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Figure de reliquaire janus, Kota, Gabon
Description
- wood and copper
- haut. 61,5 cm ; 24 in
Provenance
Transmis par descendance
Catalogue Note
D’après les études de terrain menées dans les années 1930 par le pasteur-ethnologue suédois Efraïm Andersson, les figures de reliquaire bifaces sont à la fois plus anciennes et socialement plus importantes que les figures à un seul visage ("Contribution à l’ethnographie des Kuta", 1953, p. 342). Connues sous le nom de mbulu-viti, ces grandes effigies à visages opposés (l’un convexe à front proéminent, l’autre concave) se distinguent également par leur rareté et leur exceptionnelle facture. Leur grande valeur rituelle aurait induit leur rareté dans les collections occidentales : les mbulu-viti ont toujours été difficiles à observer sur le terrain, et à plus forte raison, à acquérir. Dans le corpus de quelques milliers de figures de reliquaire Kota référencées, les figures bifaces anciennes représentent une proportion minime, de l’ordre d’une dizaine de spécimens pour les Kota Obamba du Gabon oriental (Haut-Ogooué), comme ici.
Les informateurs de E. Andersson notamment (années 1930), mais aussi les miens (années 1970), ont indiqué que les figures concaves à lamelles étaient féminines et les figures convexes ou à front proéminent à plaques, masculines. L’association de deux visages opposés sur les mbulu-viti, identifiés comme des visages de sexe différent, masculin du côté du front bombé et féminin du côté concave, correspondrait donc à la dualité primordiale entre l’homme et la femme des origines, celle qui est évoquée dans les récits mythiques et les contes. Ce couple symbolique serait un rappel de la structure fondamentale de la société, valable aussi bien chez les vivants que chez les morts, basé sur un équilibre de leurs fonctions complémentaires.
Stylistiquement, le visage convexe, avec son front bombé en ogive limité par de grandes arcades sourcilières arrondies et les yeux en cabochons prolongés par des motifs « en larmes », permettent d’attribuer cette œuvre à un maître sculpteur du Haut-Ogooué, et plus précisément du groupe des Obamba, population ayant migré de la zone congolaise vers le Gabon aux 18ème et 19ème siècles. Sa morphologie rappelle certains spécimens des Obamba de la Sébé, dont quelques œuvres évoquent presque directement le crâne d’un défunt. Du côté concave, le visage de forme ovale est décoré de lamelles jointives disposées de part et d’autre d’une large bande de cuivre. Ce procédé, associé aux segments épais du piétement losangique et à la patine profonde, attestent sa grande ancienneté.
Commentaire par Louis Perrois
The great rarity of the bifrons reliquary figures, and the commanding craftsmanship displayed in this effigy reveal the eminence of its status. This previously unseen piece belonged to a powerful lineage and was a reflection of its political importance; in the equal care given to each of the faces it is a superb embodiment of the fundamental notion of gender complementarity.
According to field studies carried out in the 1930s by Swedish pastor and ethnologist Efraïm Andersson, bifrons reliquary figures are both older and more socially significant than single-face figures (« Contribution à l’ethnographie des Kuta », 1953, p. 342). Known as mbulu-viti, these large effigies with opposing faces (one convex with a prominent forehead, the other concave) also stand out for their rarity and their exceptional workmanship. Their great ritual value is the likely cause of their rarity in Western collections: mbulu-vitis have always been difficult to observe in the field, let alone to acquire. Within the corpus comprised of a few thousand recorded Kota reliquary figures, ancient bifrons figures represent a very small subgroup: approximately a dozen specimens for the Kota Obamba of East Gabon (Upper Ogooue), such as this piece.
The informers of E. Andersson in particular (1930s), and mine also (1970s), indicated that concave figures with strips were female and convex figures, or those with a prominent forehead covered in plates were male. The combination of two opposing faces on the mbulu-viti, identified as faces of different gender, a male one on the side of the bulging forehead and a female one on the concave side, should therefore reflect the primordial duality between the original Man and Woman, that which is evoked in mythical narratives and tales. This symbolic couple is most likely a reminder of the fundamental structure of society, valid both for the living and for the dead, and based on a balance of their complementary functions.
Stylistically, the convex face, with its arched domed forehead bordered by large rounded eyebrow arches and cabochon eyes prolonged by "tear-shaped" motifs, make it possible to attribute this piece to a master sculptor of the Upper Ogooue, and more specifically, of the Obamba group, a population who migrated from the Congolese era towards Gabon in the 18th and 19th centuries. Its morphology is reminiscent of certain specimens of the Obamba of the Sebe, some of whose work directly evokes the skull of a deceased person. On the concave side, the oval-shaped face is decorated with adjoining strips arranged on either side of a broad band of copper. This process, combined with the thick segments of the diamond base and the deep patina, attest to its great antiquity.
Commentary by Louis Perrois
Kota janiform reliquary figure, Gabon