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Louis-Claude Vassé, 1716 - 1772
Estimate
50,000 - 70,000 EUR
Bidding Closed
Description
- Louis-Claude Vassé
- Portrait of Anne Claude Philippe de Thubières (1692-1765), Count of Caylus, circa 1767
- médaillon en bronze à patine brune; dans un cadre en bois doré
- Diam. (bronze) 51,5 cm; 20 1/3 in.
Provenance
Elément central du monument funéraire du comte de Caylus, érigé en 1769 à Saint-Germain-l’Auxerrois, Paris ; transféré au Musée des monuments français en décembre 1793, lors du démantèlement du monument funéraire par les révolutionnaires ; réapparaît dans une vente à Paris, Hôtel Drouot, le 22 juin 1988, acquis par le propriétaire actuel ; collection privée parisienne.
Exhibited
L’Antiquité rêvée : innovations et résistances au XVIIIe siècle, musée du Louvre, Paris, 2 décembre 2010 – 14 février 2011, n° 25 (ill.).
Literature
A. Lenoir, Notice historique des Monumens des Arts, réunis au Dépôt National rue des Petits Augustins, Paris, an IV (1795), pp. 22-23, n° 101 ; S. Lami, Dictionnaire des sculpteurs de l’école française du XVIIIe siècle, Paris, 1911 (rééd. 1970), p. 378 ; G. Faroult, C. Leribault, G. Scherf, (dir.), L’Antiquité rêvée : innovations et résistance au XVIIIe siècle, cat. exp. musée du Louvre, Paris, 2010, pp. 154-155, n° 25 (ill.) ; X. Dufestel, Caylus mécène du Roi. Collectionner les Antiquités au XVIIIe siècle, Paris, 2002.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES :
D. Diderot, Salon de 1767, Oxford, vol. III, 1983 ; pp. 323-324 ; E. Schwartz, Les sculptures de l’école des Beaux-Arts de Paris, Paris, 2003, p. 81 (ill. p. 122).
Condition
Very crisp and fine bronze cast of good quality with good finishing,chiselling and hammering of the surface, in particular to the hair. Some minor wear to the patina with a few minor scratches to the surface, consistent with age and handling.The giltwood frame with a few minor knocks to the edtges. Very good condition overall.
"In response to your inquiry, we are pleased to provide you with a general report of the condition of the property described above. Since we are not professional conservators or restorers, we urge you to consult with a restorer or conservator of your choice who will be better able to provide a detailed, professional report. Prospective buyers should inspect each lot to satisfy themselves as to condition and must understand that any statement made by Sotheby's is merely a subjective, qualified opinion. Prospective buyers should also refer to any Important Notices regarding this sale, which are printed in the Sale Catalogue.
NOTWITHSTANDING THIS REPORT OR ANY DISCUSSIONS CONCERNING A LOT, ALL LOTS ARE OFFERED AND SOLD AS IS" IN ACCORDANCE WITH THE CONDITIONS OF BUSINESS PRINTED IN THE SALE CATALOGUE."
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Catalogue Note
« Le comte de Caylus est beau, vigoureux, noble, fait avec hardiesse, bien modelé, bien ressenti, chair, beaux méplats, le trait pur, les peaux, les rides, les accidents de la vieillesse à merveille. La nature a été exagérée, mais avec tant de discrétion que la ressemblance n’a rien souffert de la dignité qu’on a surajoutée. Il reste encore dans les longs plis, dans ces peaux qui pendent sous le menton des vieillards, une sorte de mollesse. Ce n’est pas du bois, c’est encore de la chair. » (Diderot, op. cit., pp. 323-324). Diderot décrit ainsi l’effigie de son rival disparu. Derrière une admiration affichée, il adresse au souvenir de son ennemi vieillissant une dernière pique finement dardée.
Orphelin de père, Anne-Claude-Philippe de Thubières est le fils de la nièce de Mme de Maintenon. Elevé dans la tradition de la haute noblesse française, il fut brièvement destiné à une carrière militaire. Après un voyage de plus de deux ans en Italie et un retour par Constantinople, Caylus se trouve à nouveau à Paris en 1717. Il devient une figure influente des cercles artistiques : habitué de l’hôtel particulier du financier Pierre Crozat et du salon de Mme Geoffrin, intime du collectionneur et marchand d’estampes Mariette et proche de Watteau qui l’initiera à la gravure. Membre honoraire de l’Académie royale de peinture et de sculpture ainsi que de l’Académie des inscriptions, l’influence du comte de Caylus s’insinua dans les plus hautes instances, jusqu’aux directeurs des Bâtiments du Roi Lenormant de Tournehem puis Marigny. Protecteur des arts, il fut un soutien particulièrement présent auprès de sculpteurs tels que Bouchardon, Pajou, Saly et Vassé. Helléniste passionné, son rôle fut décisif pour l’intégration du goût grec dans la création contemporaine, comme en témoigne le Recueil d’antiquité, son œuvre majeure en sept volumes.
Selon ses vœux, une urne antique en porphyre acquise auprès du bailli de Breteuil devait recueillir ses cendres. Ainsi écrit-il dans son testament que ses proches « trouveront dans (son) jardin de Paris un tombeau de porphyre qu’[il] ne donne point au roi. S’ils en font cet usage, il ne porte aucune marque de paganisme, et il n’y a point d’église qu’il ne puisse décorer » (G. Faroult, C. Leribault, G. Scherf, op. cit.). En 1766, le marquis de Lignerac, héritier de Caylus, demande à l’Académie que soit confié à l’architecte Soufflot et au sculpteur Vassé le soin d’édifier le monument qui accueillera l’urne en porphyre. Le 23 novembre 1769, un service fut prononcé en l’honneur de Caylus dans une chapelle de Saint-Germain-L’Auxerrois où avait été érigé le monument. Démantelé à la Révolution, il nous est connu par des descriptions de l’époque et par une estampe de Pierre Chenu (Bibliothèque nationale de France, inv. n° Ef 3 ; fig. 2). L’urne antique aujourd’hui au Louvre (inv. n° MR 905) était disposée sur un piédestal de marbre veiné noir et surmontée d’une lampe à huile. Notre médaillon en bronze surplombait le monument, au-dessus de l’épitaphe composée par Caylus lui-même : « Cy git Caylus ». Dans une lettre à Falconet du 16 août 1767, Diderot trouve une réplique grinçante à l’épitaphe de son rival : « Cy git un antiquaire acariâtre et brusque Ah ! qu’il est bien logé dans cette cruche étrusque » (G. Faroult, C. Leribault, G. Scherf, op. cit.).
Fils du sculpteur Antoine-François Vassé, Louis-Claude fut l’élève de Pierre Puget et Edme Bouchardon. Il remporta le premier grand prix de sculpture en 1739 et partit pour Rome où il séjourna au moins jusqu’en 1745. Agréé à l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1748, il sera reçu en 1751 avec son Berger endormi du musée de Louvre (inv. n° MR 2111). Il occupa les fonctions d’adjoint professeur puis professeur à l’Académie et exposa au Salon de 1748 à 1761. Bien qu’il fût le protégé du comte de Caylus et que - par son entremise - il travailla pour d’influents commanditaires, son tempérament colérique et d’une ambition dévorante lui valut l’antipathie de ses confrères. Outre quelques commandes royales, Vassé travailla également en Russie, au service de Frédéric le Grand. Il se fit une spécialité des monuments funéraires - comme en témoigne notre médaillon - dont celui de Stanislas Leczinski qui ne fut achevé qu’après sa mort par son élève, Félix Lecomte.
Notre médaillon sauvé des destructions révolutionnaires révèle une parfaite union entre l’idéalisation des profils antiques et le réalisme d’une observation d’après nature. Ainsi Vassé retranscrit-il les traits vieillissants de Caylus en de subtils détails tels que la veine saillant sur sa tempe, les rides traversant son front, les chairs tombant sous son menton ou les plis marquant la naissance de sa nuque. L’exceptionnel travail de ciselure et de martelage de la surface - mis en exergue par une patine riche - magnifie l’effigie de l’antiquaire. Deux autres exemplaires seulement sont connus: le marbre signé et daté du Salon de 1767 (ENSBA, Paris, inv. n° MU 7603; fig. 1) et une terre cuite accidentellement détruite de la Bibliothèque nationale de France. L’Année Littéraire commente l’accueil du médaillon de Caylus au Salon de 1767 : « Les portraits d’Elisabeth de Russie et de Caylus sont remarqués pour leur ressemblance […]. On admire dans le premier, le ciseau élégant de Vassé, mais c’est surtout Caylus qui attire les regards du public et des connaisseurs. » (X. Dufestel, op. cit., p. 32).
Orphelin de père, Anne-Claude-Philippe de Thubières est le fils de la nièce de Mme de Maintenon. Elevé dans la tradition de la haute noblesse française, il fut brièvement destiné à une carrière militaire. Après un voyage de plus de deux ans en Italie et un retour par Constantinople, Caylus se trouve à nouveau à Paris en 1717. Il devient une figure influente des cercles artistiques : habitué de l’hôtel particulier du financier Pierre Crozat et du salon de Mme Geoffrin, intime du collectionneur et marchand d’estampes Mariette et proche de Watteau qui l’initiera à la gravure. Membre honoraire de l’Académie royale de peinture et de sculpture ainsi que de l’Académie des inscriptions, l’influence du comte de Caylus s’insinua dans les plus hautes instances, jusqu’aux directeurs des Bâtiments du Roi Lenormant de Tournehem puis Marigny. Protecteur des arts, il fut un soutien particulièrement présent auprès de sculpteurs tels que Bouchardon, Pajou, Saly et Vassé. Helléniste passionné, son rôle fut décisif pour l’intégration du goût grec dans la création contemporaine, comme en témoigne le Recueil d’antiquité, son œuvre majeure en sept volumes.
Selon ses vœux, une urne antique en porphyre acquise auprès du bailli de Breteuil devait recueillir ses cendres. Ainsi écrit-il dans son testament que ses proches « trouveront dans (son) jardin de Paris un tombeau de porphyre qu’[il] ne donne point au roi. S’ils en font cet usage, il ne porte aucune marque de paganisme, et il n’y a point d’église qu’il ne puisse décorer » (G. Faroult, C. Leribault, G. Scherf, op. cit.). En 1766, le marquis de Lignerac, héritier de Caylus, demande à l’Académie que soit confié à l’architecte Soufflot et au sculpteur Vassé le soin d’édifier le monument qui accueillera l’urne en porphyre. Le 23 novembre 1769, un service fut prononcé en l’honneur de Caylus dans une chapelle de Saint-Germain-L’Auxerrois où avait été érigé le monument. Démantelé à la Révolution, il nous est connu par des descriptions de l’époque et par une estampe de Pierre Chenu (Bibliothèque nationale de France, inv. n° Ef 3 ; fig. 2). L’urne antique aujourd’hui au Louvre (inv. n° MR 905) était disposée sur un piédestal de marbre veiné noir et surmontée d’une lampe à huile. Notre médaillon en bronze surplombait le monument, au-dessus de l’épitaphe composée par Caylus lui-même : « Cy git Caylus ». Dans une lettre à Falconet du 16 août 1767, Diderot trouve une réplique grinçante à l’épitaphe de son rival : « Cy git un antiquaire acariâtre et brusque Ah ! qu’il est bien logé dans cette cruche étrusque » (G. Faroult, C. Leribault, G. Scherf, op. cit.).
Fils du sculpteur Antoine-François Vassé, Louis-Claude fut l’élève de Pierre Puget et Edme Bouchardon. Il remporta le premier grand prix de sculpture en 1739 et partit pour Rome où il séjourna au moins jusqu’en 1745. Agréé à l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1748, il sera reçu en 1751 avec son Berger endormi du musée de Louvre (inv. n° MR 2111). Il occupa les fonctions d’adjoint professeur puis professeur à l’Académie et exposa au Salon de 1748 à 1761. Bien qu’il fût le protégé du comte de Caylus et que - par son entremise - il travailla pour d’influents commanditaires, son tempérament colérique et d’une ambition dévorante lui valut l’antipathie de ses confrères. Outre quelques commandes royales, Vassé travailla également en Russie, au service de Frédéric le Grand. Il se fit une spécialité des monuments funéraires - comme en témoigne notre médaillon - dont celui de Stanislas Leczinski qui ne fut achevé qu’après sa mort par son élève, Félix Lecomte.
Notre médaillon sauvé des destructions révolutionnaires révèle une parfaite union entre l’idéalisation des profils antiques et le réalisme d’une observation d’après nature. Ainsi Vassé retranscrit-il les traits vieillissants de Caylus en de subtils détails tels que la veine saillant sur sa tempe, les rides traversant son front, les chairs tombant sous son menton ou les plis marquant la naissance de sa nuque. L’exceptionnel travail de ciselure et de martelage de la surface - mis en exergue par une patine riche - magnifie l’effigie de l’antiquaire. Deux autres exemplaires seulement sont connus: le marbre signé et daté du Salon de 1767 (ENSBA, Paris, inv. n° MU 7603; fig. 1) et une terre cuite accidentellement détruite de la Bibliothèque nationale de France. L’Année Littéraire commente l’accueil du médaillon de Caylus au Salon de 1767 : « Les portraits d’Elisabeth de Russie et de Caylus sont remarqués pour leur ressemblance […]. On admire dans le premier, le ciseau élégant de Vassé, mais c’est surtout Caylus qui attire les regards du public et des connaisseurs. » (X. Dufestel, op. cit., p. 32).