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École de Bruges du XVIe siècle, Entourage de Gérard David Oudewater 1450 - 1523 Bruges
Description
- Saint Joseph préparant la soupe au lait
- Huile sur panneau, fragment
- 23,5 x 16,5 cm ; 9 1/4 by 6 1/2 in
Provenance
Collection de Bammeville ;
J. H. Anderdon Esq
Exhibited
Condition
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Catalogue Note
En effet, cette iconographie originale d’un saint nourrissant l’Enfant Jésus d’une soupe au lait est apparue au début du XVIe siècle dans les Flandres. Une véritable volonté de donner à voir les parents du Christ dans un quotidien similaire à celui des habitants du Nord de la Belgique se développa en ces temps1. Le peintre Gérard David réalisa au moins sept versions de ce sujet, surtout des Vierges à l’Enfant, nommés par les historiens Vierge et l’Enfant à la soupe au lait. L’une d’elle se trouve au Palazzo Bianco de Gênes et expose pareillement cette douce scène d’un personnage sacré rafraîchissant cette soupe nordique en la remuant pour son petit. Ces peintures, destinées au marché libre et « sécularisant » ainsi la Vierge, dans le cas du tableau de Gênes, où Joseph, dans le nôtre, allaient connaître un succès immense dans la Hollande et les Flandres du XVIIe siècle.
Si son iconographie spécifique permet ainsi de situer notre peinture dans les Flandres au début du XVIe siècle, sa manière et son style la rapprochent des grands peintres brugeois gravitant autour de Gérard David, artiste attaché à la guilde des peintres de la ville depuis 14842. Comme dans les peintures de David, on retrouve ici cette même façon de faire des visages très détaillés et très expressifs dans une peinture si cernée qu’elle paraît presque dessinée. Ces rouges vifs et ces personnages fortement détachés de l’architecture flamande leur servant de décor évoquent également des manières que l’on retrouve à Bruges en ces temps-là.
Mais par le passé, un autre artiste actif de Bruges avait pourtant été associé à cette peinture, le peintre Hans Memling (vers 1435-1494). C’est sous cette attribution et par la description amusante de A man eating porridge que ce fragment de retable avait pris place à la grande exposition de Manchester en 18573. Financée par les industriels de cette ville ouvrière, cette immense exposition visait, comme les expositions universelles de cette période à diffuser des richesses peu accessibles au grand nombre. Un palais inspiré du Crystal Palace fut construit pour l’occasion et l’on lisait à son entrée une phrase du poète Keats « A thing of beauty is a joy for ever4» et à sa sortie une citation d’Alexander Pope « to wake the soul by tender strokes of art 5». L’ambition était évidemment de susciter l’émerveillement de chacun face à l’Art et en cela l’exposition fut un succès en drainant plus d’un million trois cent mille visiteurs, soit quatre fois la population de la ville, venus voir en masse les seize-mille œuvres exposées de mai à octobre 1857. « La collection de Manchester vaut à peu près le Louvre » dira le critique d’art français Théophile Thoré6.
Elle inspira en tout cas les musées anglais en cours de création qui imitèrent sa configuration et découvrirent là-bas les grands collectionneurs mécènes de l’évènement.
Notre tableau en montre bien l’exemple, car il provenait de la collection Bammeville peu de temps avant l’exposition de Manchester, et cette même collection allait devenir un puissant pourvoyeur de toiles anciennes pour la National Gallery7.
1- M. W. Ainsworth, T-H. Borchert, Bruges et la Renaissance de Memling à Pourbus, cat. exp. Flammarion, 1998, cat. 17-18.
2- M. S. Friedländer, Die Altniederländische Malerei, «Memling und Gerard David», t. VI, Berlin, 1928, p. 102.
3- Art Treasures, Manchester 1857, n°390, Hans Memling « A man eating porridge ».
4- J. Keats (1795-1821), « Toute beauté est joie qui demeure », Endymion, 1818.
5- A. Pope, « Réveiller l’âme par les grands coups de l’Art », prologue pour Cato, 1715
6- « Art treasures Exhibition 1857 », The Burlington Magazine, Vol. 99, n°656, (nov. 1957), pp. 31-363.
7- Entre autres exemples, on notera qu’un Christ à la couronne d’épines, de Matteo di Giovanni, un primitif italien conservé à la National Gallery (Inv. NG 247) provenait également de cette collection Bammeville.