- 22
Zao Wou-Ki
Description
- Zao Wou-Ki
- 12.10.70
- signé, signé en chinois; signé, titré et daté 12.10.70 au dos
- huile sur toile
- 130 x 162 cm ; 51 3/16 x 63 3/4 in.
- Exécuté en 1970.
Provenance
Jacques Lacan, Paris (acquis auprès de celle-ci en 1970)
Collection particulière, Paris
Exhibited
Literature
Jean Leymarie, Zao Wou-Ki, Paris, 1978, no. 157, pp. 208-209, illustré en couleurs
Jean Leymarie, Zao Wou-Ki, New York, 1979, no. 157, pp. 208-209, illustré en couleurs
Jean Leymarie, Zao Wou-Ki, Paris, 1986, no. 157, pp. 208-209, illustré en couleurs
Condition
"In response to your inquiry, we are pleased to provide you with a general report of the condition of the property described above. Since we are not professional conservators or restorers, we urge you to consult with a restorer or conservator of your choice who will be better able to provide a detailed, professional report. Prospective buyers should inspect each lot to satisfy themselves as to condition and must understand that any statement made by Sotheby's is merely a subjective, qualified opinion. Prospective buyers should also refer to any Important Notices regarding this sale, which are printed in the Sale Catalogue.
NOTWITHSTANDING THIS REPORT OR ANY DISCUSSIONS CONCERNING A LOT, ALL LOTS ARE OFFERED AND SOLD AS IS" IN ACCORDANCE WITH THE CONDITIONS OF BUSINESS PRINTED IN THE SALE CATALOGUE."
Catalogue Note
The English translation of this note follows the French
Notice de catalogue
Conservée dans la même collection depuis sa création, 12.10.1970 est une œuvre exceptionnelle. Exceptionnelle de par sa couleur éclatante et son admirable composition. Exceptionnelle de par son côté prophétique, annonçant le changement de style que Zao amorcera dans les années 1970. Exceptionnelle encore de par sa remarquable provenance, l’œuvre ayant appartenu à Jacques Lacan.
Jacques Lacan et Zao Wou-Ki étaient amis. Dès le début des années 1960, le fondateur de la psychiatrie moderne avait l'habitude de rendre régulièrement visite à l'artiste dans son atelier parisien de la rue Jonquoy. Selon les Archives Zao Wou-Ki, Lacan aurait été fasciné par 12.10.1970 dès qu’il le vit, réservant le tableau le soir même du vernissage de l'exposition qu’organisait la Galerie de France pendant l'automne1970 (illustration 1). Il faut dire que la lumineuse palette utilisée par Zao, presqu’iridescente, fait chavirer quiconque prend le temps de s’y plonger. La composition, subtile et pourtant si pénétrante, avec ce pourtour rocailleux comme une barrière de corail dans la pénombre, s’organisant autour d’un vide central, nous attire irrémédiablement vers l’œuvre dont il est presqu’impossible de se défaire.
Le Vide, un des thèmes centraux de la pensée lacanienne, est le véritable sujet de 12.10.1970. François Cheng, écrivain et calligraphe, lui-aussi ami de Zao Wou-Ki, partageait aussi des séances de travail avec Lacan sur ce sujet. Dans son ouvrage, Le Vide et le Plein, l’éminent sinologue définit l’objet de la peinture chinoise autour de cet aspect.
12.10.1970, plus que nulle autre œuvre présentée à la Galerie de France en 1970, symbolise les changements qui s’opère à cette époque dans la peinture de Zao. C’est à ce moment précis où, grâce à l’impulsion d’Henri Michaux, l’artiste retrouve le plaisir du travail à l’encre sur de grands formats. C’est ce travail à l’encre qui va lui permettre de faire évoluer ses toiles dans lesquelles l’huile est désormais plus diluée, comme dans la technique ancestrale du lavis. Sous cette forme, la couleur peut maintenant se déployer sur de plus grandes surfaces. Et devenir aussi douce que magique dans une œuvre aux accents de jade, la pierre gemme la plus vénérée en Chine, telle que 12.10.1970.
Catalogue note
12.10.1970 is an exceptional work, appearing on the market for the first time. It is exceptional for its colour and composition. It is exceptional because it announces the change of style in the 1970s, and finally because of it first owner, Jacques Lacan.
Jacques Lacan and Zao Wou-ki struck up a friendship at the beginning of the 1960s. At the time, the founder of modern psychiatry had the habit of regularly visiting the artist in his studio on the rue Jonquoy in Paris. The artist’s archives tell that Lacan immediately placed a purchase option on the work 12.10.1970 when he discovered the painting at the opening of the exhibition at the Galerie de France in the fall of 1970 (illustration 1). The work’s fascinating colour may have been one of the reasons but it was certainly the composition’s spiky edges, organized around a central void, that irremediably attracted him to the painting.
The Void, one of the central themes of Lacan’s philosophy, is the veritable subject of 12.10.1970. François Cheng, an eminent sinologist, writer, calligrapher and friend of Zoa Wou-Ki also shared work sessions with Lacan on this theme. In his book Le Vide et le Plein, Cheng defined the aim of Chinese painting around this aspect.
12.10.1970 more than any other work at the Galerie de France exhibition also announces the change in style of the 1970s. On the advice of Henri Michaux, Zao rediscovered the pleasure of working with ink and with large formats. This work with ink influenced his paintings, where the medium was more diluted, in a way similar to the ancestral technique of wash drawing. Coulour was applied in wide undulations and was thus spread across a larger surface. Finally, with 12.10.1970, Zao produced one of the most beautiful green palettes of his works, from variations of blue-green to aqua in passing by the magical colour of jade, the most venerated gem stone in China.
"L’objet que se donne la peinture chinoise est de créer un microcosme, 'plus vrai que la Nature elle-même' (Tsung Ping) : ceci ne s’obtient qu’en restituant les souffles vitaux qui animent l’Univers ; aussi le peintre cherche-t-il à capter les lignes internes des choses et à fixer les relations qu’elles entretiennent entre elles, d’où l’importance du trait. Mais ces lignes de force ne peuvent s’incarner que sur un fond qui est le Vide. Il faut donc réaliser le Vide sur la toile, entre les éléments et dans le trait même. "
“The objective that Chinese painting gives itself is to create a microcosm, that is “truer than Nature itself” (Tsung Ping): this can only be obtained by restoring the vital breath that animates the Universe; thus the painter seeks to capture the internal lines of things and to fix the relations they hold between them, hence the importance of line. But these force lines can only take shape against a void background. A void must then be made on the canvas, between the elements and in the line itself.”
- François Cheng