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Rare paire de grands vases fuseau à bandeau en porcelaine de Paris de la manufacture de Dihl et Guérhard d’époque Empire, peints et signés par Swebach et datés 1807
Description
- porcelain
- Haut. 128 cm, larg. 47 cm
- Height 50 1/3 in; width 18 1/2 in
Literature
Condition
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Catalogue Note
Les recherches de Dihl sur les couleurs, les variétés de fonds obtenus, imitant l’agate, le lapis, le jaspe, l’écaille, le vermeil ou le bronze patiné à l’antique, associées aux pinceaux de peintres talentueux, Le Guay ou Sauvage déjà évoqués mais également Drölling, Demarne ou Swebach permet à la manufacture d’être considérée à la fin du XVIIIe siècle et sous l’Empire comme l’une des premières en Europe. Dihl tente ainsi de hisser la porcelaine à un rang supérieur dans la hiérarchie des arts. Les commentaires du Salon de 1806 par Chaussard sont à ce propos instructifs: « Commençons par gémir de ce qu'un pinceau aussi brillant [celui de Demarne] soit obligé de se louer à des manufacturiers… Ainsi les manufacturiers absorbent et débauchent en quelque sorte les talens de MM. De Marne, Droling, Swebach, Mallet, etc… je dois considérer les peintures de M. Droling sous un autre aspect; en effet, il est attaché aujourd'hui à une manufacture de porcelaine… Applaudissons néanmoins aux efforts et à la constance que M. Dihl a développée pour donner aux manufactures de porcelaine un éclat indépendant de celle de la fabrication et pour ajouter à leur prix par la valeur de la Peinture. Ce genre n'est point à dédaigner, il ouvre à l'industrie et aux arts de nouveaux débouchés, il donne au luxe un caractère de goût et d'élégance, il agrandit le domaine de l'art ». Chaussard, Le Pausanias français, 1806, pp.206-207, cité par Régine de Plinval de Guillebon, « La Manufacture de Porcelaine de Dihl et Guérhard », Bulletin de la Société de l'Histoire de Paris, 1982, p. 185.
Napoléon se tourne ainsi vers cette manufacture particulière et non pas vers Sèvres pour offrir en 1804 au Roi Charles IV d’Espagne une table en bronze doré ornée de plaques peintes par Le Guay et Sauvage (Régine de Plinval de Guillebon, Faïence et Porcelaine de Paris, XVIIIe -XIXe siècle, 1995, p. 294). La Cour d’Espagne reçoit également en 1804 une très grande paire de vases fuseau à fond écaille d’une forme et taille similaires aux nôtres, aujourd’hui conservés au Palais Royal de Madrid (fig. 2), ainsi décrits dans une facture de la veuve du marchand Godon en 1804 : Une paire de vases en porcelaine d’environ quatre pieds français de haut, fond au grand feu, ornements dorés, peints par Coste, en paysage colorié, placés sur de très hauts piédestaux en racine d’orme ornés de riches bronze dorés mat, 32,000 francs (information aimablement communiquée par John Whitehead). Un autre très grand vase fuseau à bandeau sur fond or mesurant un mètre de haut, peint par Le Guay d’un Enlèvement des Sabines en grisaille, aujourd’hui conservé au Victoria and Albert Museum de Londres, figurait dans une vente chez Phillips en 1816 (15 juin 1816 lot 553) et aurait peut-être été commandé par le Roi George IV d’Angleterre (fig. 3). C’est à nouveau à la manufacture de Dihl et Guérhard que Joséphine de Beauharnais et le prince Eugène feront appel en 1811 pour les deux services à fond or décorés de tableaux, aujourd’hui majoritairement conservés au musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg (Atalia Kasakiewitsch, « Das Service des Eugène de Beauharnais », Keramos, n°141, juillet 1993, p. 13-32).
Jacques François Joseph Swebach (1769-1823), fils et élève du peintre Louis Swebach Desfontaines, débute sa carrière en 1783 en exposant au Salon de la Correspondance, se spécialisant rapidement comme peintre et graveur de chevaux et scènes de bataille (fig. 4). Il réalise en 1800 un portrait équestre de Joséphine pour le château de Malmaison. Il entre en 1802 à la manufacture de Sèvres comme peintre de batailles, de scène de genre et de paysage, participant à la réalisation des services les plus prestigieux comme le service particulier de l’Empereur, les deux services Egyptiens, les deux services Encyclopédiques ou encore le service des vues diverses. L’une des assiettes du premier service Encyclopédique offert par l’Empereur en 1806 à son ministre Hugues-Bernard Maret, duc de Bassano, aujourd’hui conservé au musée du Louvre, est décorée d’une chasse au cerf. La même scène est à nouveau peinte par Swebach en 1807 sur le bandeau d’un de nos vases (fig. 5 et 6).
En 1814, Swebach est appelé en Russie par la manufacture Impériale de porcelaine où il travaille jusqu’en 1820.