Lot 54
  • 54

Statue Nkisi, Kongo, République Démocratique du Congo

Estimate
120,000 - 180,000 EUR
bidding is closed

Description

  • Kongo
  • Statue Nkisi
  • wood
  • haut. 57 cm
  • 22 1/2 in

Provenance

Acquis in situ par le Gouverneur Georges Thomann (1872-1943), entre 1910 et 1923
Transmis par descendance
Sotheby's, Paris, 5 décembre 2006, n° 105
Collection privée, France, acquis lors de cette vente

Condition

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Catalogue Note

Georges Thomann (1872-1943) compta parmi les personnalités les plus éclairées de la gouvernance française à l’époque coloniale. Ses écrits (articles, essais, carnets de route, lettres), tout autant que les œuvres qu’il acquit au cours de ses différentes affectations – en Côte d’Ivoire à partir de 1893 puis au Gabon et Congo – témoignent tant de ses observations attentives des peuples et de leurs cultures, que de l’admiration qu’il portait à leurs arts « remarquables » (lettre à son épouse Germaine, le 16 mai 1916). Les archives familiales établissent l’entrée avant 1923 de cette rare statue nkisi dans sa collection, soit à l’époque où il fut gouverneur du Moyen-Congo (de 1921 à 1923).

La statue Thomann se distingue par l’insigne rareté de sa pose et la fulgurance de son interprétation sculpturale. Dans la primauté du geste, elle illustre de manière aussi singulière que magistrale la dialectique des croyances et des savoirs qui structurent la pensée Kongo et caractérisent sa statuaire.

L'art des peuples Kongo exprime, à travers la gestuelle des personnages, le code moral, politique et religieux qui préside à leur civilisation. Si ce langage d’attitudes corporelles, notamment étudié par Raoul Lehuard (Art Bakongo, les centres de style, 1989, vol. 1, p. 108-158) puis par Robert Farris Thompson (in Falgayrettes-Leveau, Le Geste Kongo, 2002, p. 23-30), a permis d’interpréter l’essentiel du corpus Kongo, quelques rares œuvres majeures, comme ici, échappent au répertoire classique.

Le geste de la tête tournée (kebo kebo) est l’un des plus rares de la grande statuaire Kongo. Il est en particulier adopté par l’un des chefs-d’œuvre du musée Royal de l’Afrique Centrale : le nkisi agenouillé de l’ancienne collection Stéphen Chauvet (Tervuren, inv. n° RG 67.63.224 ; 33 cm). Si MacGaffey (in Trésors d’Afrique, Musée de Tervuren, 2005, p. 286) souligne son caractère énigmatique, Farris Thompson (idem, p. 46) l’interprète, associé aux yeux grands ouverts (meeso), comme le signe à la fois de l’attention et de la colère : « il détourne la tête pour éviter quelque chose. […] Mais rien n’exprime mieux que ses yeux sa nature agressive et judiciaire ». Les yeux sertis de verre (« miroirs de clairvoyance ») et la langue tirée réfèrent aux pouvoirs médiumniques, conférés par les charges magico-religieuses (aujourd’hui disparues) insérées dans la cavité abdominale et dans la tête.

La rareté de la gestuelle dictée par le devin (nganga) révèle ici le talent du sculpteur qui, puisant dans son imaginaire, s’est écarté des canons traditionnels pour traduire avec une justesse saisissante la tension extrême de la pose et de l’expression. Seuls éléments statiques, les pieds semblent assurer la stabilité du corps en mouvement, tous membres déliés : jambes écartées et fléchies, abdomen creusé, épaules rentrées, dos voûté, bras et mains repliés à angle droit, tête tournée vers la droite et visage aux traits asymétriques. Cet unicum de la grande statuaire Kongo, témoin éminemment élaboré de la pensée et de l’art Kongo, était à juste titre considéré par Georges Thomann comme le chef-d’œuvre de sa collection.

Nkisi Kongo figure, Democratic Republic of the Congo

Georges Thomann (1872-1943) was among the most enlightened figures in French colonial government. His writings (articles, essays, travel diaries, letters), as well as the works he acquired during his various assignments - in Côte d'Ivoire from 1893, and then in Gabon and the Congo - are testament to his careful observation of the people and their cultures, and to his admiration for their "remarkable" arts. (Letter to his wife Germaine, 16 May 1916). The family archives record the entry of this rare nkisi statue in his collection before 1923, when he was governor of the Middle Congo (1921 to 1923).



The Thomann figure stands out for the distinct rarity of its pose and the brilliance of its sculptural interpretation. The attention given to the movement of this figure, as unique as it is masterful, attests to the belief and knowledge that structures Kongo thought and shapes its sculpture.


Through the iconography of the sculptures Kongo statuary expresses the moral, political and religious codes that rule over their civilisation. This imagery was first studied by Raoul Lehuard (Art Bakongo, les centres de style, 1989, vol. 1, p. 108-158) and later by Robert Farris Thompson (Falgayrettes-Leveau, Le Geste Kongo, 2002, p. 23-30), who produced a study of most of the Kongo corpus.

The pose, with the head turned to the side (kebo kebo), is one of the rarest within the corpus of Kongo sculpture. It is closely related to a masterpiece in the Musée Royal de l’Afrique Centrale: the kneeling nkisi formerly in the collection of Stephen Chauvet   (Tervuren, inv. No. RG 67.63.224 ; 33 cm). While MacGaffey (in Trésors d’Afrique, Musée de Tervuren, 2005, p. 286) underlines the figure’s enigmatic character, Farris Thompson (ibid, p. 46) taking into account the wide open eyes (meeso) interprets it as a sign of both attention and anger: "It turns his head away to avoid something. [...] But nothing expresses its aggressive and judicial nature better than its eyes. " The eyes, inset with glass ("mirrors of clairvoyance") and the protruding tongue refer to the figure’s spiritualistic powers, given to it by the magico-religious material (which are no longer visible) inserted into the abdominal cavity and on top of the head.



The rare posture, dictated by the diviner (the nganga), exemplifies the ingenuity of the sculptor who has used his imagination and deviated from traditional forms to convey the extreme tension of the pose and expression. The only static elements, the feet, provide stability to a body in motion; legs apart and bent, hollowed abdomen, shoulders hunched, back arched, arms and hands bent at right angles, head turned to the right and a face with asymmetrical features. This exceptional example of Kongo sculpture is a great testament to Kongo art and thought, and was rightly considered by Georges Thomann to be the masterpiece of his collection.