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Important bureau à cylindre en placage de sycomore, plaques de tôle peinte et bronze doré d'époque Louis XVI, attribué à Claude-Charles Saunier
Description
- mahogany
- Haut. 114 cm, larg. 108 cm, prof. 57 cm
- Height 45 in; width 42 1/2 in; depth 22 1/2 in
Provenance
Condition
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Catalogue Note
Dans le boudoir du château de Ville-au-Maire sont succinctement décrits en 1945 : « n° 9 bis un meuble desserte, n° 10 un bureau cylindre ». Le prix d'estimation était de 500 000 francs, somme considérable si l'on se rapporte à la prisée d'une paire de fauteuils d'époque Louis XVI estimée 12 000 francs ou bien à un flambeau bouillotte estimé 1 000 francs.
Dans un second inventaire dressé du 23 au 26 octobre 1945 dans le même boudoir étaient décrits les deux meubles suivants : « Un meuble desserte en bois de placage décoré au vernis, décor de guirlandes et personnages sur fond bleu clair, bronzes ciselés et dorés, ouvrant à deux portes et à trois tiroirs, dessus de marbre blanc époque Louis XVI, un secrétaire à cylindre , décor semblable même époque estimé 500 000 francs ».
Charles de Rochechouart, Duc de Mortemart (1908-1961), hérita en partie du mobilier de sa grand-mère, née Marguerite de La Trémoille (1864- 1944) et de son grand-père le Duc d'Estrées (1863-1917), lui-même fils du Duc de La Rochefoucauld Doudeauville. C'est de ces deux origines familiales que des recherches nous donneront la clé de l'énigme.
La technique de la tôle peinte
La technique de la tôle peinte fut semble-t-il inventée en Italie peu après 1730. Le laque ou le vernis sont des matériaux fragiles susceptibles de se dilater et donc de craqueler. Poser une feuille de fer laminée d'environ 2 mm d'épaisseur couverte d'une légère feuille d'étain, puis enduite de deux à quatre couches de vernis poli soigneusement à l’huile de lin sur lequel est appliqué le décor, résolvait cette problématique. De nombreux objets usuels furent fabriqués tels que des seaux à verre, des flambeaux ou des vases.
Développé en Angleterre à la manufacture de Pontypool où il connut un très grand succès, ce procédé fut exporté dans toute l'Europe et particulièrement en France par des marchands comme Mme Blakey de 1766 à 1776 ou Granchez installé à Calais et à Paris. Afin de concurrencer les importations anglaises consécutivement au Traité de Paris en 1763, il fut décidé de créer une manufacture de tôle vernie.
Les manufactures royales de tôle peinte
La manufacture royale de la Petite Pologne fut fondée en 1768 par le peintre vernisseur Jean-Baptiste Clément associé à Jacques Moser, dans un quartier alors mal famé près de la barrière de Monceau dans l'actuel XVIIe arrondissement. Après une faillite rapide, son activité fut reprise par Framery puis Dulac en 1772. Une petite annonce fut alors publiée : « Le magasin de marchandises de tôle vernie de la Petite Pologne qui était ci devant chez le sieur Framery rue Saint Honoré est aujourd'hui chez le sieur Dulac même rue. Les personnes qui avaient commandé des ouvrages au sr Framery sont priées d'en adresser directement la note au sieur Clément, entrepreneur de la dite manufacture, où l'on fera des commodes, cabinets, chiffonnières et autres meubles dans le goût de la Chine et des panneaux pour appartements et équipage ». Une annonce du 2 août suivant confirmait Dulac comme dépositaire des objets fabriqués par Clément. Il semble cependant certain que le célèbre marchand Dominique Daguerre livra des tables dont le plateau était en tôle. Le 30 mars 1771, une seconde manufacture fut créée par la veuve de Nicolas-Michel Gosse et son gendre François Samouseau, tous deux maîtres peintre vernisseur ; chez cette dernière, en 1776, étaient inventoriées « deux armoires vernies et japonnées » estimées 150 livres, ainsi qu'une encoignure estimée 60 livres. Il semblerait qu’une troisième manufacture fut créée par le marchand-mercier Granchez, preuve que cette technique avait un réel débouché commercial.
Peu d’ébénistes au XVIIIe siècle réalisèrent des meubles en tôle peinte. On peut cependant citer le marchand-ébéniste Pierre Macret, fournisseur de la dauphine Marie Antoinette, dont on connaît une commode conservée à Versailles (donation Gould VMB. 148), une seconde commode (vente à Saint Germain-en-Laye, 30 juin 1985) et une encoignure (vente à Paris Drouot, 23 mars 1984, lot 101). Ces trois meubles portant la marque DFT et GRC, marques du Garde-meuble de Marie-Antoinette.
Des ébénistes comme Lutz, Carlin, Dester, Desforges et Cosson ornèrent certains de leurs meubles de plaques de tôle. Il est à remarquer qu'excepté Lutz dont nous ne connaissons pas grand-chose, tous les ébénistes précédemment cités travaillaient pour des marchands-merciers. C'est cependant à Saunier qu'il faut rendre la paternité de cet ensemble.
Les meubles en tôle de Claude-Charles Saunier
Plusieurs meubles estampillés par Saunier sont répertoriés, comme le bureau plat conservé au Detroit Institute of Arts (inv. 71.197), ainsi qu'une commode de l'ancienne collection des Ducs de Wellington (vente Sotheby's Londres, 11 juillet 1980, lot 186), mais on remarque surtout dans la production de Saunier plusieurs secrétaires à cylindre, dont :
- celui de la collection de Comte de Rosebery à Dalmeny, illustré chez Philip Sassoon, dans le catalogue de la vente du Marquis de Cholmondeley, Houghton Hall , Christie's Londres, le 8 décembre 1994, pp. 60-61, et auparavant dans Le meuble Louis XVI par F.J.B. Watson, fig. 67, p 112
- celui de la collection Vagliano, Christie's Londres, 14 juillet 1955, lot 110, et acheté par ce dernier à la vente Paul Eudel le 9 mai 1898, lot 288, puis collection de la Maharanée de Baroda, vente Sotheby's Londres , 24 novembre 1978, lot 184
- celui de la collection Luigi Laura, vente Sotheby's Paris, 27 juin 2001, lot 83, ancienne collection René Weiller et Samy Chalom, illustré dans Claude Fregnac, Les ébénistes du XVIIIe siècle français, Paris , 1963, p. 225
Ces meubles présentent tous une architecture identique, composée d’un médaillon central et de panneaux latéraux, ainsi que le même décor de cannelures simulées sur les pieds.