, abandonnées à la nature. Les populations de Tabar ne conservent généralement pas leurs images malangan, car elles sont liées à des souvenirs. Ils détruisent l'œuvre mais conservent les droits qui leur permettent de la recréer. A partir du début du XVIIe siècle, les Occidentaux visitant Tabar voulurent acheter des objets d'art malangan. Leurs propriétaires commencèrent donc à vendre les objets d'art dont ils n'avaient plus besoin, soustrayant ainsi à la communauté l'objet malangan et ses souvenirs.
Tous les objets malangan n’étaient cependant pas détruits immédiatement après leur utilisation. Certains ont été conservés, cachés au fond de grottes. Quelques-uns furent réutilisés ultérieurement et d'autres oubliés dans l'obscurité, rendus silencieux par la disparition de leurs propriétaires.
Cette tête a été créée au XVIIe siècle et pourrait bien être le plus ancien objet malangan à avoir survécu. La datation au carbone14 d'un fragment de bois prélevé sous la barbe a révélé une fourchette vraisemblable de 1630 à 1666, ou antérieur. La partie extérieure du tronc est normalement plus jeune lorsqu'il est abattu, mais l’arbre dont il est issu est une espèce à croissance rapide. La tête a été sculptée dans un morceau de bois provenant du tronc d’un quinquina d'Australie (Alstonia scholaris) identifié par les trous ovales à latex caractéristiques, visibles sur le côté droit de la tête. À la fin du XXe siècle, on pouvait voir des sculpteurs partir avec un propriétaire de malangan dans la forêt pour sélectionner l'arbre à abattre afin de sculpter une œuvre d'art malangan, et quelques jours plus tard cet arbre était abattu. Il est vraisemblableque cette pratique s’est maintenue pendant plusieurs siècles.
Commentaire par Michael Gunn (Historien de l'art, Mars 2018)
As a work of art this rare and ancient malangan head has a presence that is subtle and evocative, part of the world it came from, more than the sum of its wood and ochres.
Most malangan images created on the Tabar Islands are marumarua – images of the spirit of a person. They are not a picture of a person's physical body, but instead are portraits of the life that animated the body.
The image in this sculpture is that of the head of a man, exhibiting qualities of a personality in 17th century Tabar. He is depicted wearing a tall ridged headdress, similar to some that were collected in the late 19th century. His ears are tipped with an image of feathers which signify malangan rights. These images of feathered ears are found on many malangan figures and have deeper levels of meaning which are not been revealed to outsiders.
The head has a very distinctive wide mouth, black teeth, and lip-shape – a group of stylistic elements that appear to have been used over a long period of time in the Matlik region of Big Tabar Island. Several malangan art objects with a related mouth and lip-shape were recorded in Matlik in the late twentieth century.
This head most likely belonged to the malangan sub-tradition known as Mendis. It can be attributed to Mendis on the basis that the unique shape and style of the beard and the upper part of the head are very similar to heads within the Mendis sub-tradition that were recorded on Tabar in 1983-1984, and again in 2006. Mendis is the earliest surviving sub-tradition of malangan, for it has the widest range of dialect variants, and its internal structure is more complex than any of the other known sub-traditions. As a head belonging to Mendis, it would be known as kovkov si mi Mendis in the language used on Tabar today.
Underneath the head, behind the beard, is a strong peg. This peg enables us to understand that the head was most likely used as a symbol of ritual authority during the transfer of ownership of malangan from one generation to the next. In 1983 and 1984 a commemorative malangan sequence took place on Tabar. During the final major ceremony the ownership rights that enabled the creation of each malangan object were transferred from one generation to the next. This climatic ceremony was conducted by the ritual leader kneeling in a raised taubes platform which had been built to the side of the main malangan display structure. A large malangan head with a peg similar to this one was positioned next to him, in the middle of the front wall of the taubes. Its role was that of symbol of authority, much as a mace is such a symbol in a Western European court.
Most malangan images on the Tabar Islands are created in order to pay respect in ritual context and are then destroyed or allowed to disintegrate in dead places. Tabar people generally did not keep their malangan images, for they have memories attached to them. They destroyed the art work but maintained the rights that allows them to re-create the art works again. When Westerners began to visit Tabar in the early 17th century many wanted to buy malangan art objects, so malangan owners began to sell their no-longer needed art objects to these outsiders, in effect removing the malangan object and the memories from the community.
However, not all malangan objects were destroyed immediately after use. Some were kept, hidden away in the recesses of caves. One or two were used again at a later date, others just lay forgotten in the darkness, silent, their owners gone.
This particular malangan head was probably created in the 17th century and may well be the earliest malangan object to have survived. Radio-carbon testing of a fragment of the wood, under the beard near the centre of the trunk, revealed a likely date range of 1630-1666 AD, or earlier. When felled, the outer edge of the trunk would be younger, but the tree is a fast-growing species. The head was carved in one piece in wood from the trunk of the White Cheesewood or Milkwood (Alstonia scholaris), identified by the characteristic oval latex holes which are visible on the right side of the head. In the late-20th century sculptors were recorded going into the forest with a malangan owner to select which tree was to be felled so that a malangan art work could be carved from its wood, and within a few days that tree would be felled. It is reasonable to assume that this practice has persisted over many centuries.
Commentary by Michael Gunn (Art Historian, March 2018)