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Wassily Kandinsky 1866 - 1944
Description
- Wassily Kandinsky
- Rapprochement
- signé K et daté 31 (en bas à gauche)
- aquarelle sur papier
- 45,6 x 62 cm ; 17 3/4 x 24 3/8 in.
- Executé en octobre 1931.
Provenance
Galerie Maeght, Paris
Galleria del Naviglio, Milan
Galleria Lorenzelli, Bergame, vers 1971
Acquis auprès du précédent par le propriétaire actuel
Exhibited
Londres, The Mayor Gallery, International Exhibition: A survey of contemporary art, 1933, reproduit dans le catalogue
Berne, Kunsthalle, Wassily Kandinsky, Französische meister der gegenwart, 1937, no. 75, mentionné dans le catalogue p. 7 (sous le titre Annäherung)
Milan, Galleria del Milione, Arp, Domela, Kandinsky, Magnelli, Seligmann, Taeuber Arp, Vezelay, 1938, mentionné dans le catalogue
New York, Sidney Janis Gallery, Kandinsky, 1949
New York, Kleemann Galleries, Wassily Kandinsky 1866-1944, 1957, no. 9, reproduit dans le catalogue
Milan, 1960, no. 5
Turin, Palazzo delle Mostre, Moda-Arte-Costume, 1961
Milan, Villa Reale, Boldini, Pollock, 1961
Turin, Galleria civica d'arte moderna, Il Cavaliere Azzurro, Der Blaue Reiter, 1971, reproduit dans le catalogue p. 207 (sous le titre Anna Rerung)
Bergame, Galleria d'arte moderna e contemporanea, Gli anni del premio Bergame, 1993, no. 24
Milan, Palazzo Reale, Kandinsky e l'astrattismo in Italia 1930-1950, 2007, reproduit dans le catalogue p. 96
Aoste, Museo Archeologico Regionale, Wassily Kandinsky e l'arte astratta tra Italia e Francia, 2012, no. 13, reproduit dans le catalogue p. 70
Literature
Condition
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Catalogue Note
The English translation of this note follows the French
Notice de catalogue
Rapprochement est une œuvre de 1931 dont le titre peut être considéré au-delà du contenu et des limites de la composition.
Conçue entre les dernières années du Bauhaus où Kandinsky enseigne de 1921 jusqu’à la fermeture de l’établissement en 1933 et son arrivée Paris, Rapprochement est une œuvre charnière. Ici se dessine la synthèse entre les conceptions rigoureuses de Point et ligne sur plan (1926) et la vision fondamentalement lyrique de ses premiers écrits, Du Spirituel dans l’Art (1910).
Certes, à l’époque où il peint Rapprochement, Kandinsky encourage ses élèves à un examen analytique renforcé des différents éléments d’un tableau. Dans l’atmosphère de Dessau puis de Berlin (où le Bauhaus déménage en 1932) où règne un Constructivisme pur et dur, l’étude repose sur l’effet des forces s’exerçant sur les lignes droites conduisant aux sonorités opposées des lignes courbes et anguleuses. L’investigation porte simultanément sur le concept de correspondances entre les formes et les couleurs dont on pressent qu’il trouve ses origines dans des théories mystiques et symbolistes fort étrangères aux axiomes constructivistes en vigueur. Ce sont ces antagonismes conscients et assumés qui nourrissent le "romantisme froid" de Kandinsky.
Avec ses couleurs légères et lumineuses, Rapprochement s’éloigne significativement de ce que le "romantisme" de Kandinsky pouvait encore avoir de "froid". Coïncidant avec une période sereine de sa vie (son biographe ira jusqu’à confier qu’il allait au cinéma voir des films comiques, ceux de Buster Keaton en particulier), cette œuvre anticipe les accents ludiques et subtils des œuvres des années parisiennes. Alors que l’on pourrait s’attendre à ce que Kandinsky adhère sans concession au groupe Abstraction-Création qui vient de se constituer à Paris, le rationalisme et le puritanisme en vigueur lui font garder ses distances. Il retrouve davantage les amitiés anciennes de Klee et Delaunay (dont la nouvelle série Rythmes sans fin correspond à son sens des couleurs et à sa prédilection pour le cercle) et se lie à Miró, Magnelli et Arp. Au langage froid de la géométrie, Kandinsky va jusqu’à préférer les licences du Surréalisme. A l’époque de Rapprochement précisément, Kandinsky fait la connaissance de Breton. Celui qui écrira "L’œil de Kandinsky est celui de l’un des tout premiers, d’un des plus grands révolutionnaires de la vision" lui achète immédiatement deux aquarelles. Kandinsky n’en demeure pas moins attaché à la forme abstraite (à la différence des Surréalistes qui restent fidèles à la figure) et à l’écoute de sa vision intérieure (qui n’est pas celle de l’inconscient).
Exemplaire d’une liberté nouvelle - presque juvénile - Rapprochement associe donc signes abstraits que l’on imagine en pleine croissance ou en métamorphose et formes géométriques précédemment répertoriées. La ligne, "forme la plus concise de l’infini des possibilités de mouvement", le dispute au cercle, récurrent voire suprême dans l’œuvre de Kandinsky à partir des années 1930 : "Le cercle que j’utilise tellement ces derniers temps ne peut parfois être qualifié autrement que de cercle romantique. Or, le romantisme futur est effectivement profond, beau, il a du fond et comble de bonheur ; c’est un morceau de glace dans lequel brûle une flamme. Si les hommes ne sentent que la glace et non la flamme, tant pis pour eux". A cette association libre des formes qui exaltent dans leur variabilité leurs possibilités vivantes jusqu’au plus petit détail, Rapprochement ajoute la polyphonie des couleurs. Renonçant à l’ordonnancement théorique des couleurs primaires et secondaires, Kandinsky fait éclore, sur un fond de vapeur coloré un jeu de couleurs chantant d’infinies nuances où "chaque élément est aussi sensible qu’un petit nuage de fumée" (Kandinsky, Du Spirituel dans l’Art, extraits).
Catalogue note
Rapprochement is a work of 1931 whose title can be considered beyond content and the limits of composition.
Created between his last years in Bauhaus where Kandinsky taught in 1921 until the closing of the establishment in 1933 and his arrival in Paris, Rapprochement is a transitional work. It outlines the synthesis between the rigourous conceptions of Point and line to plane (1926) and the fundamentally lyrical vision of his first writings, On the Spiritual in Art (1910).
Certainly, at the time he painted Rapprochement, Kandinsky encouraged his students to undertake an intense analytical examination of the different elements of a painting. In the atmosphere of Dessau and then Berlin (where Bauhaus moved in 1932) where unadulterated Constructivism reigned, the examination relied upon the effect of forces exerting on straight lines which led to the opposite sonorities of curved and angular lines. The investigation was also based upon the concept of correspondences between forms and colours which finds its origin in mystical and symbolist theories very different from the constructivist axioms in vigour. It was these conscious and assumed antagonisms that fed Kandinsky’s “cold romanticism”.
With its light and luminous colours, Rapprochement significantly pulls away from what could be considered the cold aspect of Kandinsky’s romanticism. Coinciding with a serene period of his life (his biographer goes as far as to confide that he went to see comic films at the cinema, in particular those by Buster Keaton), this work anticipates the lighthearted and subtle aspect of his paintings from the Parisian period. Whereas Kandinsky could have been expected to adhere without compromise to the Abstraction-Creation group that had just gathered in Paris, the rationalism and Puritanism in force made him keep his distance. He frequented older, closer friends such as Klee and Delaunay, (whose new series of Rythmes sans fin corresponded to his sense of colour and preference for the circle) and befriended Miro, Magnelli and Arp. He even preferred the licentiousness of Surrealism to the cold language of geometry. Kandinsky met Breton at the precise time of Rapprochement. The latter wrote “Kandinsky’s eye is that of one of the very first and very greatest revolutionaries of vision” and immediately purchased two watercolours. Kandinsky was still very attached to abstract form (unlike the Surrealists who remained faithful to the figure) and to an attentiveness to his inner vision (which is not that of the unconscious).
The example of a new, almost juvenile freedom, Rapprochement thus associates abstract signs, which seem to be in full growth or metamorphosis, with previously identified geometric forms. The line “the most concise form of the infinite possibilities of movement”, vies with the circle which is recurring even supreme in Kandinsky’s work from the 1930s: “The circle that I have been using so much recently can only be qualified sometimes as no other than the romantic circle. Yet, future romanticism is effectively deep, beautiful, it has the top and bottom of happiness; it is a piece of ice in which a flame burns. If men only feel the ice and not the flame, then too bad for them”. To this free association of forms which exalt in their variability, their living possibilities up to the slightest detail, Rapprochement adds a polyphony of colour. Foregoing the theoretical ordering of primary and secondary colours, Kandinsky makes a burst of colour explode against a lightly toned background, singing with infinite nuances where “each element is as sensitive as a small cloud of smoke”. (Kandinsky, On the Spiritual in Art, extracts).