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Paire de meubles d'entre-deux en acajou et sycomore peint, et monture de bronze doré d'époque Louis XVI, l'ébénisterie attribuée à Ferdinand Bury, la décoration attribuée à Jean-Louis Prévost
Description
- tulipwood amaranth mahogany sycamore
- Haut. 91 cm, larg. 100 cm, prof. 34 et 35 cm
- Height 35 3/4 in; width 39 1/3 in; depth 13 1/3 and 13 3/4 in
l'autre formant secrétaire ouvrant à un tiroir muni d'une tablette à écrire et quatre petits tiroirs et par deux vantaux découvrant un intérieur plaqué de bois de rose et d'amarante, muni d'un compartiment à volet à lamelles
Literature
- 18e, aux sources du design, chefs-d’œuvre du mobilier de 1650 à 1790, Dijon, 2014, cat. 60, pp. 206-207
Condition
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Catalogue Note
Les meubles plaqués de sycomore peint s’inscrivent dans cette tradition, mais leur production fut très limitée dans le temps, de 1770 à 1800 environ. Outre la paire que nous présentons, un très petit nombre d’exemplaires de ces meubles sont donc parvenus jusqu’à nous :
- une commode estampillée de Joseph Baumhauer (vente Jaime Ortiz-Patiño, Sotheby’s New York, le 20 mai 1992, lot 93)
- un secrétaire attribué à Joseph Baumhauer (Waddesdon Manor) provenant, comme la commode précédente, de l’ancienne collection de Nicolas Beaujon
- un chiffonnier estampillé de Ferdinand Bury et de Jean-Baptiste II Tuart, précédemment dans les collections d’Arnold Seligmann, Jean Davray, Jean Gismondi, Roberto Polo, puis Pierrette Cordier (sa vente à Paris, Sotheby’s, le 16 décembre 2004, lot 173)
- une paire de petits cabinets en suite avec les présents cabinets et provenant également des collections Rothschild, puis Rosebery à Mentmore (vente Sotheby’s, le 18 mai 1977, lot 451)
- une commode demi-lune estampillée de Cosson (ancienne Arnold Seligmann, puis collection Earl of Rosebery, Dalmeny House, Écosse)
- une paire de bas d’armoire, l’un transformé vers 1840 (collection privée parisienne) et son probable pendant également modifié (collection Earl of Rosebery, Dalmeny House, Écosse)
- une paire de consoles réalisée plus tardivement que les précédents exemples, sous le Consulat (Banque de France).
Parmi ces meubles, les deux premiers sont identifiables dans la vente du banquier de la Cour, Nicolas Beaujon, en 1787 : le catalogue de la vente nous apprend également que l’illustre amateur « en avait ordonné la distribution et le goût » et que le peintre chargé de la décoration était Jean-Louis Prévost « le Jeune » (1740-1810). La mise en œuvre de tels meubles nécessitait l’implication d’un tiers coordonnant les travaux de l’ébéniste, du peintre, mais aussi les fournitures du bronzier et du marbrier. Pour l’ensemble Beaujon, ce fut son architecte attitré Etienne-Louis Boullée qui s’en chargea : on conserve un dessin de sa main représentant un projet de commode très similaire (Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts, Paris). Celle-ci et le secrétaire furent sans doute exécutées aux environs de 1770, Joseph Baumhauer décédant en 1772.
Il est intéressant de relever que l’un des élèves de Boullée, l’architecte Théodore-Alexandre Brongniart, posséda lui aussi deux paires de bas d’armoire peints sur fond d’érable sycomore, décrites dans le catalogue de sa vente le 22 mars 1792, lots 165 et 166.
En ce qui concerne le chiffonnier doublement estampillé, ainsi que les cabinets de Mentmore, on peut supposer que la mode lancée par Beaujon fut reprise par l’ébéniste et marchand mercier avisé que fut Jean-Baptiste II Tuart : il fit appel à l’ébéniste Ferdinand Bury (après 1774, date de sa réception à la maîtrise) et très certainement aussi à Prévost dont on reconnaît les délicates compositions florales, notamment les guirlandes tournantes.
Il est fort probable que de tels meubles prenaient place dans des lambris décorés dans le même esprit et constituaient ainsi un décor complètement homogène. L’architecte Le Carpentier fit aménager pour le prince de Condé au Palais Bourbon un boudoir peint par Deleuze en faux bois de rose et carreaux de porcelaine peints de mille bouquets de fleurs imitant la porcelaine de Sèvres : dans l’un des pans coupés, un secrétaire peint également à l’imitation des carreaux s’intégrait parfaitement au décor. Toujours dans les années 1770, à Paris rue de Varenne, la comtesse d’Orsay disposait d’un boudoir peint par Hugues Taraval dans le tout nouveau style arabesque où une niche abritait un secrétaire à hauteur d’appui, également décoré d’arabesques peintes (musée du Louvre, inv. OA 6523).