Lot 46
  • 46

Jacques Blanchard

Estimate
25,000 - 35,000 EUR
Bidding Closed

Description

  • Jacques Blanchard
  • Madonna with child
  • Huile sur toile

Provenance

Collection privée lyonnaise depuis le début du XXe siècle

Condition

A l'oeil nu, le tableau se présente dans un état de conservation relativement satisfaisant. Il a fait l'objet d'un réentoilage ancien réalisé y a plus d'une centaine d'années, un peu fort et un peu tendu. Le vernis est ancien et a besoin d'être changé. Le bleu du vêtement de la vierge a changé de couleurs et viré au blanc, c'est certainement la raison pour laquelle la partie droite de ce drapé bleu a été repeint très probablement au moment du réentoilage au début du XXe siècle. On remarque des restaurations dans le drapé blanc du linge de l'enfant et dans le coin inférieur droit. A la lampe UV : vernis vert non uniforme. On remarque des restaurations dans les endroits déjà signalés et dans le coin inférieur droit. To the naked eye, the painting is in a rasonnably good overall condition. It has been recanvassed more than one hundred years ago which was a bit harsh. The varnish is dirty and needs to be changed. The blue colour on the virgin's clothes turned a bit and that is certainly the reason why the right side of her coat has been repainted probably at the time the painting was recanvassed. We can see some restorations in the white clothes of the Infant Jesus and in the lower right corner. Under the UV light : the painting is under an uneven green varnish. We can see some restoration in the already mentioned areas and in the lower right corner.
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Catalogue Note

Jacques Blanchard est né et mort à Paris dans la première moitié du XVIIe siècle. L’historiographe André Félibien disait de lui qu’il avait « beaucoup contribué à remettre en France le bon goût de la peinture.1». Coloriste hors pair, il avait en effet ramené d’Italie différentes manières qui lui valurent le surnom de « Titien français ». Il est vrai qu’à l’instar du peintre vénitien il excellait dans les jeux de vibrations de couleurs et peignait aussi directement à-même la toile, exécutant ses peintures comme un « tout-ensemble » pour reprendre cette-fois les termes de Charles Sterling. De même, sa manière de laisser une proportion importante aux personnages, qui bien souvent emplissaient toute la composition, le rapprochait en un sens de Titien.

Arrêté brutalement au milieu d’une brillante carrière, il mourut à trente-huit ans, « son tempérament tout de feu & la vivacité avec laquelle il travailloit le consumèrent à la fleur de son âge », selon le biographe Dezallier d’Argenville2. Aucun contemporain ne narra malheureusement sa progression. Félibien rendit ses conclusions cinquante ans après la mort de Blanchard, Perrault retraça sa vie soixante-dix ans plus tard, et Dezallier d’Argenville, plus d’un siècle après. La centaine d’œuvres connues aujourd’hui du peintre nous est parvenue bien souvent par la gravure et l’historien Jacques Thuillier assure à plus de cent le nombre de peintures perdues ou à découvrir de l’artiste3.

Ses Vierges à l’Enfant à mi-corps furent extrêmement prisées et abondamment gravées. L’une d’entre elles, d’ailleurs très proche stylistiquement de la nôtre - et aujourd’hui conservée dans la collection Asbjorn R. Lunde à New York4-, fut gravée par Pierre Daret en 1638. L’historien Jacques Thuillier pensait que Blanchard l’avait peinte quelques années avant la gravure, autour de 16315. Réalisée si tôt dans le XVIIe siècle, ce type de madones de Blanchard avait lancé un véritable modèle de représentation des vierges à mi-figure, précédant ainsi les séries de saintes femmes de compositions similaires que réalisa Simon Vouet dans les années 1640.

Certes, le thème convenait alors parfaitement à l’esprit de la Contre-Réforme où il s’agissait de rapprocher le message chrétien des fidèles par des images accessibles. Avec ces femmes au physique actuel, aux allures de vraies françaises du XVIIe siècle et vêtues d’un habit plus contemporain que biblique, Blanchard répondit bien aux exigences du Vatican. Notre Vierge, comme celle de New York d’ailleurs, se comprenait comme un personnage saint seulement par une très légère auréole, à peine esquissée. Jacques Thuillier encore ne s’y était pas trompé et décrivait le succès de ce type de tableaux par ces mots : « ses contemporains se les disputaient (…) moins par dévotion que pour le charme qu’il savait donner à une belle jeune femme fière de sa maternité6 ».