Tête, Lumbo, Gabon

Alberto Costa, Barcelone
Collection privée, Espagne, 1995

Very good condition overall. Wear consistent with age and use. A thin open crack running from the center top of the head to the nosei wich is visible in the catalogue illustration. Some insect holes at the base. The polychromy is very well preserved.
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Les têtes mbumba des Lumbo, portraits idéalisés de jeunes filles, composent un corpus particulièrement rare. Relevant de la puissante société initiatique du Bwiti, fondée sur le culte des ancêtres, les paniers-reliquaires qu'elles dominaient étaient disposés, lors des cérémonies, dans une sorte de tabernacle au fond du temple du Bwiti, l'ebanza. Cette œuvre constitue l'un des précieux témoins de cet ensemble sculptural et illustre les emprunts à la fois cultuels et stylistiques liés à l’histoire des anciennes migrations Lumbo.

A l’acuité du regard - aux yeux sertis de verre afin d’impressionner les initiés réunis pour la cérémonie du Bwiti - répond la bouche ouverte rappelant l’absorption par les hommes de l’écorce iboga. Portant la coiffure traditionnelle lumbu lua Kasa-Vubu, symbole de la vie et de la genèse Kongo, la jeune fille a le visage coloré de blanc, de rouge et de bleu : « Ces trois couleurs ont un sens très évident : tiré du kaolin, le blanc est associé au génie Bunzi et renvoie à un symbole de paix ; le rouge, provenant du tukula, représente le feu, le sang et la chair ; quant au bleu, issu du bleu de lessive Guimet, il évoque l’eau, la demeure des génies » (Grand-Dufay, « La statuaire lumbu, un art tout en finesse révélé au début du XX^e siècle » in Tribal Art, n° 77, automne 2015, p. 121). La polychromie traditionnelle et le très grand raffinement de la sculpture témoignent de son ancienneté. Elle a conservé, à l’extrémité de son tenon, sa charge bilongo fixée par une boule de résine d’okoumé, rappelant les pouvoirs qui lui étaient conférés.