Lot 55
  • 55

Fourier, Joseph

Estimate
8,000 - 12,000 EUR
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Description

  • Fourier, Joseph
  • Mémoire sur la propagation de la chaleur dans les corps solides. In : Nouveau Bulletin des sciences par la Société philomathique de Paris, livraison 6. Paris, [Bernard,] mars 1808.
  • ink on paper and board
Grand in-4 (250 x 195 mm). Bradel cartonnage marbré, pièce de titre en long sur le dos, moderne.

En parfait état.



La découverte de Joseph Fourier sur les séries, ici annoncée 14 ans avant son développement dans son opus major, Théorie analytique de la chaleur (Firmin-Didot, 1822).



D’importance historique, l’article présente les prémisses mais aussi l’essentiel de la théorie de la Transformation : Fourier postule la transformation systématique de toute fonction en une série trigonométrique, et en fournit l’algorithme ;  on peut parler de traduction automatique de l’une aux autres.



Publié dans le Nouveau bulletin des sciences de la Société philomathique (livraison n° 6 de mars 1808, p. 112-116), l'article rend compte d’un mémoire manuscrit que Fourier avait remis à l’Institut en décembre 1807 : "L’Auteur de ce Mémoire s’est proposé de soumettre la théorie de la chaleur à l’analyse mathématique, et de vérifier, par l’expérience, les résultats du calcul".



L'académicien, spécialiste des séries de Fourier, Jean-Pierre Kahane (†2017) raconte dans son allocution intitulée "Le Retour de Fourier" à l’Académie des Sciences en 2005 : « En 1807, [Fourier] achève la rédaction d'un imposant manuscrit intitulé "Théorie de la propagation de la chaleur dans les solides", il le porte à Paris, en donne connaissance à ses collègues Biot et Poisson qu'il a connus à l'École polytechnique, et le présente à la première Classe de l'Institut national des sciences et des arts le 21 décembre. Lagrange, Laplace, Monge et Lacroix sont désignés comme rapporteurs. Silence. Un compte rendu sommaire de son travail paraît en mars 1808, signé P. (Poisson). Mésestimation, incompréhension, c'est un véritable échec pour Fourier."



Il faudra, suite aux critiques insistantes de ses concurrents (Lagrange, Poisson, Cauchy) qui en empêcheront la publication, attendre 1822 pour que Fournier achève enfin son ouvrage et le publie lui-même. Malgré la tourmente de la Restauration et la valse des postes dans les grandes écoles savantes napoléoniennes, Fourier accède aux honneurs avant sa mort. Il est élu membre de l’Académie des Sciences en 1817, secrétaire perpétuel en 1822, membre de l’Académie française en 1826. Sa mort en 1830 le plonge pourtant dans l’oubli, malgré le panégyrique d’Auguste Comte qui en fait le père de la thermologie mathématique et l’égal de Newton. En 1862, dans Les Misérables, Victor Hugo le regrette : "Il y avait à l'Académie des sciences un Fourier célèbre que la postérité a oublié, et dans je ne sais quel grenier un Fourier obscur dont la postérité se souviendra". Le "Fourier obscur" est Charles Fourier (1772-1837), le phalanstérien. Le "Fourier célèbre" est le savant Joseph Fourier.



"Séries de Fourier", "intégrales de Fourier", "analyse de Fourier", "transformations de Fourier", "fast Fourier transform (FFT)", "équation de Fourier", sont aujourd’hui des outils indispensables dans un grand nombre de sciences et de techniques : transmission des signaux, sons et images, en astronomie et en astrophysique, dans un monde où tous les phénomènes de la physique sont réduits à des nombres discrets. Ce sont les séries et la transformation de Fourier qui président à l’ère du numérique. Elles viennent d’être couronnées, un peu plus de deux siècles plus tard (2016), du Prix Abel, le “Nobel” de mathématiques: la théorie des ondelettes d'Yves Meyer sont directement issues des travaux de Fourier.



En français dans le texte, n° 232. – J.-P. Kahane, « Le Retour de Fourier », Institut de France (Académie des sciences), août 2005.