Lot 3
  • 3

Reliure de livre en or émaillé, probablement hollandaise, vers 1640

Estimate
40,000 - 60,000 EUR
bidding is closed

Description

  • gilt, enamel
  • larg. fermé 5,2 cm; ouvert 10,5 cm, haut. 3,7 cm; Width: Closed, 5.2 cm; Open, 10.5 cm Height: 3.7 cm
peint en sépia monochrome sur fond blanc, avec sur le côté droit une représentation d’Orphée charmant les animaux en jouant de la harpe, le côté gauche représente Léandre secouru par les Néréïdes avec Neptune dans le fond et des amours surmontés de guirlandes de fleurs, séparé par le dos peint de tulipes et de feuillages, le côté intérieur droit figure Dédale volant tandis qu’Icare entame sa chute, s’étant approché trop près du soleil, le côté intérieur gauche représente Enée portant son père Anchise lors de la chute de Troie accompagné de son fils Ascagne, de part et d’autre du dos articulé; le fermoir est en émail de couleur avec une représentation d’un couple marchant. Non poinçonnée.

An enamelled gold book cover, probably dutch, circa 1640



painted in monochrome sepia on a white ground with, on the outside right hand side, Orpheus charming the animals by his playing the harp, on the left hand inside, Leander is rescued by nereids, with Neptune in the background, and amorini with garlands of flowers above, divided by the spine painted with tulips and foliage, the clasp enamelled with flowers, on the right hand inside, Daedalus flies with his wings while his son, Icarus, falls from the sky having flown too close to the sun, on the left hand inside, Aeneas carries his father Anchises accompanied by his son Ascanius from the burning city of Troy, either side of a plain gold spine, the clasp is enamelled in colours with a couple taking a walk, unmarked.

Provenance

Emil Offenbacher, New York, 21 juin 1955

The History of the Book, The Cornelius J. Hauck Collection, vente Christie’s New York, 27-28 juin 2006, lot 198.

PROVENANCE

Emil Offenbacher, New York, 21 June 1955

The History of the Book, The Cornelius J. Hauck Collection, sold Christie’s New York, 27-28 June 2006, lot 398

Literature

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

Ulrike Weinhold, Emailmalerei an Augsburger Goldschmiedearbeiten von 1650 bis 1750, Munich, 2000

Anne Goldgar, Tulipmania, Money, Honor and Knowledge in the Dutch Golden Age, Chicago et Londres, 2007

COMPARATIVE LITERATURE

Ulrike Weinhold, Emailmalerei an Augsburger Goldschmiedearbeiten von 1650 bis 1750, Munich, 2000

Anne Goldgar, Tulipmania, Money, Honor and Knowledge in the Dutch Golden Age, Chicago and London, 2007

Catalogue Note


THE ENGLISH TRANSLATION OF THIS NOTE FOLLOWS THE FRENCH

Notice de catalogue

Cette reliure en or émaillé extrêmement rare et délicate, au thème classique et destinée à contenir un texte écrit, a traversé les siècles en continuant à éveiller l’intérêt des esthètes et des érudits.

L’image d’Orphée provient d’une gravure de Johann Wilhelm Baur (1609-1640) illustrant les Métamorphoses d’Ovide, livre 10 (plaque 92), publié pour la première fois après 1639 (fig. 1). La scène de Léandre et des Néreïdes est tirée d’une impression de Reinier van Persijn (1615-1668) d’après une toile de Joachim von Sandrart datée aux alentours de 1637 et dédicacée à Pieter Spiering Silvacrona (décédé en 1652) (British Museum, inv. no. 2000. 0521.45; fig. 2). Celle illustrant Dédale et Icare provient, quant à elle, de la plaque 75 du livre 8 de la série d’illustrations par Baur des Métamorphoses d’Ovide à laquelle nous faisions référence plus haut mais en contre-épreuve (fig. 3). Il existe de nombreuses gravures d’Enée portant son père Anchise, son fils Ascagne marchant derrière lui et portant le Palladion. Ces dernières dérivent de la représentation de Raphaël, l’Incendie du bourg, parfois attribuée à Giulio Romano, datant de 1514 au Vatican. A nouveau, la source semble être une composition très similaire de Johann Wilhelm Baur provenant du livre 13 (plaque 126) de ses illustrations des Métamorphoses d’Ovide (fig. 4).

Dans la mesure où les estampes circulaient beaucoup en Europe, ells n’indiquent pas nécessairement le lieu d’origine de la décoration de l’émail mais elles fournissent en revanche une date avant laquelle il est peu probable que le décor ait été peint. Ainsi une datation aux alentours de 1640, à laquelle les gravures ci-dessus furent imprimées pour la première fois et étaient très populaires, semble très plausible. La représentation de tulipes au dos de la reliure viendrait confirmer cette date et indiquer les Pays-Bas comme un probable lieu de création. Toutefois, la représentation polychrome d’un couple marchant à l’intérieur du fermoir semble étrangère aux scènes mythologiques monochromes qui ornent le reste de la reliure et pourrait suggérer un artiste allemand venant d’Augsbourg ou peut être encore un émailleur allemand venu travailler en Hollande autour de 1640. Il est évident que les émailleurs allemands privilégiaient les émaux aux couleurs polychromes plutôt qu’en grisaille (U. Weinhold, op. cit., 2000). En effet, le docteur Weinhold cite un seul exemple de peinture en grisaille sur une coupe, conservée au Rijksmuseum à Amsterdam (inv. no. BK-17095), portant la marque de l’orfèvre Georg Lotter d’Augsbourg, mais associée à une décoration polychrome etant donne que cette reliure est en grisaille, ceci confirme une origine Hollandaise.

Enfin le dos en émaillé de cette ravissante couverture de livre s’orne d’un dessin de tulipe. Les tulipes et la « tulipe mania » souvent associées à la Hollande ont atteint des sommets dans ce pays dans les années 1630.

Pendant des siècles, les couvertures de livres ont servi de protection aux pages imprimées à grand coût ou réalisées à la main, mais également d’hommages décoratifs à leur patrimoine culturel. Jusqu’au début du XIXème siècle, les livres et manuscrits étaient reliés à la main et ornés de matériaux tels que l’or, l’argent et les pierres précieuses.

Si les livres de prières étaient populaires dans les cours européennes au début du XVIIe siècle, seuls certains exemplaires isolés ont survécu. Deux exemples remarquables, probablement destinés à la royauté ou aux familles aristocratiques les plus importantes de l’époque, sont conservés dans l’un des plus prestigieux écrins en Europe, le Kunsthistorisches Museum de Vienne.

Le premier est un livre de prière en or émaillé de l’empereur Ferdinand II réalisé en 1590, probablement à Augsbourg (inv. no. D27; fig. 5). L’émail au décor polychrome de rinceaux est orné d’un cartouche central accueillant les initiales « M.A » pour MARIA sur le plat de dessus. Il fut offert à l’empereur par ses parents, l’archiduc Karl II d’Autriche and l’archiduchesse Maria, fille du duc Albrecht V de Bavière. Comme la reliure Qizilbash, il s’agit d’un très petit format, 6 cm par 4,8 cm. Le second exemple du Kunsthistorisches Museum en or emaillé, rubis et pierres dures est un peu plus grand et fut probablement réalisé en Allemagne (fig. 6).

Ces précieuses reliures de livres étaient probablement déstinees a la famille royale ou aux familles aristocratiques les plus importantes de l’époque. La reliure de livre de la collection Qizilbash présentée ici est, de ce fait, une pièce exceptionnelle, étant presque entièrement émaillée en grisaille et dans un superbe état.

Catalogue note

This extremely fine and rare enamel and gold book cover with classical theme created to hold written text, transcends time in its appeal to both scholar and aesthete.

The image of Orpheus is taken from an engraving by Johann Wilhelm Baur (1609-1640), in Book 10, plate 92, of his illustrations to Ovid’s Metamorphoses, first published after 1639 (fig. 1). The scene of Leander and the nereids is taken from a print by Reinier van Persijn (1615-1668) after a painting by Joachim von Sandrart (d. 1652), dated about 1637, dedicated to Pieter Spiering Silvacrona (British Museum, inv. no. 2000. 0521.45; fig. 2). That illustrating Daedalus and Icarus is taken from Plate 75 in Book 8 from the series of Baur’s illustrations to Ovid’s Metamorphoses, referred to above, but in the opposite sense (fig. 3). There are many prints of Aeneas carrying his father, Anchises, beside his son Ascanius carrying the Palladium, which ultimately derive from Rapheal’s depiction of “L’incendio del Borgo” (1514), sometimes attributed to Giulio Romano, in the Vatican. Again the source appears to be a very similar composition by Johann Wilhelm Baur from Book 13, plate 126, of his illustrations to Ovid’s Metamorphoses (fig. 4).

Since prints were widely circulated in Europe, they do not necessarily indicate a place of origin for the enamel decoration but they do give a date before which the decoration is unlikely to have been painted. Thus a date of about 1640, when the prints referred to above were first published, and were extremely popular, seems to be very plausible. The decoration of the spine with tulips would support that date and indicate the Netherlands as a probable place of manufacture. The polychrome figures of a couple taking a walk depicted on the inside of the clasp and the monochrome mythological scenes on the rest of the book cover might suggest a German, Augsburg artist or enameller working in the Netherlands, around 1640. Whilst it is evident that German enamellers preferred polychrome colours in enamel rather than grisaille painting (see U. Weinhold, op.cit., 2000), Dr. Weinhold cites only one example of grisaille painting, on a cup in the Rijksmusuem, Amsterdam (inv. no. BK-17095), with the goldsmith’s mark of Georg Lotter of Augsburg, but this is combined with polychrome decoration. As the present book cover is mostly grisaille, this would further strengthen a Dutch origin.

Furthermore, the enamel spine of this exquisite book cover boasts a tulip design.

Tulips and "tulip mania" are generally associated with Holland and reached its peak in Holland in the 1630s.

For hundreds of years, book bindings served as a protective device for the expensively printed or hand-made pages, as well as a decorative tribute to their cultural authority. Up until the early nineteenth century, books and manuscripts were hand-bound and their cases were adorned with materials such as gold, silver and jewels.

Although miniature prayer books were popular at the European Courts at the beginning of the 17th century, only isolated examples have survived.

Two important examples are in one of the great treasuries of Europe, the Kunsthistorisches Museum, Vienna:

One is a small gold enamelled prayer book that belonged to Emperor Ferdinand II made in 1590, possibly in Augsburg, (inv. no. D27, fig. 5). It is enamelled in polychrome scrollwork with a central cartouche bearing the initials "M.A" for MARIA on the front cover. It was gifted to the Emperor by his parents, Archduke Karl II of Austria and Archduchess Maria, daughter of Duke Albrecht V of Bavaria.

As with the Qizilbash book cover, it is also of a very small size, 6cm by 4.8cm. The second example in the Kunsthistorisches Museum is slightly larger, made of enamelled gold, rubies and hardstones and also possibly made in Germany (fig. 6). These precious book covers were made for royalty and the foremost aristocratic families at the time.

The Qizilbash book cover here presented is therefore unique in that it is almost completely enamelled in grisaille and in its superb condition is an exceptional piece.

(C) 2025 Sotheby's
All alcoholic beverage sales in New York are made solely by Sotheby's Wine (NEW L1046028)