Lot 6
  • 6

Tête, Maori, Nouvelle-Zélande

Estimate
35,000 - 50,000 EUR
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Description

  • wood
  • haut. 51 cm
  • 20 in

Provenance

Collection Alfonso Vallejo, Los Angeles (inv. n° #1306), acquis ca. 1968
Collection Leo et Lillian Fortess, Honolulu (inv. n° 657, 53G)
Collection Eric et Esther Fortess, Boston

Catalogue Note

Les chercheurs s’accordent à attribuer plusieurs usages aux têtes sculptées autonomes des Maori, rares aussi bien dans les collections privées que muséales. Substituts des têtes momifiées des ancêtres prestigieux mokomokai, elles étaient soit utilisées comme élément architectural (cf. Moko Mead, Te Maori Maori Art from New Zealand Collections, 1984, couverture, pour la tête ornant autrefois la porte d’accès  au village de Pukeroa pa, aujourd’hui conservée à l'Auckland Institute and Museum), soit afin d’orner la proue des grandes pirogues de guerre.

Les dimensions imposantes de cette œuvre et le tenon sculpté à l’arrière laissent supposer qu’elle était destinée à s’insérer dans une construction architecturale, dont elle ornait le fronton central : « cette figure ou ce masque était ainsi comme la tête de la maison, tandis que le fronton semblait en évoquer les bras et les doigts » (Kaeppler, Kaufmann et Newton, L’art Océanien, 1993, p. 546). Les liens fondamentaux unissant, chez les Maori, la naissance de la sculpture sur bois (whakairo) à celle de la "maison sculptée",  puisent dans les récits mythologiques. La maison des chefs, le grenier à nourriture et la grande maison de réunion sont ainsi indissociables de leur décor sculpté éminemment élaboré, symbolisant l'unité essentielle entre les hommes, les ancêtres et la terre.

Chacune de ces têtes s’identifie par son tatouage moko, « représentation visuelle du whakapapa (généalogie) d’un individu et de la place qu’il y occupe » (Smith, Maori. Leurs trésors ont une âme, 2012, p. 86). A travers ce répertoire de motifs se traduit également l’histoire personnelle de l’ancêtre représenté. Seuls les plus hauts dignitaires et les grands guerriers avaient le privilège de porter un moko facial complet, comme illustré ici. Profondément gravé, ce décor souligne la puissance et la dignité de l’ancêtre identifiable par toute la communauté, et dont la présence  est  renforcée par les incrustations d’haliotis figurant les yeux.

Scholars agree that Maori standalone sculpted heads are rare in private collections and museums. They served numerous purposes. As substitutes for prestigious ancestors' mummified mokomokai heads, they were either used as architectural elements,  (cf. Moko Mead, Te Maori Maori Art from New Zealand Collections, 1984, cover, for a head that formerly adorned the gateway to the village of Pukeroa pa, and which is now held at the Auckland Institute and Museum), or to adorn the prow of great war canoes.

The large scale of this head and the sculpted tenon at the back suggest that it was designed to fit into an architectural construction, the central pediment of which it adorned. "This figure or mask was therefore like the head of the house, while the pediment seemed to evoke the arms and the fingers" (Kaeppler, Kaufmann et Newton, L’art Océanien, 1993, p. 546). For the Maori, the fundamental ties between the advent of wood-carving (whakairo) and that of the "carved house" are drawn from mythological narratives. The house of the chiefs, the storehouse and the big meeting-house were thus indivisible from their eminently elaborate carved decoration, symbolizing the essential unity between men, the ancestors and the land.

Each of these heads is identified by its moko tattoo, a "visual representation of a person’s whakapapa (genealogy), and of their place within it" (Smith, Maori. Leurs trésors ont une âme, 2012, p. 86). This repertoire of motifs also reflects the personal history of the ancestor depicted. It was the sole prerogative of the highest dignitaries and great warriors to wear a full facial moko, such as the one presented here. Deeply carved, this decor underlines the power and dignity of the ancestor, identifiable by the whole community, and whose presence is heightened by the traditionally inlaid abalone figuring the eyes.