Lot 58
  • 58

Joachim Beuckelaer

Estimate
60,000 - 80,000 EUR
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Description

  • Joachim Beuckelaer
  • Saint Paul et Saint Barnabé à Lystre
  • Daté au centre à gauche sur la colonne 1565

  • Huile sur panneau 
    Inscrit en bas vers la gauche ACT. CAP. 14

Provenance

Vente anonyme, Londres, Sotheby’s, 12 décembre 1973, lot 135 ; 
Acquis à cette vente par le propriétaire actuel 

Condition

To the naked eye: The overall condition is very good. The painting is painted on a cradled oak panel. The painting is perfectly stable and we cannot notice any lifting. The varnish is quite dirty and needs to be lighten. Under UV light: The painting appears under a green uniform varnish. We can notice that the panel is made of two planks with an horizontal junction in the middle of the composition. We can notice several restorations along the junction and some very light repaints in the horse mouth and legs on the left. The bull body on the left has been slightly restored. In conclusion, the painting is in overall good condition, well preserved.
"In response to your inquiry, we are pleased to provide you with a general report of the condition of the property described above. Since we are not professional conservators or restorers, we urge you to consult with a restorer or conservator of your choice who will be better able to provide a detailed, professional report. Prospective buyers should inspect each lot to satisfy themselves as to condition and must understand that any statement made by Sotheby's is merely a subjective, qualified opinion. Prospective buyers should also refer to any Important Notices regarding this sale, which are printed in the Sale Catalogue.
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Catalogue Note

Saint Barnabé naquit à Chypre sous le nom de Joseph, les apôtres lui donnèrent plus tard ce surnom de Barnabas, signifiant « Fils de la Consolation ».
Il fut régulièrement associé à saint Paul car, il l’introduisit auprès des apôtres en garantissant personnellement la sincérité de sa foi chrétienne (Ac 9, 27). Plus tard, il l’accompagna lors de son premier voyage en mission.
La scène représentée ici par Joachim Beuckelaer intervint lors d’un passage à Lystre (Actes 14, 6, 19) où les deux saints, Paul et Barnabé, furent considérés comme des dieux après la survenance d’une guérison miraculeuse. Il était raconté que saint Paul, qui professait alors un discours de foi sur un infirme, sentit sa conversion œuvrer et s’écria alors d’une voix forte : « Lève-toi droit sur tes pieds ! ». Le malade s’étant soudainement dressé « en un bond », les habitants de Lystre confondirent subitement les saints en des divinités profanes et appelèrent Barnabas, « Zeus » et Paul, « Hermès ». La foule reconnaissante et attachée à ses habitudes païennes s’apprêtait donc à sacrifier des animaux en réponse au prodige, quand les deux saints les arrêtèrent brusquement.

Le peintre Joachim Beuckalear, fidèle à sa tradition flamande, représente en une concomitance de scènes, des moments différents du Texte. Si saint Paul apparait au premier plan encore inspiré par son discours chrétien, son malade attentif, et pourtant « infirme de naissance », semble déjà commencer à se dégager des bras charitables l’ayant redressé pour l’écoute. Aux premiers frémissements du paralysé fait écho cette foule animée, peinte par Joachim. Un intense tumulte des personnages, de belles torsions presque maniéristes des corps donnent un dynamisme extrêmement singulier à cette scène et annoncent la vigueur à venir du personnage central, noyau de cette composition. La présence de l’animal sacrificiel au second plan à gauche est quant à lui une annonce prolepse du sacrifice interrompu par nos apôtres, préférant la foi chrétienne aux rites barbares. De même, l’autel païen porté par les quatre personnages du fond se perd déjà dans la profondeur d’une perspective, reléguant au second plan cette religion des temps lointains.

La droite de la composition en revanche, plonge dans une perspective atmosphérique bleutée - mais nullement sacrée - la destinée tragique de nos guérisseurs. Dans des tons traités à la manière d’une grisaille, proches de ceux déjà employés par Beuckelaer pour signifier la terreur de la crucifixion (Evanouissement de la Vierge au pied de la croix, Paris, Musée du Louvre, INV 20709) le peintre exprime l’atrocité d’un drame à venir. 

Ainsi voulut Beuckelaer symboliser au travers ses multiples scènes la puissance de la foi chrétienne. La religion serait pour lui, capable d’annihiler les infirmités de naissance, et devant donc passer au premier plan d’une bouillante composition. A l’inverse, son absence conduirait à l’archaïsme des religions du passé, ou aux martyres brutaux d’insensibles bourreaux bannis dans un sfumato retranché.