Lot 7
  • 7

Louis Carrogis dit Carmontelle

Estimate
220,000 - 320,000 EUR
bidding is closed

Description

  • Louis Carrogis dit Carmontelle
  • La Société du Palais-Royal vers 1773-1775
  • Sanguine, pierre noire, aquarelle, gouache avec rehauts de blanc
    Porte des numéros à l’encre brune : 1. 2. 3. 4. 5. 6. 
    Sous le passe-partout actuel, le dessin est présenté dans un passe-partout du XIXe siècle, réduit.
    Au dos du montage (réduit), sur un papier ancien est inscrit à la plume et encre brune (possiblement par Richard de Lédans) : Noms des personnes qui / composent ce tableau dans l’ordre / où elles y sont placées par Carmontelle / Madame la Comtesse de Polignac / Monsieur le Duc d’Orléans alors / Duc de Chartres / Madame la Marquise de Clermont [est à la table] / Madame la Comtesse de Blot [est à genoux] / Monseigneur le Duc d’Orléans grand Père / Madame la Marquise de Montesson [est debout derrière le fauteuil / Madame la Duchesse d’Orléans / alors Duchesse de Chartres / Madame la Comtesse de Genlis. 
    L'ancien montage est partiellement collé sur une page réduite de l’album de la famille des Orléans, aujourd’hui délié, et annotée à l’encre brune avec le nom des personnages.
  • 322 x 427 mm

Provenance

Collection de l’artiste avant 1807 ;
Très probablement acquis par Richard de Lédans lors de la vente après décès de Carmontelle, le 17 avril 1807 au 22 rue Vivienne, lot n°4 : « Deux Tableaux très-terminés ; à la gouache et de forme en travers. L’un représentant la famille d’Orléans. L’autre, six personnages vus par le dos et vêtus de rouge, dans un costume uniforme, considérant le point de vue d’un Jardin.» ;
Très probablement collection Pierre De la Mésangère après 1816 ;
Probablement obtenu de ce dernier par la famille d’Orléans ;
Dépôt de la famille d’Orléans au Musée du Louvre avant 1847 (voir lettre du directeur Alphonse de Cailloux, dit Cailleux, partie du lot n°155) ;
Restitué à la famille d’Orléans entre 1850 et 1852 (voir Compte de la liquidation de la liste civile et du domaine privé du roi Louis-Philippe, rendu par M. Vavin, liquidateur général, le 30 décembre 1851, Paris, Noblet, 1852).

Exhibited

Louis-Philippe, l’homme et le roi, 1773-1850, Paris, Archives Nationales, Hôtel de Rohan, octobre 1974 - février 1975, p. 29 n°16 repr.

Literature

G. Lagardère, G. Rousset-Charny, Les quatre saisons de Carmontelle, Musée de l’Île de France, Somogy, Paris, 2008, p. 185 repr.

Condition

Laid down on an old mount, which has in turn been window mounted to a modern mount. The sheet shows some signs of buckling in places, most notably to the lower right edge and upper right corner. There is a thin band of discolouration that runs across the lower edge and a small, old crease to the lower left corner. There is evidence of some very light surface dirt in places, though this detracts in no way from the overall appearance of the sheet. The medium itself remains incredibly fresh and vibrant throughout this powerful image. Sold in a modern giltwood frame.
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Catalogue Note

Seul dessin, avec celui représentant les gentilshommes du duc de Chartres, à avoir été mis à l’encan après le décès de Carmontelle, cet exceptionnel portrait de la haute Société du Palais-Royal surprend par son format comme par sa qualité. Le cadre verdoyant est aujourd’hui à peine identifiable et dévoile un Palais-Royal, résidence parisienne des Orléans, d’avant la saisie du Comité de salut public le 6 novembre 1793[1], d’avant l’incendie de 1798 qui détruisit ces édifices en bois du jardin[2], enfin d’avant la Terreur et la Révolution qui auront définitivement anéanti ce doux paysage.
Le cousin du Roi Louis XVI, Louis-Philippe-Joseph, debout au centre de la composition, est figuré aux côtés de son père, le duc d’Orléans et de son entourage direct qui formait cette société du Palais-Royal : «la plus brillante et la plus spirituelle de Paris» aux dires de Madame de Genlis[3]. Il semblerait redondant alors de rappeler cette inédite proximité dont jouissait Carmontelle avec cette prestigieuse aristocratie française. Par lui, avons-nous la chance infinie d’observer une ultime fois, tous les courtisans des Orléans bien injustement calomniés par les révolutionnaires. Dans une quinzaine d’années seulement, la Terreur mettra en effet fin à cette douce société. Mais le dessinateur aura, comme à son habitude, croqué préalablement cette bien éphémère assemblée dont on ignorait souvent le véritable quotidien. Loin des portraits officiels présentant les aristocrates dans des costumes pompeux et apprêtés, les protagonistes de notre dessin qu’il s’agisse des membres de la famille Orléans dans leur costume de livrée ou des dames de qualité dans des mises moins élaborées qu’à Versailles, semblent ici passer une après-midi paisible plongés dans leurs activités favorites. Le patriarche, le duc d’Orléans, assis au centre, se contente de lire tranquillement, on ne sait quel ouvrage, qui paraît passionner l’épouse de son fils, Marie-Adélaïde de Bourbon-Penthièvre. La maîtresse de ce même fils, également la gouvernante de ses enfants, Madame de Genlis, se glisse elle aussi dans ce dialogue, accoudée au dossier du fauteuil de « l’Officielle » épouse. Egalement happée par les récits du grand-père, Madame la Comtesse de Blot, qui passait pour un être extrêmement raffiné — voire un peu précieux — , s’agenouille à la droite du prince pour ne rien rater de la lecture. Le reste de la compagnie semble attiré par les démonstrations du jeune duc de Chartres, celui qui se baptisera «Philippe Egalité » sous la Révolution, ici en grande conversation avec l’épouse morganatique de son père, Madame de Montesson.
Dans ce rare dessin, bien plus abouti que ses habituels portraits individuels, Carmontelle voulut certainement illustrer un jardin luxuriant, et l’on connaissait son goût pour ces derniers, mais avant tout, dévoiler un fonctionnement. D’une conservation remarquable, et d’une fraîcheur incroyablement saisissante, c’est par cette aquarelle tout un pan des modes de vies de l’Ancien Régime qui s’écrit sous nos yeux.

[1] Jacques Bernot, La fortune disparue du roi Louis-Philippe, Paris, 2008, p. 58
[2] op. cit. p. 68
[3] Madame de Genlis, Mémoires, Le Temps retrouvé, Mercure de France, 2004, Paris, p. 194

Carmontelle ; The Société du Palais-Royal circa 1773-1775 ; Red and black chalk, watercolour, and gouache, heightened with white ; Bears numberings in pen and brown ink: 1. 2. 3. 4. 5. 6. ; Under the current mount, the drawing is laid down on a 19th century mount, partly cut. Pasted to the backing of the old mount (now trimmed), is an old piece of paper with an inscription, in pen and brown ink, with the names of the sitters (possibly written by Richard de Lédans). Partly attached to the remains of a page from the Orléans album, now dismantled, which bears a pen and brown ink inscription with the names of the sitters

This is the only drawing of the entourage of the duke d’Orléans to be publically auctioned since the death of Carmontelle. The drawing is unusual in terms of both its size and quality. The Palais Royal is visible as it was before the 1798 fire and the revolutionary seizures. At centre, surrounded by the aristocracy of the Palais-Royal, Louis Philippe d’Orléans stands next to his father the duc d’Orléans. Due to his closeness with members of high society, Carmontelle was able to document the daily life of the aristocracy. Thanks to him we are able observe the final florushing of the nobility under the Ancien Régime, before the changes to society wrought by the Revolution. In the present work, each person is quietly immersed in their favorite pastime.

The patriarch of the family, the duc d’Orléans, sits in the centre and reads to his son’s wife, Marie Adélaïde de Bourbon Penthièvre. His son’s mistress is also present, leaning on the back of the wife’s chair. The comtesse de Blot kneels next to the Duke and seems to be equally interested by the reading. The rest of the gathering seem more engaged by the actions of the duc de Chartres, shown here in conversation with his father’s second wife, Madame de Montesson. In this drawing Carmontelle not only represents a magnificent garden (and he was indeed deeply interested in landscaping) but also tells the story of the everyday life of the aristocracy of the Ancien Régime.