Sceptre, Luba, République Démocratique du Congo

Collection privée, Allemagne, acquis ca. 1950
Transmis par descendance 

« Les cannes cérémonielles sont conceptuellement aussi complexes que les sièges et font partie des regalia luba. […] La plus décorée des cannes s’appelle kibango, de forme allongée ponctuée par de larges sections sculptées, elle présente des figures féminines en pied et/ou des têtes sculptées en ronde bosse placées au sommet ou insérées dans la longueur de la hampe » (Nooter Roberts et Roberts, Luba, 2007, p. 39).

Dominant la composition, le personnage féminin relève de la statuaire miniature. Avec virtuosité, l’artiste a exalté les signes de beauté féminine prisés en pays Luba - plénitude des volumes, élaboration de la coiffure et scarifications - témoignant de son intégrité morale. Son allure longiligne l’apparente aux styles développés dans la région de l’entre Luvua-Lukuga (cf. Neyt, Luba, Aux sources du Zaïre, 1993, p. 132). Les motifs abstraits architecturant la hampe agissent comme aide mnémonique, garantissant les hiérarchies d’affiliations en souvenir de lieux, d’évènements et de personnes du passé : « La longue hampe représente la savane inhabitée tandis que les losanges et les sections triangulaires évoquent les centres administratifs sous autorité royale » (idem, p. 130). Au-delà d’affirmer le pouvoir de son propriétaire, cette œuvre s’impose comme manifeste de l'autorité sacrée des femmes en pays Luba, détentrices des secrets du pouvoir terrestre et spirituel.